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À la Une

Territoire Palestinien Occupé

La résilience à Gaza malgré 16 ans de blocus

Les escalades récurrentes des hostilités ont dégradé les infrastructures de base, la prestation de services, les moyens d’existence et les mécanismes d’adaptation. Selon le Palestinian Central Bureau of Statistics (PCBS), 45,9 % de la population en âge de travailler à Gaza est au chômage. Et 1,3 million de personnes dépendent de l’aide humanitaire, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

En 2017, à l’occasion des 10 ans du blocus de Gaza, Action contre la Faim (ACF) a mis en lumière les histoires de dix femmes qui sont le gagne-pain de leur famille à Gaza. Des histoires intimes qui illustrent l’impact dévastateur du blocus et de la guerre.

Cette initiative faisait partie d’un projet financé par le Fonds humanitaire pour le Territoire palestinien occupé, dans le cadre duquel Action contre la Faim a soutenu 160 femmes dont les entreprises avaient été affectées par la guerre de Gaza de 2014. L’objectif était d’augmenter le revenu disponible de ces familles très vulnérables afin de les rendre plus résilientes aux chocs futurs.

 

Six ans plus tard, nous avons repris contact avec Yasmeen et Ameera…

 

Yasmeen avait pour objectif de diriger un salon de beauté à succès.

Ameera voulait avoir une épicerie assez grande pour répondre aux besoins de toute sa communauté.

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« J’ai un petit salon de beauté, mais il y a encore beaucoup de choses à améliorer », déclare Yasmeen. « Mon entreprise a été durement touchée par la pandémie de Covid-19, et les récentes escalades [de mai 2021, août 2022 et mai 2023] nous ont obligés à fermer complètement. Même lorsque les hostilités ont pris fin, les conséquences socioéconomiques ont fait que l’intérêt pour mon salon a diminué. Malgré les défis, je crois toujours en moi et en mon entreprise, et je continuerai à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour me construire un meilleur avenir. »

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« Mon épicerie a été agrandie et contient désormais suffisamment de produits pour répondre aux besoins de tout mon quartier », explique Ameera. Elle est fière de ce qu’elle a accompli, en particulier compte tenu des obstacles sociaux et traditionnels à la participation des femmes au monde des affaires, ainsi que de la difficulté à trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie de famille. Pour en arriver là, Ameera a dû surmonter plusieurs obstacles : « Nous avons dû fermer un mois pendant la pandémie de Covid-19, ainsi que lors des escalades récentes [de mai 2021, août 2022 et mai 2023]. Ces crises ont eu un impact considérable sur mes revenus. J’ai eu du mal à rembourser mes fournisseurs », ajoute-t-elle. Ameera explique qu’il n’est pas facile de maintenir ses étagères remplies d’une variété de produits en raison du coût élevé des importations à Gaza. Elle considère que sans ces restrictions, son entreprise serait beaucoup plus rentable.

Les cycles récurrents de violence et les causes profondes de l’instabilité continuent d’empêcher les femmes comme Yasmeen et Ameera de gagner leur vie de manière durable.

Les chocs fréquents, tels que le conflit de 2014, la Covid-19 et les escalades de mai 2021, août 2022 et mai 2023, freinent les efforts déployés par les habitants de Gaza pour créer et maintenir des entreprises résilientes.

Pour répondre aux besoins socioéconomiques des femmes qui sont le gagne-pain de leur famille, nous devons leur fournir une assistance ciblée et renforcée. Un investissement continu et pluriannuel est nécessaire pour les soutenir, et à moins que les causes profondes de leur vulnérabilité ne soient traitées, elles continueront de devoir lutter pour atteindre la prospérité économique. Action contre la Faim continue de soutenir les activités d’Ameera avec le généreux soutien de l’Agence espagnole pour la coopération internationale au développement (AECID). Ameera dispose désormais d’une unité de transformation des aliments et produit de la pâte de dattes. Son épicerie fonctionne bien.

La situation de Yasmeen, en revanche, est plus complexe. Elle a du mal à maintenir l’activité de son salon en raison du manque de financement et des conséquences du blocus. Yasmeen réfléchit actuellement à des activités génératrices de revenus alternatives pour pouvoir subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.

 

Deux Entrepreneurs de Gaza, Mohannad et Jamal, face au blocus et à l’instabilité

 

Action contre la Faim continue de soutenir les petites entreprises de Gaza, comme l’entreprise de menuiserie de Mohannad.

Nous accompagnons également les agriculteurs qui cherchent à réhabiliter leurs serres et à augmenter leur production, comme Jamal.

Le blocus israélien de la bande de Gaza, l’instabilité, les restrictions sur les importations et les exportations et l’approvisionnement limité en électricité affectent toutes sortes d’entreprises, notamment celles de Mohannad, un menuisier de la ville de Gaza, et de Jamal, un agriculteur de Khan Yunis.

Pour maintenir sa menuiserie à flot et gagner sa vie, Mohannad doit relever de nombreux défis. Il fabrique des objets de décoration intérieure, des meubles, des cadeaux, des souvenirs, des boîtes et des bougeoirs en bois, entre autres. Mohannad paie plus pour les matières premières en raison de la hausse des prix mondiale et des coûts d’importation élevés à Gaza. Il est également confronté à des retards et à des interdictions sur les matériaux, les machines et les pièces dont il a besoin pour mener à bien son activité en raison de la politique de double usage d’Israël, qui limite l’entrée de marchandises qui, selon Israël, peuvent être utilisées à des fins civiles et militaires.

