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La guerre civile en cours au Soudan a dévasté le pays, qui traverse actuellement l’une des pires crises de réfugiés et de faim au monde.
Depuis que le conflit a éclaté en avril 2023, de nombreuses personnes ont été contraintes de tout quitter et de commencer un long voyage vers les pays voisins, notamment le Tchad et le Soudan du Sud. Une grande partie des personnes déplacées souffrent de sous-nutrition, de détresse psychologique, de maladies et de blessures.
Le périple de Nyibol Mathiang Deng, 27 ans, de Muglad, au Soudan, à Majok, au Soudan du Sud, a duré quatre jours en voiture, à moto et à pied. Et elle a dû faire tout cela enceinte de six mois.
Plus de 8,8 millions de personnes ont fui leur domicile depuis avril 2023, lorsque le conflit a éclaté. De nombreuses familles traversent un cycle de déplacements, ayant déjà quitté le Soudan du Sud pour s’installer au Soudan quelques années plus tôt. Aujourd’hui, plus de 120 000 personnes comme Nyibol sont retournées au Soudan du Sud via la ville frontalière de Majok. Ces « rapatriés » arrivent dans le pays sans presque rien et souvent affamés.
Nyibol et sa fille ont cherché refuge après avoir été attaquées par un groupe d’hommes armés. Elles sont parvenues à traverser la frontière après un mois de difficultés et de conflits. Pour retrouver son mari et sa fille aînée à Majok, Nyibol a dû entreprendre un long voyage sur des routes dangereuses.
Avant que le conflit n’éclate, Nyibol menait une vie simple. Elle aimait s’occuper de la ferme familiale, où ensemble, le couple cultivait des arachides. Pour sa famille de quatre personnes, les saisons des pluies étaient prospères. Pendant les saisons sèches, c’est-à-dire lorsqu’il ne pleuvait pas, la famille stockait ses récoltes dans un silo pour produire de la pâte d’arachide qu’elle vendait ensuite au marché. Pour le couple et leurs deux filles, les journées passaient très vite.
Même si la famille vivait bien, Nyibol était inquiète. « Vivre là-bas en tant que réfugiés du Soudan du Sud n’est pas facile », explique-t-elle. « Au Soudan, les réfugiés sont des cibles pour les criminels. Les groupes armés peuvent vous voler votre bétail ou vos biens. »
Un jour, la vie de Nyibol a changé à jamais lorsqu’un groupe d’hommes armés ont attaqué sa maison. Brandissant des couteaux et des fusils, ils ont assailli le village de Nyibol pendant la nuit. Ils ont frappé à la porte de son voisin et l’ont poignardé lorsqu’il leur a ouvert. Le jeune homme a réussi à s’échapper, mais a été grièvement blessé. Ses agresseurs ont ensuite mis le feu à sa maison.
Puis, ils sont passés à la maison de Nyibol. « Ils ont brûlé ma maison », raconte Nyibol, en pleurs. « Mon mari et moi avons fui. Nous avons été séparés pendant que nous courions. » Elle n’est partie qu’avec les vêtements qu’elle avait sur le dos et a perdu tout le reste.
« Je ne savais pas si mon mari et ma fille étaient en vie », explique-t-elle. « Je pensais qu’ils avaient été tués. Le lendemain de l’attaque, je suis retournée à ma maison pour fouiller dans les cendres. Je pensais qu’ils avaient péri dans les flammes. Mais je ne les ai pas trouvés. »
Les hommes armés étaient probablement des criminels, et non des personnes associées à un parti ou à un État. Selon Nyibol, l’objectif de cette violente attaque était un échange d’argent dont les criminels avaient été témoins plus tôt.
Depuis le début de la guerre, les criminels soudanais mènent des attaques ciblées contre les familles sud-soudanaises. Nyibol, qui a eu très peur, porte désormais une arme pour se défendre contre d’autres possibles agresseurs.
