Votre navigateur internet n'est pas à jour.
Si vous souhaitez visionnez correctement le site d'Action contre la Faim, mettez à jour votre navigateur.
Trouvez la liste des dernières versions des navigateurs pris en charge ci-dessous.
Aucun résultat correspondant…
Aucun résultat ne semble correspondre à ce que vous recherchez, veuillez modifier votre recherche.
À la Une
Dans 4 communes de la Seine-Saint-Denis, le Conseil départemental et l’association Action contre la Faim expérimentent un projet de transfert monétaire pour lutter contre l’insécurité alimentaire tout en favorisant la consommation de produits bio et durables pour des publics en difficulté.
Aujourd’hui, on estime que plus de 8 millions de français.e.s souffrent de la faim. Peu d’études permettent de mesurer cette insécurité alimentaire de manière précise mais la crise sanitaire conjuguée à l’inflation récente laissent à penser que ce chiffre n’est que la partie immergée de l’iceberg (augmentation moyenne de 16,2% du coût des denrées alimentaires en février 2023 sur un an¹).
La Seine-Saint-Denis est le département le plus densément peuplé mais aussi le plus pauvre de France métropolitaine, par conséquent ces habitant.es sont fortement touchés par ces enjeux d’insécurité alimentaire. Par ailleurs, le département est marqué par de fortes disparités quant à l’accès à une offre alimentaire de qualité, certaines villes étant qualifiées de ‘déserts alimentaires’ où il est complexe pour les habitant.e.s de trouver une alimentation saine et de qualité près de chez soi.²
S’ajoute à cela des barrières sociales et culturelles : « beaucoup de personnes n’osent pas passer la porte des magasins durables, on entend souvent ‘c’est pas pour moi ces magasins’ », témoigne Mathilde Fassolette, chargée du projet Vital’im pour Action contre la Faim.
Pour permettre à des personnes vulnérables d’accéder à une alimentation saine et durable pour toutes et tous, le Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis et Action contre la Faim, ont imaginé le chèque alimentaire durable ‘Vital’im’, comme une expérimentation pour faciliter l’accès à l’alimentation durable sur le territoire. Cette expérimentation rentre dans le cadre du Plan Alimentaire Territorial du département et elle est soutenue financièrement par l’Etat.
« J’adore acheter des clémentines ici, regardez comme elles sont belles ! », s’exclame Stéphane dans les rayons du magasin La Vie Claire , remplissant avec hâte son panier de fruits garni de gingembre, d’agrumes et de bananes. Stéphane, étudiant de 20 ans en Sciences Economiques à la l’université de Paris Nord fait partie des 1 350 personnes accompagnées par le projet Vital’im.
A l’instar de Stéphane, de nombreux étudiant.e.s mais aussi des femmes enceintes, allaitantes ou avec enfants en bas âge, des séniors et des familles en situation de précarité ont été sélectionnées prioritairement pour bénéficier pendant 6 mois du projet Vital’im dans les villes du 93 : Montreuil, Clichy-sous-Bois, Sevran et Villetaneuse.
« Concrètement, ce transfert monétaire se matérialise sous forme de carte titre restaurant mise en place par le partenaire UP. La somme de 50 euros par mois et par personne est versée sur la carte. S’ajoute à cela un système de bonification de 50% du montant dépensé qui pourra être reversé à l’usager pour l’achat de produits durables. Cela permet d’encourager les usager.e.s à faire leurs courses dans des magasins bio partenaires », explique Mathilde Fassolette.
Elle ajoute : « On estime que tout le monde devrait avoir un accès à une alimentation de qualité. Malheureusement, à l’heure actuelle, cette alimentation a un coût. Quand on parle d’alimentation durable, on parle aussi d’une alimentation qui est à la fois bonne pour soi, donc pour sa santé, bonne pour l’environnement, donc majoritairement des produits issus de l’agriculture biologique et aussi qui est bonne pour la société avec une juste rémunération des producteurs. Le fait d’avoir ce système de bonification avec la carte Vital’im permet d’accéder à cette alimentation de qualité. »
Originaire de la Côte d’ivoire, Stéphane est arrivé en France il y a un an pour effectuer ses études à Villetaneuse. « Mes sources de revenus viennent de ma sœur qui m’aide chaque mois et je bénéficie d’un peu d’aide de la CAF pour payer mon logement. », raconte Stéphane. Depuis qu’il bénéficie de ce projet, Stéphane ose pousser la porte des magasins bio plusieurs fois par mois. « Porter une attention à ce qu’on consomme c’est essentiel pour être en bonne santé. Il est important pour moi de manger bio et sainement. C’est vraiment devenu une habitude maintenant dans mon quotidien d’aller faire mes courses dans les magasins bio comme Naturalia ou la Vie Claire ».
