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BF - MHCP - 2022 - Amadou Cisse (10) © Amadou Cisse pour Action contre la Faim

À la Une

Burkina Faso

Apaiser la souffrance psychique des personnes déplacées au Burkina Faso

A l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, le mot d’ordre de l’Organisation Mondiale de la Santé cette année est de « Faire de la santé mentale et du bien-être pour tous une priorité globale ». Une priorité portée par l’ONG Action contre la Faim qui mène des activités en santé mentale et soutien psychosocial dans différents contextes, notamment d’urgence et de conflits, où la prise en charge en santé mentale et soutien psychosocial est indispensable. 

Depuis 2018, le Burkina Faso est le théâtre de multiples violences et voit son contexte sécuritaire se dégrader. L’année 2022 a été marquée par deux coups d’Etat militaires le 24 janvier et plus récemment le 30 septembre, la recrudescence d’attaques de groupes armés non-étatiques, des attentats et des conflits intercommunautaires, augmentant considérablement les déplacements de population et les besoins humanitaires dans plusieurs régions du pays (10 régions sur 13 sont affectées).   

Dans ce pays de plus de 20 millions d’habitants, 3,45 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire et près d’une personne sur dix est déplacée par le conflit soit presque 2 millions de personnes (53 % des femmes).¹ Parmi elles, contraintes de fuir leur foyer, beaucoup trouvent refuge dans la région de l’Est qui accueille plus de 170 000 personne. Le chef-lieu de la région, Fada N’Gourma, situé à 200km à l’est de Ouagadougou, fait face à un afflux continu de personnes déplacées. 

 

Les causes et signes de détresse psychologique 

 

« J’étais dans mon village paternel quand des individus armés sont arrivés et ont chassé les habitants. J’étais dans le désespoir total, le moindre bruit suffit pour que je panique, et à bout de souffle, j’ai demandé à maman de sortir et se renseigner pour que cela change parce que je ne pouvais plus supporter cette vie », confie Mariam, personne déplacée de Kongoussi dans la région du Centre-Nord à une travailleuse psychosociale d’Action contre la Faim lors d’une séance thérapeutique individuelle. 

Les violences perpétrées et les déplacements forcés ont entrainé la séparation de familles, d’autres ont été victimes et/ou témoins de violences et d’atrocités. Les personnes déplacées se sont retrouvées dans une extrême pauvreté et dans l’incapacité de récupérer leurs biens (champs brûlé par les assaillants, impossibilité d’aller récolter, bétail volé…). Arrivées dans les communautés d’accueil, elles font face à des difficultés d’adaptation, de désespoir face aux conditions précaires (insuffisance de biens matériels, déscolarisation, perte de dignité, etc.).  

Pour subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille, les femmes et les filles prennent davantage de risques et sont particulièrement exposées à diverses formes de violences basées sur le genre (VBG) comme les exploitations et abus, en constante augmentation, impactant leur détresse psychologique. Dans la région de l’Est, d’après le monitoring de protection, 10% des ménages déplacés interrogés rapportent avoir connaissance de cas de VBG.²

"on constate que les déplacements forcés, l’exposition aux bombardements, être témoin ou être victime de violence et la perte d’un être cher constituent les principales causes du déclenchement de la détresse psychologique"
Alassane Abdou Djibo
Responsable de Département Adjoint Santé Mentale, Soutien Psychosocial & Protection, Burkina Faso

« A l’admission au dispositif de prise en charge, les adultes présentaient de multiples troubles, dont la manifestation majeure est la perturbation du sommeil soit plus de 87 % d’entre eux; 56% se sont plaints de l’état de tristesse, 67 % ont signalé des signes d’anxiété et près de 30% de troubles émotionnels », détaille M. Abdou Djibo. 

Les troubles de santé mentale sont des blessures souvent ‘invisibles’ et pour beaucoup sont relégués au second plan au profit d’autres préoccupations prioritaires comme se nourrir ou se loger. Par ailleurs, d’un point de vue culturel, la maladie mentale peut apparaitre comme divine, mystique, voire taboue. « Nous faisons beaucoup de sensibilisation sur la santé mentale. Dès qu’on parle de santé mentale, les gens attribuent ça à la folie. Tous ceux qui viennent pour nos séances de sensibilisation comprennent à la suite qu’on peut avoir des problèmes de santé mentale sans pour autant être fou » explique Fatimata Drabo, responsable du programme Santé mentale, soutien psychosocial et protection à Action contre la Faim Burkina Faso, Fada N’Gourma. 

