En République centrafricaine, la résilience des populations et le tissu social sont minés par une succession de crises qui durent depuis des années.
L’insécurité engendre des mouvements de populations dont les besoins humanitaires, notamment en termes d’accès à l’eau potable, à l’assainissement ou à l’hygiène, nécessitent une réponse d’urgence. Au cours du premier trimestre 2020, on dénombre plus de 610 000 personnes déplacées internes en RCA.
Cette situation générale, disparate selon les zones du territoire, est particulièrement marquée dans la préfecture de Basse Kotto. Dans cette région du sud de la RCA, le nombre de personnes déplacées a augmenté de manière significative sur l’ensemble de l’année 2019 pour atteindre près de 55 000 personnes fin janvier 2020.
Sur les quatre sites de déplacés d’Alindao, qui comptent plus de 26 500 personnes, les équipes d’Action contre la Faim sont parmi les seuls acteurs à fournir un accès à l’eau potable. Sur le site catholique, l’un des sites de déplacés internes les plus peuplés de RCA, ce soutien est fourni grâce à l’appui de l’OFDA.
« Cette aide en eau est primordiale pour la communauté qui vit ici. La distribution équitable de l’eau dans les différentes zones du camp empêche les déplacements intempestifs et évite les conflits récurrents » explique le chef de la communauté.
Dans un contexte de promiscuité comme celui du site catholique d’Alindao, l’approvisionnement en eau potable dans les quartiers est une gageure d’apaisement selon le chef de la communauté. Dans cette situation, les interventions en eau, assainissement et hygiène, ainsi qu’en santé sont basées sur l’approche communautaire, qui vise à impliquer les populations.
Rendre autonome les communautés
Le système d’approvisionnement en eau mis en place prend sa source dans la rivière en aval, dans un bras de rivière déplacé il y a 5 ans par le CICR. Le réseau est géré chaque jour par une équipe de volontaires qui entretiennent le matériel et nettoient le bras de rivière. Celui-ci conduit à un bassin sommairement filtré où l’eau peut être pompée. Idéale pour l’irrigation, et sûre grâce à la présence permanente des volontaires d’Action contre la Faim à la station de pompage, cette zone est l’un des rares endroits où les personnes déplacées peuvent cultiver du manioc, des arachides et des légumes verts, assurant en partie leur autonomie alimentaire.
Plus loin, à 200 mètres en amont, Elie et Christian sont en charge de la station de traitement des eaux. Ces deux résidents ont été désignés par les membres de la communauté pour leur probité, qualité essentielle à la gestion des infrastructures communes. Ils ont été formés aux techniques de chloration et de vérification de la qualité de l’eau par les équipes d’Action contre la faim, qui assurent un suivi étroit du respect des normes sanitaires en vigueur pour la gestion de l’eau potable.
Elie témoigne : « Nous avons reçu une formation d’Action contre la Faim il y a un an et des formations de rappel sont régulièrement effectuées. Nous sommes notamment responsables de la maintenance des équipements et de la vérification de la qualité de l’eau ».
Les volontaires reçoivent une prime de 2500 francs CFA par jour. Une rotation est effectuée toutes les deux semaines avec d’autres membres de la communauté. Selon Christian, « Ce rôle qui nous est confié par Action contre la Faim nous permet de subvenir aux besoins de nos proches et nous sommes respectés au sein de la communauté ». Ce mécanicien apprécie également les connaissances acquises grâce à cette activité, et se considère désormais comme un travailleur humanitaire. Une profession qu’il continue à valoriser dans son entourage.