Faire un don

Votre navigateur internet n'est pas à jour.

Si vous souhaitez visionnez correctement le site d'Action contre la Faim, mettez à jour votre navigateur.
Trouvez la liste des dernières versions des navigateurs pris en charge ci-dessous.

KEN_2024_WASH_Returning Home with WASH Supplies_Abel Gichuru 029-min (1) © Abel Gichuru pour Action contre la Faim

À la Une

Humanitaire

USAID : le démantèlement de l’agence américaine compromet les efforts de solidarité internationale

Six mois après les décrets du gouvernement de Donald Trump suspendant temporairement tous les programmes d’aide internationale des États-Unis dans l’attente d’examens visant à déterminer s’ils sont alignés sur ses objectifs politiques, l’Agence américaine pour le développement international (USAID) est amoindrie et l’impact sur les populations bénéficiaires de l’aide ne cesse de s’aggraver alors que de nombreux programmes ont été sommés d’arrêter. 

 

Qu’est-ce que l’USAID ? 

 

L‘Agence américaine pour le développement international (USAID) est une organisation gouvernementale chargée de diriger l’aide humanitaire et la coopération internationale dans le monde. Fondée en 1961, elle a pour principal objectif de promouvoir le développement économique, la stabilité politique et l’aide humanitaire dans les pays en développement. 

Par le biais de programmes et de projets, l’USAID promeut une croissance économique durable, améliore les systèmes de santé et d’éducation et répond aux crises humanitaires. Son action s’étend à des domaines tels que le changement climatique, la sécurité alimentaire et les secours en cas de catastrophe. 

 

Comment fonctionne l’USAID

 

L’USAID fonctionne grâce au financement du gouvernement américain, principalement par le biais du budget alloué par le Congrès. L’agence travaille avec les gouvernements locaux, les ONG, les organisations internationales et le secteur privé pour mettre en œuvre ses programmes et garantir une utilisation efficace des ressources. 

Les fonds sont distribués sous forme de subventions, de contrats et d’assistance technique, ce qui permet de s’assurer qu’ils atteignent les projets et les communautés qui en ont le plus besoin. En outre, l’USAID collabore avec d’autres agences gouvernementales et organisations multilatérales afin de maximiser l’impact de son aide dans des domaines tels que la sécurité alimentaire, la gouvernance démocratique et le développement économique. 

 

Principaux projets de l’USAID 

 

Les projets de l’USAID couvrent un large éventail de secteurs et de régions. Parmi les plus importants, citons :

  • Nourrir l’avenir : initiative axée sur la sécurité alimentaire et l’autonomisation des agriculteurs afin de réduire la pauvreté et la faim dans le monde. 
  • Programmes de santé mondiaux : Programmes visant à améliorer la santé maternelle et infantile, à lutter contre les maladies infectieuses et à renforcer les systèmes de santé dans les pays en développement. 
  • Power Africa : projet visant à améliorer l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne grâce à des investissements dans les énergies renouvelables. 
  • Démocratie, droits de l’homme et gouvernance (DRG) : Initiative axée sur le renforcement des institutions démocratiques, la promotion du respect des droits de l’homme et l’encouragement de la participation des citoyens. 
  • Équipes d’intervention en cas de catastrophe (DART) : Équipes d’intervention rapide qui fournissent une assistance lors de crises humanitaires et de catastrophes naturelles dans diverses parties du monde. 
KEN_2024_WASH_Returning Home with WASH Supplies_Abel Gichuru 029-min (1) © Abel Gichuru pour Action contre la Faim
KEN_2024_WASH_Returning Home with WASH Supplies_Abel Gichuru 378-min © Abel Gichuru pour Action contre la Faim
KEN_2024_WASH_Returning Home with WASH Supplies_Abel Gichuru 005-min © Abel Gichuru pour Action contre la Faim
KEN_2024_WASH_Returning Home with WASH Supplies_Abel Gichuru 204-min (1) © Abel Gichuru pour Action contre la Faim
1/4

 

Comment la suspension de l’USAID affecte Action contre la Faim 

 

Le 7 février, l’administration Trump mettait tout le personnel de l’USAID en congé administratif, montrant un arrêt sans précédent de l’aide internationale gérée par l’agence et un transfert potentiel de celle-ci au sein du département d’État.  

Le 26 février, l’administration Trump annonce supprimer plus de 90% des financements à l’étranger d’USAID (chiffre revu à la baisse, à 83% le 13 mars). Près de 5800 financements accordés dans le monde par l’agence d’aide américaine ont été abrogés. Seuls un peu moins de 900 ont été conservés.     

