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1700-sierraleone-100-shauensteinswan_dsf0769-min © Samuel Hauenstein Swan pour Action contre la Faim - Sierra Leone

À la Une

Sierra Leone

Quand la faim pèse sur la santé mentale de la population

Action contre la Faim intervient sur les causes structurelles de la faim et privilégie la prise en charge de la santé mentale notamment chez les adolescent.e.s.

Plus de 6 millions de personnes, soit 81 %¹ de la population, n’ont pas accès à des aliments nutritifs et abordables. La production alimentaire locale a considérablement diminué en raison des prix élevés des intrants et des conditions météorologiques extrêmes, ce qui a entraîné une augmentation de 57 %² du coût des denrées alimentaires au cours de l’année écoulée.

 

 

Cette situation d’urgence a des répercussions sur la santé mentale. Une évaluation menée en mai 2022 par Action contre la Faim a révélé que le manque de ressources pour subvenir aux besoins de base, notamment la nourriture, était la principale cause de la détresse des personnes interrogées en matière de santé mentale, suivie par la violence basée sur le genre et les comportements négligents à l’égard des enfants. Les participants ont indiqué que le fait de ne pas avoir assez à manger provoquait des malaises et des changements d’humeur réguliers, tels que la tristesse et la colère.

1700-sierraleone-201-shauensteinswan_78b5410-min © Samuel Hauenstein Swan pour Action contre la Faim - Sierra Leone

Les adolescents particulièrement vulnérables

 

Les problèmes de santé mentale et psychosociaux sont particulièrement aigus chez les adolescents et les jeunes, qui doivent faire face à l’adversité générant du stress, de l’anxiété et de la dépression. Soixante-dix³ pour cent des jeunes en Sierra Leone sont sous-employés ou au chômage et un nombre important sont sans abri, ce qui les rend plus vulnérables. Certains ont recours à des stratégies négatives de survie: la majorité de celles et ceux qui abusent de drogues et de l’alcool (60 %) sont des jeunes âgés de 15 à 35 ans ; et 80 % des adolescentes adoptent des comportements sexuels à risques, et ont recours à des rapports sexuels transactionnels.

Les adolescentes sont également vulnérables à la violence basée sur le genre, notamment aux mariages et aux grossesses précoces. En effet, la Sierra Leone a l’un des taux les plus élevés de grossesses d’adolescentes au monde : 28 % des filles âgées de 15 à 19 ans ont des enfants⁴. Les mères adolescentes peuvent être confrontées à la stigmatisation, au rejet et à la pauvreté chronique. Moins de 2 % des filles mariées âgées de 15 à 19 ans vont à l’école⁵, ce qui compromet leurs perspectives d’avenir. Tous ces facteurs peuvent entraîner une détresse psychologique, notamment la dépression et l’anxiété, qui peuvent avoir des conséquences durables sur leur santé et celle de leurs bébés, notamment des difficultés d’allaitement, entrainant des risques de malnutrition.

 

La santé mentale, une priorité pour Action contre la Faim

 

Action contre la Faim a mis en œuvre des programmes multisectoriels pour aider les jeunes dans plusieurs zones urbaines et rurales de la Sierra Leone, y compris une composante de santé mentale et de soutien psychosocial pour traiter ces problèmes complexes et interdépendants. Ces programmes comprennent des « espaces conviviaux pour les adolescents » dans les centres de santé, qui offrent un espace sûr et confidentiel pour discuter de leurs problématiques, y compris des problèmes de santé mentale, grâce à des séances de soutien individuelles et/ou de groupe, des activités de bien-être et des séances d’éducation sur la santé sexuelle et reproductive, menées par des travailleurs psychosociaux et du personnel de santé formés à cet effet. Jusqu’à présent, 91 % des jeunes garçons et filles qui ont participé au programme ont fait état d’une amélioration de leur bien-être et de leur soutien social.

