Près de 5 millions de personnes dans une crise de la faim

En Haïti, la moitié de la population est aujourd’hui confrontée à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, selon un nouveau rapport publié le 22 mars par Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un comité indépendant d’experts en sécurité alimentaire et en nutrition des Nations unies, de gouvernements et d’ONG, dont Action contre la Faim, qui opère en Haïti depuis 1985.

Le rapport révèle que 1,64 million de personnes sont au bord de la famine. Des semaines de violence sans précédent de la part des gangs ont entraîné la fermeture de l’aéroport et du port de Port-au-Prince, paralysant la capitale et la plus grande ville du pays et ayant des effets dévastateurs sur l’ensemble du pays. L’insécurité a forcé environ 362 000 personnes à fuir leur domicile.

La nourriture, le carburant et d’autres produits de première nécessité n’arrivent pas sur les marchés et les niveaux d’insécurité alimentaire augmentent dans tout le pays alors que moins de produits arrivent à Port-au-Prince pour être distribués dans tout le pays. La hausse des prix, la baisse des rendements agricoles due à la sécheresse et l’insuffisance de l’aide humanitaire mondiale ont également contribué à la détérioration dramatique de l’insécurité alimentaire.

Haïti importe entre 50 % et 85 % de sa nourriture – en fonction de la récolte, de la saison et de la situation dans le pays – ce qui signifie que des milliers de personnes sont particulièrement vulnérables à l’inflation et à la volatilité des prix sur les marchés internationaux. Même avant la crise actuelle, l’inflation a atteint 48 % au cours des deux dernières années et ne cesse d’augmenter.

La faiblesse de la monnaie haïtienne, la gourde, et les coûts supplémentaires liés à la sécurité font que les prix à la consommation des principaux produits alimentaires sont nettement plus élevés que dans les pays voisins. Bien qu’une aide limitée soit acheminée dans le pays par hélicoptère, cette approche n’est pas une solution à long terme car elle est extrêmement complexe, coûteuse et non durable.

« Le dernier rapport des Nations unies montre que la violence armée, la hausse des prix des denrées alimentaires et la baisse de la production agricole poussent les Haïtiens dans une situation de catastrophe humanitaire. Il est urgent de trouver une solution politique durable pour rétablir l’ordre et mettre fin à la flambée de violence, ainsi que d’accélérer l’acheminement des fournitures d’aide humanitaire dans les zones sûres telles que le Cap-Haïtien. Il n’est pas trop tard pour éviter une catastrophe en Haïti », déclare Martine Villeneuve, directrice du bureau pays d’Action contre la Faim en Haïti.

Action contre la Faim exhorte les acteurs locaux, nationaux et régionaux à organiser l’acheminement rapide des fournitures humanitaires et des denrées alimentaires par les ports et aéroports secondaires, notamment celui de Cap Haïtien. Bien que les ports secondaires ne soient pas une solution parfaite, de nouvelles approches sont essentielles pour aider à résoudre la crise actuelle.

Action contre la Faim demande également le financement de programmes susceptibles de promouvoir la sécurité alimentaire et de réduire la dépendance à l’égard des importations. Action contre la Faim fournit des semences et du matériel pour aider les gens à planter des aliments nutritifs et à croissance relativement rapide, comme les tomates et les concombres. Elle considère également qu’il est possible d’investir dans des cultures commerciales telles que le manioc et les arachides, qui peuvent constituer une source de revenus et d’emplois.

Malgré les besoins croissants, l’aide à Haïti a considérablement diminué. En 2023, seuls 34 % des appels de fonds liés à la faim en Haïti ont été satisfaits, ce qui laisse un déficit de financement de 66 %. Depuis le début de l’année, le plan de réponse humanitaire pour Haïti n’a reçu que 6,5 % des fonds demandés. Les dons sont essentiels pour sauver des vies et permettre une réponse concertée des ONG dans le pays.