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IMG_8376-min © Kenneal Patterson pour Action contre la Faim

À la Une

Zambie

La mission de Makina : mettre fin à la violence sexiste en Zambie

En 2019, elle et les autres femmes de sa communauté se sont réunies pour former un groupe d’épargne. Depuis, il est devenu bien plus que cela. Makina savait qu’elle pouvait tirer parti de ce groupe pour éduquer des dizaines de femmes sur le sujet de l’égalité entre les genres. Dans la petite ville de Senanga, dans la Province Occidentale de la Zambie, Makina milite contre les inégalités entre les genres, qui sont fréquentes dans sa communauté.

Dans toute la Zambie, les femmes et les filles n’ont souvent pas accès à une éducation de qualité, et les mariages d’enfants et les grossesses précoces sont monnaie courante. La faim accélère cette tendance, et vice versa : lorsque les femmes et les familles avec jeunes filles n’ont pas assez de ressources pour se nourrir, se protéger et prendre soin de leur santé, elles optent souvent pour le mariage, en quête de stabilité économique. Beaucoup se retrouvent dos au mur, mais la vie ne s’améliore pas toujours après le mariage. Les femmes sont généralement celles qui mangent en dernier et le moins, et beaucoup sont victimes de violence ou d’abus chez elles. En effet, le pays présente l’un des niveaux les plus élevés de violence sexiste au monde, plus de 42 % des femmes ayant subi des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire au cours de leur vie, et plus de 25 % au cours de la dernière année. Les rôles de genre, qui sont profondément ancrés dans la communauté, empêchent les femmes de mettre fin à cette spirale, même lorsqu’elles sont maltraitées ou discriminées.

IMG_8333-min © Kenneal Patterson pour Action contre la Faim

 

« Le problème, c’est le manque de connaissances », explique Makina. « Vous savez, si les enfants vont à l’école, ils voient ce que les autres font et peuvent avancer. Mais ici, dans le village, il n’y a pas de professeurs. Il n’y a personne. Les enfants ne connaissent rien d’autre que le mariage. »
En Zambie, 39 % des filles sont mariées avant d’avoir 18 ans. Les familles les plus pauvres, désespérées, marient souvent leurs filles en échange de bétail ou d’argent. C’est un énorme défi que Makina tente de relever depuis des années.

« Le premier recours est la famille », explique-t-elle. « Ensuite, les professeurs et les conseillers des écoles. Et enfin, les ONG, les cellules d’aide aux victimes et les services sociaux. »
Malgré tous ses efforts, Makina ne peut pas sauver toutes les jeunes filles du mariage précoce. Toutefois, elle sait qu’une meilleure éducation aiderait à faire face à cette crise. Dans sa communauté, le taux d’alphabétisation est faible, et de nombreuses personnes ignorent que les mariages d’enfants entraînent souvent des violences sexistes. Makina explique aussi que la police locale ne se penche pas sur ce problème, généralement par crainte de représailles.

 

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Le mariage d’enfants va de pair avec la grossesse précoce. Près de 30 % des adolescentes du pays tombent enceintes avant leurs 18 ans. Les jeunes filles qui tombent enceintes, même à la suite d’un viol, sont rapidement mariées. En effet, tomber enceinte sans être mariée est quelque chose qui, par coutume, est mal vu dans la communauté.

Makina organise des discussions sur les rapports protégés dans son groupe de 30 femmes, et bien souvent, les réactions sont négatives. Certains membres de sa communauté pensent que la sexualité ne devrait pas être abordée dans les salles de classe, craignant que cela ne conduise à des grossesses précoces. Mais Makina n’est pas d’accord. De nombreuses jeunes filles ont honte d’aborder le sujet dans leur famille ou même dans les cliniques locales. Makina considère que les filles ont besoin d’espaces sûrs où en apprendre davantage sur la sexualité et la planification familiale.
« Les écoles doivent absolument partager des informations sur la planification familiale », dit-elle à son groupe.

Le manque d’éducation et la pauvreté font partie des principaux facteurs de violence sexiste dans la communauté. L’abus d’alcool y est également très répandu, et Makina affirme que l’ivresse conduit souvent à des violences physiques : « Certains hommes boivent toute la journée, et lorsque leurs femmes leur répondent, ils les battent. »

Pire encore, selon Makina, de nombreux hommes puisent dans les réserves de leur famille pour s’acheter de l’alcool. Au lieu de payer les frais de scolarité et les fournitures scolaires de leurs enfants, ils dépensent leur argent dans l’alcool. En plus d’augmenter les niveaux de pauvreté des familles, cela empêche les jeunes filles de faire des études ou d’aspirer à une carrière.

 

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NOTRE INTERVENTION EN ZAMBIE

En Zambie, les inégalités entre les genres accentuent la faim pour les femmes de tout le pays. Action contre la Faim s’engage à assurer l’équité pour tous et pour toutes. Nous soutenons les femmes, luttons contre les causes profondes de la faim et dotons les communautés des outils dont elles ont besoin pour faire preuve de résilience.

Makina et les autres femmes de son groupe s’accordent à dire que l’éducation est la première étape du changement. C’est un outil puissant pour lutter contre la violence sexiste. Heureusement, en 2022, le gouvernement zambien a introduit sa politique d’éducation de base gratuite, une mesure qui prévoit un enseignement gratuit du primaire au secondaire dans toutes les écoles publiques. Une grande partie de ces établissements ont encore de nombreux besoins, notamment un personnel adéquat, de meilleures infrastructures et plus de fournitures, mais cette politique constitue un grand pas en avant en faveur de l’égalité entre les genres. Elle a permis à davantage d’enfants, filles et garçons, d’accéder à l’éducation, et ce, indépendamment des revenus de leur foyer.

Makina a encore beaucoup de chemin à parcourir avant de parvenir à l’égalité dans sa communauté. Mais elle n’abandonnera pas. Elle continuera de collaborer avec Action contre la Faim dans le cadre de son projet en Zambie, qui aborde le changement climatique en tant que cause sous-jacente de la faim et de la sous-nutrition. Ce programme est mené à Senanga en raison des taux élevés de pauvreté et de faim dans la ville. Le projet niébé permet aux petits exploitants agricoles comme Makina et à de nombreuses femmes du groupe d’épargne d’améliorer leurs moyens d’existence et de s’adapter aux catastrophes liées au changement climatique, améliorant ainsi la sécurité alimentaire de leurs familles.

Fin 2023, des organisations du monde entier se sont mobilisées à l’occasion des 16 jours d’activisme des Nations Unies, une campagne dédiée à mettre fin à la violence faite aux femmes et aux filles. Même si cette période de commémoration s’est terminée le 10 décembre, notre travail est loin d’être terminé. Nous poursuivrons nos efforts tant que toutes les femmes et les filles n’auront pas accès à l’éducation, à une alimentation suffisante et à de meilleurs moyens d’existence. Action contre la Faim s’engage à assurer l’égalité entre les genres et à créer un monde sans faim et sans violence pour tous et pour toutes.

 

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