BF - MHCP - 2022 - Amadou Cisse (9) © Amadou Cisse pour Action contre la Faim
BF - MHCP - 2022 - Amadou Cisse (10) © Amadou Cisse pour Action contre la Faim
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BF - MHCP - 2022 - Amadou Cisse (1) © Amadou Cisse pour Action contre la Faim
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L’approche d’Action contre la Faim en santé mentale et soutien psychosocial

 

Action contre la Faim est présente au Burkina Faso depuis 2008 et a débuté ses interventions dans la région de l’Est. A l’origine, ses actions étaient davantage axées sur la prévention et le traitement de la malnutrition dans le pays.  

Suite à la dégradation du contexte sécuritaire dans le pays, Action contre la Faim a mis en place des activités liées à la santé mentale et au soutien psychosocial à travers le projet de prise en charge du psycho traumatisme, dans la région de l’Est mais aussi dans les régions du Sahel et du Nord afin de contribuer à la réduction des souffrances psychologiques des personnes affectées par les conflits armés qui sévissent dans ces régions.  

Le projet vise à prendre en charge toutes personnes vulnérables en détresse psychologique : hommes, femmes, garçons et filles (à partir de 6 ans) afin d’améliorer leur bien-être et leur capacité de résilience. Pour cela, les équipes d’Action contre la Faim mènent auprès des communautés d’accueil et des personnes déplacées différentes activités telles que des séances de sensibilisation sur la santé mentale, des séances de psychoéducation et des séances de psychothérapie en groupe ou individuelles. Des personnes clés de la communauté sont également identifiées pour être formées aux Premiers Secours Psychologiques. 

« Il est important d’assurer la pérennité de nos actions à travers la formation de personnes clés (agents de santé, agents de santé à base communautaire et les leaders communautaires) sur les Premiers Secours Psychologiques, afin de pouvoir identifier les premiers signes de détresse psychologiques, à pouvoir mieux écouter et communiquer avec les personnes en détresse et les référer pour une prise en charge au plus tôt », précise M. Abdou Djibo. 

Depuis la mise en place de ces dispositifs de prise en charge en terme de santé mentale, Action contre la Faim s’est positionné comme un acteur clé, de référence dans le domaine au niveau national.  

"Depuis que je suis arrivée à Fada, ma vie a changé et je suis très contente. J’étais dans l’angoisse et la tristesse, mais maintenant la quiétude revient peu à peu. Les travailleurs psychosociaux nous ont beaucoup appuyés et encadrés, nous avons appliqué ce qu’ils ont dit et on est convaincus que cela va nous servir à l’avenir "
Assimi Kaore
déplacée, Burkina Faso

Les défis au niveau national 

A ce jour, près de 40%3 la population générale âgée de 18 ans et plus a souffert d’au moins un trouble mental au Burkina Faso et aujourd’hui encore trop peu d’acteurs répondent à ce besoin. 

La mission d’Action contre la Faim au Burkina Faso plaide pour une meilleure prise en compte du volet santé mentale, soutien psychosocial dans les orientations stratégiques et financières du ministère de la santé burkinabé.  

Alors qu’un coup d’Etat vient d’être proclamé dans le pays, la réponse aux troubles de santé mentale et psychologiques des Burkinabès doit être plus que jamais renforcée. Les organisations et les services de santé associés doivent être accompagnés en ce sens par des ressources humaines dédiées, du personnel qualifié afin de rendre effectif l’accès aux services de prise en charge psychologiques et d’améliorer le bien-être de toutes et tous. 

 

Depuis 2020, les activités en santé mentale d’Action contre la Faim ont permis :  

  • 212 sessions de sensibilisation sur la santé mentale touchant 8 391 personnes ; 
  • 10 138 personnes ont reçu des séances de psychoéducation ;  
  • 4 937 personnes avec des symptômes de stress post traumatique avancés prises en charge ; 
  • 4 764 personnes ont amélioré leur bien-être et réduit les signes de stress post traumatique après les 6 séances de prise en charge ; 
  • 980 personnes ont été formées (prestataires de soins, travailleurs sociaux et leaders communautaires) aux Premiers Secours Psychologiques, la gestion de stress et les notions de base sur les violences basées sur le genre ; 

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