Quatre jours après l’attaque, Nyibol a reçu un appel. C’était son mari, qui lui a annoncé qu’il était en vie et en sécurité avec leur fille à Majok. Nyibol était sous le choc. « Je n’en croyais pas mes oreilles ! », s’exclame-t-elle. « Quand j’ai reçu son appel, je pensais que c’était quelqu’un qui se faisait passer pour lui. Comme je n’avais trouvé aucun corps dans les cendres, je pensais qu’ils avaient été traînés quelque part puis tués. Je ne pensais pas qu’ils avaient fui au Soudan du Sud. »
Son périple en direction de Majok a commencé immédiatement après avoir raccroché.
Nyibol a trouvé un emploi en tant que femme de ménage logée chez l’habitant, ce qui lui a permis d’économiser assez d’argent pour entreprendre son long voyage en direction du Soudan du Sud. Elle faisait la lessive et d’autres tâches ménagères quotidiennes pour l’équivalent d’un dollar par jour. Pendant ce temps-là, le mari de Nyibol l’aidait à organiser son voyage depuis Majok. Nyibol avait très peur, se sentant particulièrement vulnérable en tant que femme enceinte. Mais son désir de retrouver sa famille a été le moteur qui l’a aidée à avancer.
Un peu plus d’un mois après avoir reçu le premier appel de son mari, Nyibol est partie pour Majok. Elle et sa fille se sont aventurées dans une voiture pleine de réfugiés et de rapatriés fuyant la guerre.
Nyibol est partie pour Majok. Elle et sa fille se sont aventurées dans une voiture pleine de réfugiés et de rapatriés fuyant la guerre. « Le voyage a été extrêmement difficile. Dans une ville proche de la frontière du Soudan du Sud, mon mari a envoyé une moto nous chercher », raconte-t-elle. « Lorsque nous avons atteint le pont du Soudan du Sud, la moto est tombée en panne, et j’ai dû continuer à pied. Mes chaussures étaient en piteux état et il faisait très chaud. En arrivant à Majok, j’étais tellement fatiguée que mes pieds avaient gonflé. »
Au poste-frontière, Action contre la Faim a fourni à Nyibol et à sa fille des biscuits énergétiques et les a soumises à un dépistage de la sous-nutrition. Nyibol était très reconnaissante d’avoir survécu à ce long voyage. Après s’être enregistrée à la frontière, elle a fini par retrouver sa famille. « J’étais aux anges ! La nuit dernière, je n’arrivais même pas à dormir. J’étais tellement heureuse que je riais seule », déclare-t-elle.
Enfin réunie, la famille va désormais se rendre à Kuajok, la capitale de l’État de Warrap, au Soudan du Sud. Là-bas, Nyibol retrouvera une autre partie de famille, sa mère et son beau-père, qui y vivent paisiblement.
Son avenir est incertain. « Je suis perdue », déclare-t-elle à propos de sa nouvelle vie. « Je ne sais pas quoi faire. S’il pleut suffisamment, je pourrais planter, mais je n’ai ni outils, ni graines. Je verrai bien. Je ne sais pas comment je vais subvenir à mes besoins. Mais je vais faire de mon mieux. »
Action contre la Faim aide les rapatriés comme Nyibol à la frontière lors de leur arrivée au Soudan du Sud. En plus du dépistage et du traitement de la sous-nutrition, nos équipes orientent les familles vers des centres de soutien dans des villes telles que New Fangak.
Action contre la Faim intervient au Soudan du Sud depuis 1985. L’année dernière, nous avons touché plus de 1,1 million de personnes. Nos équipes ont élaboré un plan de réponse à la crise en avril 2023, immédiatement après le déclenchement du conflit au Soudan. Nous avons fourni une assistance urgente et vitale à des centaines de familles déplacées par le conflit. Nous distribuons de l’argent, construisons des latrines et fournissons des kits d’hygiène contenant du savon, des seaux, des bâches en plastique et des pastilles de purification de l’eau.
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