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Témoignages

Yémen

Travailler en zone de conflits, la survie au quotidien

Nos équipes sont au cœur de la réponse humanitaire depuis le début de la guerre en 2015. Elles essayent tant bien que mal d’apporter leur aide pour atténuer les souffrances des personnes déplacées et des communautés d’accueil vulnérables.
Caitlin Cockcroft, directrice du Département Santé Mentale et Pratiques de Soins au Yémen est l’une d’entre eux. Elle partage avec nous son expérience et nous donne un aperçu du quotidien de ses collègues yéménites.

 

« Après un an à travailler sur la mission Yémen, et 10 mois sur le terrain entre Sana’a, la capitale dans le nord du pays, et Aden, le siège du gouvernement et, de fait, capitale au Sud, je commence seulement à saisir la complexité de la guerre au Yémen et l’impact qu’elle a et continue d’avoir sur son peuple. La situation humanitaire dans le pays est, de toute évidence, incroyablement vaste et étendue. »

Une crise MULTI-SECTORIELLE

« Il y a tellement de niveaux d’impact, sur tellement de personnes différentes dans le pays, qu’on a l’impression qu’il n’y a pas une seule crise humanitaire mais plusieurs à la fois.Dans certaines régions, il n’y a pas de nourriture, dans d’autres, les gens n’ont pas les moyens d’en acheter. Certaines personnes sont psychologiquement traumatisées par ce qu’elles ont vu, entendu ou vécu. Les histoires se ressemblent mais chacune d’entre elles est unique.

 

Chaque personne au Yémen, chacune des 29 millions de personnes est touchée, de manière dramatique et irrémédiable par le conflit. Leurs moyens d’existence ont été perdus, affectés ou entièrement changés. Leur pouvoir de décision, leur indépendance et leur autosuffisance sont irrévocablement modifiés. Leurs relations, le tissu social et les traditions ont dû se plier pour s’adapter aux nouveaux modes de vie créés par les conflits.

La nouvelle génération d’enfants yéménites, née pendant le conflit, n’a rien connu d’autre que la guerre. La façon de penser, de prendre des décisions, de faire face et d’assurer la santé mentale de chacun est maintenant en proie la guerre. »

l’indifférence

« Chaque fois qu’il y avait une attaque aérienne à Sana’a, l’équipe locale me disait « c’est normal, on a l’habitude », et je n’y croyais pas, jusqu’à ce que ça devienne normal pour moi aussi. Je me suis alors sentie naïve d’avoir remis en question leur indifférence. J’ai réalisé que les traumatismes, réguliers, inexorables, peuvent devenir « normaux », mais qu’ils ont toujours un impact sur le corps, les organes, ravivant le stress à chaque fois, sans qu’on s’en rende compte. Mes collègues yéménites me disaient qu’ils allaient bien, qu’ils ne s’en rendaient pas compte, qu’ils s’en fichaient, qu’ils n’avaient pas peur, mais leur visage, ou leurs sursauts instinctifs quand la bombe explosait montraient le contraire.
La conséquence d’une guerre sans fin c’est que pour survivre, on ne peut pas vivre dans la peur, et donc il faut faire taire cette partie de son cerveau qui nous rappelle le danger dans lequel on se trouve. Ils m’expliquaient leur peur à travers celles de leurs enfants : « Nous allons bien, nous avons l’habitude, mais les enfants pleurent et crient lorsqu’ils entendent les avions. Au début lorsque nous entendions les avions dans la nuit, nous les réveillions et tapions sur les poêles et casseroles dans le sous-sol pour faire du bruit un jeu. Maintenant ils ont grandi, ils comprennent, mais continuent de crier et de pleurer ».

 

« La situation humanitaire dans le pays s’est bien sûr dégradée depuis mon arrivée. Mais il y a aussi un grand réseau d’organisations non-gouvernementales nationales et internationales qui travaille très dur tous les jours, toute l’année, pour s’assurer que les besoins fondamentaux des populations sont couverts. Si ces organisations n’étaient pas là, il y aurait un nombre incroyablement plus grand de morts, de blessées, et de personnes souffrant, sans répit ni espoirs. »

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