© Coraline Leguay pour Action contre la Faim
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Offrir un accès à l’hygiène aux familles précaires de Marseille
Le niveau de pauvreté en France est alarmant. La crise liée à la pandémie de la COVID-19 a fait basculer de nombreuses familles dans l’ultra-précarité, avec plus d’un million de personnes supplémentaires sous le seuil de pauvreté en un an.
Au niveau national, on dénombre 441.000 enfants de 0 à 6 ans vivant dans une famille aux revenus sous ce seuil. La situation est d’autant plus alarmante à Marseille, où se concentrent les quartiers les plus pauvres de l’hexagone.
C’est dans ce contexte que plusieurs initiatives d’urgence ont été lancées, dont le projet « Massilia Couches System« , un partenariat entre Action contre la Faim et AOUF, pour donner accès à des kits d’hygiène aux familles marseillaises ultra-précaires, via des associations et collectifs de la cité phocéenne.
Des besoins en augmentation à Marseille
Lors d’une enquête menée auprès de 90 ménages, vivant principalement dans les 3ème et 15ème arrondissement de Marseille, 33% ont déclaré avoir diminué le nombre de repas par jour par adulte, et 19% pour les enfants. Si les besoins alimentaires sont touchés, les besoins en hygiène encore plus. Pour certains, le fait de pouvoir laver ses vêtements est devenu problématique : 55% déclarent avoir manqué de lessive et 39% d’entre eux ont dû réduire la fréquence à laquelle ils lavent les vêtements. L’hygiène corporelle a elle aussi été touchée. Ainsi, 49% des interrogés indiquent avoir manqué de savon, 30% d’entre eux ont espacé le nombre de douches et 24 % ont dû se laver uniquement à l’eau. Enfin, 39 % des ménages avec enfants expliquent avoir manqué de couches pendant le second confinement : 42% d’entre eux sont devenus dépendants des distributions afin de s’approvisionner, 17% ont changé moins souvent le bébé et 17 % ont utilisé des tissus ou une autre matière.
Or, la lutte contre la pauvreté, tout comme la lutte contre la COVID-19, passe par un accès renforcé à l’hygiène. Le manque d’accès à l’hygiène des personnes précaires, est un enjeu majeur de santé publique. Ainsi leur fournir un accès à des produits de base c’est les protéger de l’épidémie actuelle, mais également de ses conséquences économiques. Apporter cette aide c’est aussi augmenter leur reste à vivre des familles affectées par la crise, diminuer des dépenses incompressibles et ainsi renforcer leur accès à une alimentation saine et équilibrée.
Action contre la Faim France
Notre intervention pour renforcer l’accès à l’hygiène
Sur la période de novembre à février, AOUF et Action contre la Faim, ont mutualisé leurs efforts afin de préparer plus de 6 000 kits d’hygiène, bébés et familles (couches, lait infantile, hygiène bébés, hygiènes adultes et femmes). Ces kits ont bénéficié, via plus de 80 associations, collectifs citoyens, centres d’hébergements, centres sociaux et écoles de la cité phocéenne, à plus de 3 600 bébés, au sein de plus de 3 000 familles marseillaises ultra-précaires, soit plus de 13 600 personnes. Une action qui a touché des personnes vivant en quartiers prioritaires de la ville, dans des logements indignes, à la rue, en squat, en bidonville, en centre d’hébergement, en hôtel social, etc. Ces personnes vivent pour plus de 66% dans les quartiers Nord de Marseille (13ème, 14ème, 15ème, 16ème) et près de 23% dans ou à proximité du centre de la ville (1er, 2ème, 3ème).
A ce jour, ce sont toujours des milliers de familles marseillaises ultra-précaires qui restent sans solution. L’accès à l’hygiène est indissociable de l’accès aux droits et la problématique ne peut être adressée que grâce à un accès à des revenus suffisants pour couvrir les besoins essentiels et un accès renforcé, pour tous, aux services sociaux et aux aides adaptées. Face à la situation socio-économique actuelle, il est plus que jamais nécessaire d’opérer une réévaluation des politiques de protection sociale. Il faut s’assurer que les aides sociales aux plus précaires et exclus soient suffisantes pour couvrir de manière digne leurs besoins essentiels. C’est ce qui permettra un tremplin vers une autonomisation et/ou une (ré)insertion socio-économique.
Nous encourageons les pouvoirs publics, associations, collectifs et structures engagées dans la lutte contre l’exclusion, la pauvreté et la COVID-19 à se saisir de cette question en cohérence avec l’ampleur des besoins et la hauteur des enjeux. La co-construction d’une réponse pérenne est plus que jamais nécessaire.
Merci à Médecins du Monde, au Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP 13), à la Fondation OM, à Lou Bio, à Banlieues Santé et à Evolix pour leurs dons en nature. Merci à la Ville de Marseille, la Stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté et la Fondation PROMAN pour leur soutien financier. Merci, aux collectifs citoyens et structures de proximité agissant auprès des familles, aux 40 bénévoles engagés sur cette action, aux mairies 6/8ème et collectif solidarité 6/7ème pour leurs collectes.
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