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acfus_Pauline_kenya_00139_2-1.jpg © Guy Calaf pour Action contre la Faim

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Kenya

Les taux de malnutrition aiguë explosent au Kenya

acfus_Pauline_kenya_00139_2-1.jpg © Guy Calaf pour Action contre la Faim

Près de 73 000 enfants au Kenya souffrent de malnutrition aiguë du fait de la sécheresse et sont en danger de mort si aucune aide d’urgence n’est déployée immédiatement.

 

Cette alerte fait suite à la publication des résultats d’évaluations nutritionnelles réalisées conjointement par les Départements de la Santé des Comtés et l’UNICEF, et neuf organisations humanitaires travaillant sur le terrain – parmi lesquelles Save the Children et Action contre la Faim.

L’enquête montre que dans le seul comté du Turkana, les taux de malnutrition aiguë sévère – la forme la plus dangereuse et la plus extrême de la faim – ont pratiquement quadruplé en l’espace d’un an, passant de 2,3 pour cent à 8,3 pour cent. Au Turkana South, 12 pour cent des enfants de moins de cinq ans souffrent aujourd’hui de malnutrition aiguë sévère, un chiffre sans précédent.

Les évaluations mettent également en évidence des taux alarmants de malnutrition aiguë sévère dans les comtés du East Pokot (5,8 pour cent), Mandera (5,2 pour cent), Samburu (3,8 pour cent) et West Pokot (3,2 pour cent). Ces comtés ont également enregistré une dégradation extrême de la sécurité nutritionnelle et alimentaire.

Après les élections générales qui se sont tenues il y a deux semaines, les organisations humanitaires lancent un appel urgent aux autorités nationales et locales – chargées de gérer la réponse à la sècheresse, en coordination avec les organisations humanitaires – afin qu’elles affectent en priorité des fonds importants à la réponse à la sècheresse. Cela implique des programmes alimentaires pour les populations les plus vulnérables afin d’éviter des morts inutiles.

"A cause de la sècheresse, des dizaines de milliers d'enfants et de familles - notamment les enfants les plus vulnérables de moins de cinq ans, les femmes enceintes et allaitantes - sont en danger de mort"
Francis Woods
Directeur par intérim de Save the Children, au Kenya

« La situation nutritionnelle globale reste extrêmement préoccupante, et une forte dégradation a été observée dans certains comtés. La situation devrait s’aggraver alors que nous entrons dans la période de soudure et la petite saison des pluies », a expliqué le Directeur d’Action contre la Faim au Kenya et en Somalie, Patrick Mweki. « Les récentes élections générales doivent être l’occasion de mettre un terme à la tragédie de la faim qui frappe de nombreuses régions du pays. Nous appelons le gouvernement kényan et les gouvernements des comtés nouvellement élus à agir dès maintenant afin d’empêcher des enfants de mourir. »

L’enquête révèle également que près de 40 000 femmes enceintes et allaitantes souffrent de malnutrition au Kenya – soit une augmentation de 20 pour cent par rapport à l’an dernier. Leur vie et celle de leurs enfants sont en jeu.

« Dans les zones les plus durement touchées, les familles sont au bord du gouffre à cause de la perte de leur bétail, qui constitue leur moyen d’existence et dont elles dépendent pour se nourrir (lait). Nombre de ces familles ne mangent qu’un repas par jour, et encore lorsqu’elles arrivent à trouver de quoi manger. De nombreuses mères ne peuvent plus allaiter leurs bébés car elles sont trop affamées pour produire suffisamment de lait, » a ajouté M. Woods.

Malgré une aide financière du gouvernement, les apports journaliers recommandés de nombreux ménages dans le nord du pays ne sont pas satisfaits. Une récente évaluation « coût de l’alimentation » (cost of diet) dans le comté du Turkana réalisée par Save the Children / UNICEF montre que même les ménages considérés comme aisés ne peuvent plus se permettre trois repas par jour.

« La communauté internationale doit aider financièrement le gouvernement kényan et les organisations humanitaires qui travaillent sur le terrain afin de mettre un terme à cette situation dramatique – faute de quoi la situation déjà extrêmement dangereuse dans laquelle se trouvent plusieurs milliers d’enfants et de mères au Kenya ira en s’aggravant, » a déclaré le Directeur de World Vision au Kenya, François Batalingaya.

Il faut absolument éviter que ne se reproduise la tragédie de la Somalie voisine. En effet, lorsque des taux élevés de malnutrition se combinent à des épidémies liées au manque d’eau salubre, le risque est qu’un grand nombre de jeunes enfants ne meurent de faim et de complications telles que la diarrhée.


Notes aux éditeurs :

Les évaluations de l’enquête ont été réalisées dans huit comtés par les organisations humanitaires suivantes : Action contre la Faim, Concern Worldwide, Food for the Hungry, International Medical Corps, International Rescue Committee, Kenya Red Cross, Save the Children, Terre des hommes, et World Vision.

L’enquête, basée sur la méthodologie d’évaluation nutritionnelle SMART, fait état de situations nutritionnelles extrêmement critiques (Malnutrition aiguë globale supérieure à 30 pour cent) au Turkana Central, Turkana South et North Horr dans le comté de Marsabit. Les taux de malnutrition aiguë enregistrés au Turkana sont très alarmants et comparables aux taux enregistrés lors de la crise de la Corne de l’Afrique en 2011, le taux le plus élevé de malnutrition aiguë globale étant enregistré au Turkana South.

Les comtés de Marsabit, Wajir et Garissa ont enregistré des niveaux de malnutrition aiguë sévère (MAS) s’élevant respectivement à 2,9 pour cent, 2,5 pour cent et 1,5 pour cent. Les sous-comtés de Laisamis et North Horr du Marsabit ont enregistré respectivement des taux de MAS de 5,3 pour cent et 5 pour cent.

A l’heure actuelle, 420 674 enfants âgés de 6 à 59 mois et 39 068 femmes enceintes et allaitantes au Kenya ont besoin de toute urgence d’un traitement contre la malnutrition aiguë. Plus de 3,4 millions ont besoin d’une aide d’urgence, contre 2,7 millions en janvier 2017.

Les principaux facteurs de la montée de la malnutrition due à la sècheresse sont la pénurie de denrées alimentaires des ménages (dont le lait), les faibles réserves alimentaires et l’augmentation des prix des denrées alimentaires.

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