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Haiti 2010 décombres grosjean © Lucile Grosjean
pour Action contre la Faim

À la Une

Haiti

10 ans après le séisme, retour sur notre intervention

Au-delà du séisme, Haïti est un pays structurellement très pauvre, vulnérable aux catastrophes naturelles et sanitaires. Selon UNICEF, rien qu’en 2009, près de 55% de la population vivait sous le seuil de pauvreté. Nous sommes présents en Haïti depuis 1985 pour des programmes en nutrition et en sécurité alimentaire notamment. Aujourd’hui, les taux de sous-nutrition restent encore très élevés et atteignent même les 15% dans le nord-est du pays.

Le jour de la catastrophe nos équipes formées de 35 salariés internationaux et 478 employés locaux sont intervenues en urgence en fournissant dans un premier temps un accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène mais également des abris, des soins et un soutien psychologique aux victimes tout en organisation une transition post-catastrophe.

 

S’organiser face au séisme

 

Nous sommes le 12 janvier 2010, un séisme de magnitude 7 frappe l’île d’Haïti. L’épicentre du séisme est localisé à proximité de Port au Prince, la capitale.

"D’un coup, j’ai senti le sol trembler. Pris de peur j’ai juste eu le temps de sauter par la porte, juste avant que l’étage où se trouvaient mes collègues ne cède."
Julien Eyrard
Haiti

Julien Eyrard, coordinateur en eau, assainissement et hygiène à l’époque nous raconte la catastrophe.

« Ce jour-là j’étais au bureau comme tous les jours, c’est arrivé en fin d’après-midi vers 17h. Il n’y avait plus grand monde dans l’immeuble, heureusement. Je passais un coup de fil à une autre coordinatrice, Sophie, qui était dans une de nos bases, celle de Gonaive. D’un coup, j’ai senti le sol trembler, j’étais au rez-de-chaussée mes collègues étaient à l’étage. Pris de peur j’ai juste eu le temps de sauter par la porte, juste avant que l’étage où se trouvaient mes collègues ne cède. Le gardien qui était dans la cuisine n’a jamais été retrouvé mes autres collègues en sont sortis indemnes. »

Sophie, notre coordinatrice logistique n’a pas le temps de finir la conversation, la ligne est subitement interrompue. On apprendra quelques heures plus tard que le quartier de Canapé Vert, où se trouvent nos bureaux, fait partie des plus touchés avec 70% destruction. Le bas de la ville, quartier populaire et quartier ministériel sont les plus affectés : Carrefour Feuille, Martisan, Carrefour sont détruits à 85%.

Entre Paris et Haïti une réponse s’organise, c’est la première fois que nous faisons face à un séisme en plein cœur urbain mais nous avons déjà répondu à des urgences similaires dans le passé. Le lendemain du tremblement de terre nos équipes à Paris s’organisent autour des actions à mener sur la base des expériences passées (tremblement de terre en Iran, celui du Pakistan et le Tsunami).

 

haiti 2010 camp grosjean © Lucile Grosjean pour Action contre la Faim
haiti 2010 décombres aujard © Richard Aujard pour Action contre la Faim
haiti 2010 enfants aujard © Richard Aujard pour Action contre la Faim
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La coordination s’effectue entre les différents sièges de l’organisation pour apporter du matériel dans le pays. Dans ce type de situation maintenir le contact avec les équipes sur place est primordial, cela a pu être fait grâce à un téléphone satellite car toutes les lignes de communication étaient coupées.

Il faut également faire des appels à dons pour pouvoir assurer une disponibilité des stocks d’urgence. Dans la nuit du 13 au 14 janvier près de 70 000 euros ont été collectés auprès de bailleurs et 150 000 via notre site web grâce à un élan de générosité du grand public.

Sur place, la priorité est l’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène. Après toute catastrophe il est indispensable de fournir cet accès à la population notamment aux personnes déplacées dans des camps. La vie dans les camps reste précaire et présente un gros risque de développement de maladies hydriques, une épidémie peut facilement se développer. Notre réponse d’urgence a été de fournir de l’eau via des camions citernes, de louer sur place des toilettes portables ainsi que de mener des séances de sensibilisation et de promotion de l’hygiène. Au total 800 000 personnes ont pu avoir un accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène décents et 1,5 millions de litres d’eau chlorée ont pu être distribués à 400 000 haïtiens chaque jour.