Ce matin-là, de l’autre côté du 93, Maimouna, mariée et mère de trois enfants, habitante de Sevran se rend au magasin bio le plus proche de chez elle à Aulnay-sous-bois faire quelques courses avant d’amener son fils jouer au foot. « Mon mari est agent de sécurité et moi je suis intérimaire à la cantine à l’école. A nous deux, on gagne 1 600 euros par mois. Le loyer, la crèche, la cantine pour les enfants, avec 3 enfants, ce n’est passez pour subvenir aux besoins de ma famille. On n’achète pas de produits bio, car c’est trop cher. C’est deux fois le prix de ce que je peux acheter au supermarché » dit-elle.
« Grâce à la carte Vital’im, j’achète des fruits et légumes pour les enfants dans les magasins bio. On voit la différence en termes de goût et de qualité notamment pour les produits frais ».
« Le deuxième pilier du projet est un accompagnement en santé nutrition pour accompagner les personnes vers un changement de pratiques alimentaires. On leur propose un ensemble d’ateliers comme des cours de cuisine, de jardinage, des initiatives d’agriculture urbaine afin de les sensibiliser davantage autour de ces enjeux », souligne Mathilde Fassolette.
En tant que bénévole, Stéphane se rend régulièrement à l’association Crisalim, qui répond aux enjeux de la précarité étudiante en offrant des repas à destination des étudiant.e.s de l’université. Avec d’autres bénévoles étudiant.e.s, il participe à la mise en place du repas. Au menu du jour, plat végétarien à base de patates douces, lentilles et carottes.
« Nous participons au dispositif Vital’im à travers l’initiative « La Nappe » qui est un programme de restauration éphémère et solidaire dans plusieurs lieux du 93 et notamment l’université Paris 8. L’idée c’est de proposer un moment convivial autour d’un repas en invitant des étudiant.e.s à cuisiner et à échanger entre eux, que des liens puissent se créer. », précise Marie Cavaniol, coordinatrice de l’association Crisalim.
Pour Stéphane ces ateliers vont « au-delà de la cuisine et de la consommation bio, il y a un vrai rapprochement avec les étudiants qui s’interrogent sur ces questions d’alimentation durable, c’était un moment de partage, de joie et on s’est régalés ! »
A ce jour, le projet a accompagné des ménages des villes de Montreuil, Sevran, Villetaneuse et commencera le déploiement du dispositif à Clichy-sous-Bois fin avril 2025, et les premiers retours des usager.e.s sont encourageants.
« J’arrive à faire plaisir à mes enfants en leur achetant ce qu’ils veulent. Depuis qu’on a la carte Vital’im, on est à l’aise ça a changé beaucoup de choses pour ma famille. Ça nous a vraiment donné un coup de pouce pour nos dépenses. Au-delà des dépenses liées à l’alimentation, ça m’a permis aussi de faire des économies et de me faire plaisir en faisant du shopping pour moi-même. Avant je n’y arrivais pas. Sincèrement, ces 6 mois avec Vital’im m’ont vraiment soulagé », commente Maimouna.
L’expérimentation Vital’im prendra fin début 2026 avec pour ambition d’influencer les politiques publiques en faveur du droit à l’alimentation pour tous et toutes et d’inspirer sur les territoires comme le département de Seine-Saint-Denis d’autres initiatives complémentaires pour pousser plus loin cette expérimentation sur les enjeux de l’alimentation durable.
« Cette expérimentation dépasse le simple fait de bien manger, elle vient mettre le doigt sur des problématiques d’accès mais aussi sur des impacts liés à la santé mentale des personnes. Le projet Vital’im démontre qu’avec une incitation financière, les personnes ne sont pas frileuses d’aller en magasin bio, bien au contraire. La demande est là, c’est une question de ressources, d’offres et de volonté politique », argumente Mathilde Fassolette.
« Face aux crises sanitaire, écologique et sociale, en Seine-Saint-Denis, nous sommes convaincus que l’alimentation saine, durable et de qualité est un droit et que nous devons garantir son accès universel. Avec Magalie Thibault, Vice-présidente chargée des solidarités et de la santé, et Tessa Chaumillon, Conseillère départementale déléguée au plan alimentaire territorial, nous sommes fiers des résultats prometteurs de l’expérimentation Vital’im que nous menons aux côtés d’Action contre la Faim et avec le soutien de l’État. », s’exprime Stéphane Troussel, Président du Département de la Seine-Saint-Denis.
¹ Statistique Insee 2023
² Diagnostic alimentaire Seine-Saint-Denis
France
Tout ce qui fait l'actualité de notre Action : articles, événements, témoignages, communiqués de presse…