En plein cœur de Susan’s bay, un quartier défavorisé de Freetown, il faut se frayer un chemin dans la foule des étals du marché du bidonville pour accéder au centre de santé. Dans ce petit établissement de santé, cinq jeunes adolescentes se réunissent dans une pièce exiguë, à l’abri des regards. On entend des chants, des rires, des paroles ; à tour de rôle, elles se confient à Mariatu, travailleuse psychosocial pour CAPS (Community Association for Psychosocial Services), un partenaire local d’Action contre la Faim.

 

DSC02523-min © Action contre la Faim

Parmi elles, Aminata se rend tous les vendredis dans cet espace convivial mais confie pouvoir venir quotidiennement si elle en ressent le besoin. Habitant ce quartier, cette jeune fille de 21 ans ressentait beaucoup de stress et d’anxiété avant de venir au centre.  « Je viens régulièrement ici pour interagir avec mes amis qui rencontrent des problèmes similaires afin que nous puissions partager ensemble des questions qui peuvent nous aider à nous sentir soulagés. Mariatu, la conseillère psychosociale du CAPS me soutient beaucoup, je l’aime tellement, je peux partager mon stress avec elle, et d’autres. Je viens ici pour trouver la paix. Ensuite, je rentre chez moi et je me sens soulagée de mon stress. Maintenant, je sais ce que je dois faire pour ne pas me sentir stressée, les réunions et le partage m’ont aidée à comprendre mes difficultés et à mieux les gérer. » 

J’ai aussi l’occasion de partager ces connaissances avec mes amis qui n’ont pas la chance de venir à l’espace, afin qu’ils s’y rendent également au cas où ils auraient des problèmes susceptibles d’avoir un impact négatif sur leur vie quotidienne ».

 

 

DSC02525-min © Action contre la Faim

 

En outre, des activités de santé mentale et de soutien psychosocial ont été initiées dans les écoles au sein des clubs de santé scolaire. Sur la base d’une approche par les pairs, les élèves sont formés à organiser des groupes de discussion et à se soutenir mutuellement, ce qui contribue à leur autonomisation et à l’amélioration de leur estime de soi.

Ces initiatives permettent d’accéder à des services de santé mentale et de soutien psychosocial pour répondre aux besoins des adolescents et des jeunes. Elles renforcent le système de santé en Sierra Leone grâce à l’intégration d’un soutien accessible en matière de santé mentale au niveau des soins de santé primaires et de la communauté.

Le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio, a récemment annoncé la création d’un groupe de travail présidentiel national sur la santé mentale, qui vise à intégrer la santé mentale dans un plan stratégique national, au même titre que des questions telles que l’éducation et la protection sociale. Il s’agit d’une avancée majeure dans un pays où la loi de 1902 sur l’aliénation mentale (Lunacy Act) est toujours en vigueur et considère les personnes souffrant de troubles mentaux comme des criminels ou des victimes de la sorcellerie ou de la possession démoniaque.

Cependant, les choses changent. Alors que les besoins en matière de santé mentale sont énormes, la loi sur l’aliénation mentale sera bientôt remplacée par un projet de loi sur la santé mentale (Mental Health Review Bill), et des efforts conjoints sont déployés par plus de 85 parties prenantes dans le pays pour améliorer le bien-être de la population en Sierra Leone.

 

 


¹https://www.wfp.org/news/united-states-funding-help-wfp-fight-food-insecurity-sierra-leone
²https://reliefweb.int/report/sierra-leone/wfp-ram-sierra-leone-market-prices-bulletin-quarter-4-2023
³https://www.afdb.org/en/success-stories/african-development-bank-project-creating-skills-and-new-jobs-youth-sierra-leone-58695
⁴https://reliefweb.int/report/sierra-leone/adapting-through-covid-19-october-2020-lessons-teenage-pregnancy-programmes
⁵https://borgenproject.org/women-in-sierra-leone/

 

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