De l’urgence à la transition

 

Un an après le bilan est lourd, 220 000 morts et près de 400 000 blessés. Plus d’un million de personnes sont encore sans abris. Pendant l’année qui a suivi, nous avons pu mobiliser 15 millions d’euros pour aider plus de 900 000 haïtiens.

Notre réponse d’urgence a pu fournir 19 475 kits de première nécessité distribués après le séisme, 3 millions d’euros ont été distribués à la population sous forme de donations, de coupons alimentaires de de programmes de travail rémunéré pour que l’économie locale ne soit pas au point mort.

Nos équipes ont également dû faire face a des imprévus. Haïti n’avait pas connu de choléra depuis plus d’un siècle. Quelques mois après le choléra l’épidémie importée de l’extérieur s’est répandue dans le pays. 1 an après l’émergence de la maladie, ce sont 500 000 personnes qui ont été contaminées et près de 7000 qui en sont décédées. Nous avons pu soutenir la population face à cette nouvelle menace en distribuant des kits d’urgence et en traitant les patients. Nous avons également formés les communautés locales et rurales au chlorage de l’eau afin que chaque point d’eau soit désinfecté, le chlore est le seul à pouvoir éliminer le choléra dans l’eau.

Une fois l’urgence passée il faut donc tout reconstruire. Près de 1600 personnes ont pu avoir un soutien psychologique individualisé. Nous avons ensuite repris nos programmes pour continuer les activités que nous avions dans le pays tout en amorçant un processus de transition. La priorité était d’accompagner le retour des personnes déplacées mais aussi améliorer l’accès aux services de base dans les quartiers les plus vulnérables. Notre volonté après le séisme est de continuer à transmettre et intégrer nos activités dans les structures locales et viser à développer des programmes pour réduire l’impact des catastrophes naturelles et mieux s’y préparer.

Après le séisme nous avons créé un programme sur mesure pour la population haïtienne vivant dans les camps grâce à un programme de maraîchage urbain. Ce programme a répondu à 3 enjeux différents, le manque d’espace dans la capitale en particulier dans les camps, le manque de diversification et les faibles moyens de la population. Concrètement nous avons aménagé des pépinières et des potagers en plantant aubergines, tomates, oignons, poireaux…

Un petit comité est chargé d’entretenir cette pépinière comme le raconte Michel

Jean Kleber, un des membres du comité : « Nous sommes 4 personnes du camp en charge de cette pépinière. Pour cela, nous avons suivi des formations dispensées par Action contre la Faim : comment faire des plates-bandes, semer, désherber, dégarnir et transplanter les plants. J’ai trouvé ça très intéressant. Nous avons fait pousser les graines jusqu’à obtenir beaucoup de petits plants : ça pousse bien ! »

Ces plants ont ensuite été distribués aux familles bénéficiaires, comme celle de Félix et sa femme Rachelle qui habitent dans le camp avec leurs deux enfants témoignaient en 2011: « C’est vrai qu’on a peu d’espace : notre petit abri et quelques mètres carrés autour. L’organisation nous a donné des pneus coupés en deux ainsi que des sacs de jute qui servent de bacs pour les plants, de la terre et du terreau. Avec les conseils des agronomes d’Action contre la Faim, nous avons pu repiquer des plants. Aujourd’hui, nous avons des oignons, des poivrons, des poireaux, des aubergines et des épinards. »

Haiti 2010 potager félix © Lucile Grosjean pour Action contre la Faim

Nous formons et travaillons également main dans la main avec des organisations locales pour accompagner la population à retrouver un rythme de vie normal.

Aujourd’hui les taux de sous-nutrition sont encore élevés et l’instabilité politique fait régner un climat d’insécurité, des cas de choléra sont encore présents dans le pays mais l’épidémie est contenue dans le nord-est de l’île. Nos activités pour soutenir la population et traiter la sous-nutrition continuent. En 2018 nous avons pu soutenir 174 460 personnes sur l’île de Haïti grâce à des programmes d’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène, mais également en nutrition et sécurité alimentaire.

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