Les restrictions de mouvement entre Gaza et la Cisjordanie sont un autre obstacle aux affaires de Mohannad. « Les restrictions de mouvement limitent ma capacité à acquérir des connaissances, à apprendre de nouvelles techniques et à créer des liens commerciaux », explique-t-il. « Je rêve d’exporter un jour mes produits. Sur Facebook, des personnes du monde entier me demandent si elles peuvent acheter mes produits. Malheureusement, je ne peux pas exporter en raison des coûts élevés de l’exportation et du transport. Certains produits sont même interdits à l’exportation pour des raisons de sécurité. »

Lorsqu’on lui demande comment il gère l’électricité limitée à Gaza, Mohannad explique qu’il en a besoin pour faire fonctionner ses machines. « S’il y a une coupure d’électricité, je dois arrêter de travailler jusqu’à ce qu’elle revienne. » Actuellement, les Gazaouis n’ont le droit qu’à huit heures d’électricité par jour, et celle-ci est souvent interrompue.

Le pouvoir d’achat ayant diminué en raison du déclin économique, la population ne peut pas se permettre d’acheter des produits secondaires, comme le sont le fromage et les objets artisanaux en bois, ce qui rend difficile pour des entreprises comme celles d’Ahmed et de Mohannad de se maintenir à flot. « De nombreuses personnes s’inquiètent encore de la situation sécuritaire instable et n’achètent que des produits essentiels », explique Mohannad.

 

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Les agriculteurs de la bande de Gaza sont confrontés à des défis continus en raison du blocus israélien et des restrictions à l’importation et à l’exportation de biens et de matériaux. Jamal explique qu’il a besoin d’exporter ses produits pour que son activité soit rentable. Mais à Gaza, cela n’est pas toujours possible. Par exemple, au cours des quatre jours qui ont précédé l’escalade d’août 2022, les autorités israéliennes ont fermé le poste-frontière de Kerem Shalom, empêchant les produits agricoles et d’autres marchandises de quitter Gaza. Les légumes frais doivent être livrés au consommateur final dans les deux jours suivant la récolte. Mais les produits se détériorent souvent pendant l’exportation en raison de retards aux points de passage et d’installations frigorifiques inadéquates. « Ces facteurs font baisser les prix et réduisent mes bénéfices », explique Jamal. De plus, les coûts de transport ont augmenté, ce qui limite encore davantage les revenus tirés des exportations.

L’électricité limitée est également un défi pour Jamal. « Je dois adapter mes horaires d’irrigation à l’électricité disponible. Qui dit moins d’électricité dit moins d’irrigation, ce qui peut rendre les plantes malades et réduire la quantité et la qualité des produits », explique Jamal. Les engrais pourraient permettre de résoudre ce problème, mais beaucoup sont interdits par Israël. Les engrais disponibles sont de moindre qualité et augmentent la salinité et la dégradation des sols.

Pendant les escalades militaires, Jamal ne peut pas accéder à ses terres pour les irriguer, les cultiver et vendre ses récoltes, ce qui entraîne des pertes financières supplémentaires. Jamal a également remarqué que le pouvoir d’achat des habitants de Gaza avait diminué depuis la pandémie de Covid-19 et les escalades de mai 2021 et août 2022. « Je dois constamment baisser mes prix pour que mes clients puissent se permettre d’acheter mes produits. Même les grossistes ont du mal à me payer. Je n’ai pas assez d’argent pour pouvoir commercialiser mes produits et faire des bénéfices », explique-t-il.

Les 16 ans de siège ont limité les possibilités de croissance et d’indépendance économique des petites entreprises. Les chocs fréquents mettent en péril des entreprises déjà fragiles. Les restrictions d’accès limitent la vente de produits sur d’autres marchés et les possibilités pour les propriétaires d’entreprise de renforcer leurs capacités. L’aide humanitaire contribue à la création d’entreprises, mais pour que ces entreprises puissent réaliser leur plein potentiel, il faut s’attaquer aux causes profondes de ces défis.

 

À la suite de l’escalade de mai 2023 à Gaza et en Israël, Action contre la Faim a mené une étude rapide évaluant la situation de 266 agriculteurs à Gaza (93 % d’hommes et 7 % de femmes). 150 agriculteurs (soit 56 % des personnes évaluées) ont signalé un impact sur leurs actifs agricoles. Action contre la Faim vient en aide à ces agriculteurs avec le généreux soutien de l’Union européenne et du Centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (CDCS).

Les agriculteurs avaient déjà été affectés lors de l’escalade de mai 2021 et étaient encore en train de se remettre de l’impact de la pandémie de Covid-19, de la hausse des prix des denrées alimentaires et du changement climatique.

Pendant les cinq jours d’escalade, les agriculteurs n’ont pas pu accéder à leurs terres, ce qui a entraîné une perte de 207 tonnes de production.

Les escalades pendant la saison des récoltes ont non seulement un impact sur les cultures, mais aussi sur les travailleurs, qui dépendent de salaires journaliers.

Le ministère palestinien de l’Économie a rapporté qu’en raison des restrictions d’accès à l’emploi et aux moyens d’existence, les pertes totales liées à l’activité économique à Gaza ont atteint 10 millions de dollars par jour d’escalade.

 

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