Les États-Unis étaient de loin le plus grand contributeur à l’aide humanitaire mondiale, fournissant une somme estimée à plus de 64 milliards de dollars en 2024, soit 42% de l’ensemble de l’aide humanitaire dans le monde. Dans des crises comme celle de la RDC, le financement américain représentait 70 % de la réponse humanitaire totale.  

 

Impact sur nos projets

 

Après 6 mois de suspension, le statut d’une partie de nos projets reste encore flou. Certains ont été définitivement annulés alors que pour d’autres nous avons reçu des autorisations de reprendre mais sans avoir reçu le moindre versement des sommes dues pendant la suspension. Concernant Action contre la Faim France uniquement, sur les 20 contrats sous financement US en cours, nous avons reçu 11 autorisations de reprise. Sur ces 11 autorisations, nous avons reçu seulement des versements de fonds partiels pour un certain nombre de projets pour l’année 2024. Sans versement de la totalité des montants dus, Action contre la Faim n’est pas en capacité de reprendre pleinement ses activités auprès des populations vulnérables.  

Pour le moment nous sommes en capacité de reprendre nos activités de manière limitée uniquement au Burkina Faso et en RDC.  

Même dans les pays dans lesquels nous allons pouvoir reprendre nos activités, l’impact de la suspension de l’aide US va continuer de se faire sentir. Certaines ONGs ou certaines agences UN ont eu des contrats terminés et la couverture des besoins diminue alors que les besoins sont stables ou, comme en RDC, ont augmenté avec l’aggravation de la crise depuis le début de l’année.  

La suspension temporaire des projets, même ceux pour lesquels nous avons reçu des autorisations de reprendre, a eu un impact immédiat pour les populations.   

  • A Madagascar, où nous menions une réponse multisectorielle d’urgence à la crise de la sécheresse sévère dans le sud et le sud-est depuis août 2022 et qui devait se terminer en mai 2025, en absence des versements des fonds, nous avons dû fermer plusieurs bases dans le sud du pays et nous séparer de 200 collaborateurs.  

Parmi les projets annulés contrairement à ce qu’annonçait le bailleur US, se trouvent des programmes de lifesaving, c’est-à-dire des programmes ayant un impact direct et immédiat sur la survie des populations, ont été arrêtés :  

  • Au Mozambique, dans la province du Cabo Delgado, meurtrie par huit années de conflit armé et de déplacements massifs, plus de 17 000 personnes sont désormais privées d’aide alimentaire, de kits non alimentaires, de semences, ainsi que de la réhabilitation de points d’eau et de latrines — notamment dans le district de Macomia, l’un des plus touchés par l’insécurité alimentaire liée au conflit. À cela s’ajoutent les communautés affectées par les cyclones, qui ne recevront plus le soutien urgent dont elles bénéficiaient, notamment à travers des distributions de biens de première nécessité.  Cette interruption brutale entraine la rupture de contrat de plus de 30 membres du personnel, réduisant considérablement notre capacité d’intervention, y compris dans des zones où nous étions le seul acteur humanitaire présent à intervenir sur les moyens de subsistances d’urgence (Macomia). L’arrêt brutal des activités et l’absence d’un plan de transition progressif ou remise d’actifs laisse les communautés sans alternatives, les exposant à des risques accrus d’épidémies, malnutrition et en compromettant les acquis en matière de résilience et de cohésion communautaire dans une région déjà fragilisée.  
  • En Jordanie, où 695 familles soit 3475 personnes, réfugiés syriens ou familles jordaniennes vulnérables issues des communauté hôte, ne recevront pas l’aide monétaire prévue. Cette aide, dans le cadre d’un projet de protection sociale, devaient permettre à ces ménages de faire face à leurs dépenses de base et de rompre avec les mécanismes de survie négatifs comme l’endettement, le non-recours aux services médicaux ou la privation de nourriture.

 

Le manque de fonds menace d’aggraver la crise humanitaire dans ces régions et dans de nombreuses autres. 

Dans cette situation, la collaboration de personnes bienveillantes est cruciale pour poursuivre ces projets vitaux. Sans le soutien de l’USAID, le seul moyen de continuer à fournir une assistance à ceux qui en ont le plus besoin est de faire appel aux dons et aux actions de solidarité de la communauté internationale. 

Restez informés de nos dernières nouvelles