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AU COURS DES DERNIERES ANNEES, NOUS AVONS BATTU DES RECORDS DE TEMPERATURE ET LE MONDE A EXPERIMENTE DES DEREGLEMENTS CLIMATIQUES ET DES CATASTROPHES NATURELLES SANS PRECEDENTS. CES PHENOMENES ALIMENTENT UNE CRISE MONDIALE DE LA FAIM ET DE LA NUTRITION QUI EXACERBE LES INEGALITES EXISTANTES ET GENERE DES REPERCUSSIONS PARTICULIEREMENT GRAVES POUR LES FEMMES, LES FILLES ET LES COMMUNAUTES MARGINALISEES.
La nécessité d’agir face au dérèglement climatique n’a jamais été aussi évidente. En 2023, la crise climatique a été l’une des principales causes de la forte augmentation de la faim dans le monde. Les chocs climatiques détruisent des vies, des récoltes, des moyens de subsistance, et sapent la capacité des populations à se nourrir elles-mêmes. Près des trois quarts des pays ayant les niveaux les plus élevés de sous-nutrition se trouvent également dans la liste des 25 pays les plus vulnérables face au dérèglement climatique.
Les dirigeants du monde entier se rendront à Bakou (Azerbaïdjan) pour la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP29) du 11 au 22 novembre. En tant qu’organisation humanitaire et de développement s’attaquant à la fois aux causes et aux effets de la faim et de la sous-nutrition, nous demandons aux dirigeants politiques et économiques présent.e.s à la COP29 de prendre des mesures politiques et financières à la hauteur de l’urgence climatique, d’assurer une transformation durable des systèmes alimentaires et de favoriser la résilience des populations les plus vulnérables.
La crise climatique prend de nombreuses formes : l’évolution des températures, l’augmentation de la fréquence et l’aggravation des sécheresses et des inondations, ainsi que la dégradation rapide de la qualité des sols… Ces perturbations ont toutes un impact sur la capacité des populations à accéder à une alimentation saine et suffisante. Les cultures sont directement affectées, ce qui augmente l’incidence des maladies agricoles. La qualité nutritionnelle des récoltes est altérée, la quantité de protéines ou de minéraux essentiels comme le zinc et le fer dans le blé et les légumineuses diminuent. Tout cela a un effet négatif sur la sécurité nutritionnelle et ainsi sur le développement et la santé à long terme de l’enfant. Par exemple, des températures plus élevées sont associées à une diminution de la diversité alimentaire chez les enfants et en conséquence à une augmentation des taux de malnutrition.
Sans une action immédiate et effective, la situation va s’aggraver, mettant jusqu’à 183 millions de personnes supplémentaires en danger de famine d’ici 2050.
La crise climatique n’est pas neutre du point de vue du genre. Elle frappe plus durement les femmes, les filles et les populations marginalisées, aggravant les inégalités existantes et menaçant leur santé, leur sécurité et leurs moyens de subsistance.
Les femmes, souvent responsables de l’approvisionnement en nourriture, en eau et en combustible pour leur famille, ont moins accès aux ressources naturelles nécessaires pour s’adapter aux impacts climatiques. Dans le secteur agricole, où beaucoup d’entre elles travaillent, leurs emplois sont particulièrement menacés. De plus, le dérèglement climatique exacerbe les conflits, exposant davantage les femmes aux violences basées sur le genre telles que les violences sexuelles, la traite et le mariage forcé. La lutte contre la crise climatique, la faim et la malnutrition doit donc intégrer la participation des femmes et des groupes marginalisés dans les processus de prise de décision.
Action contre la Faim demande aux États de renforcer la résilience des communautés aux chocs climatiques et de soutenir l’action climatique également dans les contextes fragiles et de conflits pour lutter contre la crise alimentaire et nutritionnelle :
1. Payer la dette climatique
La crise climatique et ses impacts affectent de manière disproportionnée les communautés qui ont le moins contribué aux émissions de gaz à effet de serre. De plus, le financement climatique a toujours été largement insuffisant. Dans une perspective de justice climatique, les pays du Nord doivent s’acquitter de leur dette climatique et mettre à disposition des financements nécessaires réalistes face aux besoins. Il est essentiel qu’ils se fixent un objectif ambitieux de financement public d’au moins 1 000 milliards de dollars par an, sous forme de dons en priorité.
2. Rendre le financement climatique accessible au niveau local
Afin de mettre en œuvre des actions climatiques fortes au niveau local et transformatrices en faveur de l’égalité de genre, la COP29 doit servir de plateforme pour éliminer les barrières à l’accès au financement climatique pour les personnes les plus impactées. Les communautés et les organisations de la société civile locales, en incluant les mouvements féministes de base et les organisations communautaires, sont les mieux placées pour définir comment renforcer leur propre résilience.
3. Favoriser l’adaptation au niveau local
Un financement massif pour l’adaptation à la crise climatique est nécessaire, sous forme de dons plutôt que de prêts, pour soutenir des actions préventives ou anticipatoires ciblant la sécurité alimentaire et la nutrition, l’eau, l’hygiène et l’assainissement, ainsi que l’accès à des soins de santé de qualité, notamment des services de nutrition.
4. Éviter les “fausses” solutions
Toute « solution » ayant des impacts négatifs sur les écosystèmes, la santé, les droits humains, ou accentuant les inégalités, même si elle émet moins de gaz à effet de serre que les énergies fossiles, est inacceptable. Certaines solutions technologiques promues par l’agro-industrie ne feront qu’exacerber la dépendance aux intrants externes, ce qui entraînera une augmentation de la pauvreté chez les petit.e.s exploitant.e.s agricoles. Action contre la Faim défend une transformation des systèmes alimentaires juste, solidaire et durable à travers l’agroécologie paysanne.
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