Le 7 et 8 juillet 2016 prochain, se tiendra à Paris la seconde conférence mondiale sur les thèmes croisés de la santé et du changement climatique de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
A cette occasion, rappelons que l’OMS prévoit près de 250 000 décès supplémentaires par an directement liés au changement climatique. Les conséquences du changement climatique se traduisant par une augmentation des cas de malnutrition, de paludisme, de diarrhée et du stress lié à la chaleur, qui sont déjà aujourd’hui la 1ère cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans.
« S’il est suffisamment ambitieux et efficace, l’accord sur le climat marquera un tournant majeur dans la politique environnementale et sera aussi un traité de grande envergure pour la protection de la santé publique. » Dr Margaret Chan, Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé en décembre 2015.
Avec 211 millions de personnes touchées par les catastrophes naturelles, soit 5 fois plus que le nombre de victimes de conflits, les relations entre le changement climatique et la santé sont bien plus étroites qu’elles n’y paraissent : notamment sur la nutrition, la transmission de maladies vectorielles (par les moustiques), la qualité et la disponibilité de l’eau. On note également que ce sont les causes mêmes du changement climatique qui affectent directement la santé des populations : émissions de gaz à effet de serre, taux élevé de particules fines (responsable de 9% des décès en France[1]), dégradation et toxicité de la qualité de l’air sont responsables de l’accroissement des maladies respiratoires (asthme, pneumonies…) et des allergies. L’OMS estime à 7 millions de décès par an dans le monde le nombre de victimes de la pollution de l’air[2].
Sur le plan nutritionnel, en raison de la disponibilité des légumes et des fruits, on remarque que le risque de carences alimentaires des populations serait en hausse. En cause, la baisse de la teneur en vitamines, fer, minéraux et protéines de nombreuses plantes cultivées[3], liée à la concentration en augmentation du CO2 dans l’air.
Sur le plan sanitaire, on remarque qu’en conséquence du changement climatique, les moustiques porteurs de maladies telles que la paludisme, la dengue, zika, la fièvre jaune ou encore le chikungunya, se développent dans des zones encore protégées jusqu’à maintenant. En effet, les scientifiques observent une extension des « zones écologiques » des moustiques vers les pôles. Cela ayant pour conséquence une augmentation du risque de propagation de ces maladies dans des zones où les populations étaient protégées jusqu’à aujourd’hui.
Sur le plan hydrique, la raréfaction et la contamination des ressources, ainsi que leur utilisation à des fins énergétiques (construction de barrages électriques) provoquent une forte augmentation de maladies hydriques comme la diarrhée. Les événements climatiques comme des inondations ou des cyclones, directement liés au changement climatique entraînent des pénuries d’eau, de mauvaises pratiques d’hygiène, la contamination de l’eau potable et donc la contamination des ressources hydriques, tout cela ayant des conséquences sur la santé des populations affectées.
Enfin, le nombre croissant d’évènements climatiques extrêmes détruisent des logements, des établissements médicaux et d’autres services essentiels et forceront le déplacement de populations et leur risque de tomber malade. En 2014, 87% des catastrophes naturelles étaient liées au changement climatique, selon la Banque Mondiale. D’après le Conseil Norvégien des Réfugiés, ces catastrophes causent le déplacement de près de 20 millions personnes chaque année et pourraient pousser 250 millions de personnes sur les routes d’ici à 2050.
Le troisième Objectif de Développement Durable (ODD) adopté par les Nations unies en septembre 2015 vise directement la santé et le bien-être. Cet objectif contribue à la réalisation et l’accomplissement des autres objectifs fixés, et sera également rempli si l’ensemble des objectifs fixés sont atteints. En travaillant sur la sécurité alimentaire ou la salubrité de l’eau, on améliore de fait la situation sanitaire globale.
Afin d’atténuer les effets du changement climatique sur la santé, Action contre la Faim s’engage sur des programmes de renforcement des capacités des systèmes de santé. Nos équipes travaillent à l’amélioration de la surveillance des maladies et à la préparation aux événements climatiques extrêmes. Afin de s’adapter à ces risques nouveaux, il faut :
- inclure les risques de catastrophes naturelles dès la création des centres de santé,
- prévoir l’advenue de nouvelles maladies dans les plans de santé nationaux,
- veiller à ce que les établissement de santé soient résilients au climat et permettent aux populations d’accéder aux services essentiels.
Plus globalement, les inégalités continuent de se creuser suite aux chocs climatiques et sanitaires : les programmes de réduction des risques de catastrophes et leur management sont d’autant plus importants.
Si l’adaptation aux risques liés au changement climatique est indispensable, il faut également agir rapidement pour en atténuer les causes :
- limiter l’utilisation des énergies fossiles et encourager le recours aux énergies renouvelables,
- encourager un modèle agroécologique respectueux de l’environnement qui produise des aliments de meilleure qualité nutritionnelle et qui favorise le stockage du carbone dans le sol tout en réduisant les émissions de gaz à effets de serre liés à l’agriculture chimique.
Action contre la Faim appelle les bailleurs de fonds institutionnels à se mobiliser davantage sur ce sujet car d’ici à 2030, le coût des dommages directs pour la santé (à l’exclusion des coûts dans des secteurs déterminants pour la santé tels que l’agriculture et l’eau et l’assainissement) se situera entre 2 et 4 milliards de dollars (US$) par an.
[1] http://www.lemonde.fr/pollution/article/2016/06/21/la-pollution-de-l-air-est-responsable-de-9-de-la-mortalite-en-france_4954518_1652666.html
[2] http://www.who.int/mediacentre/commentaries/cop21-health/fr/
[3] http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/03/03/le-changement-climatique-aura-un-impact-mortel_4875440_3244.html