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Témoignages
Malgré son inquiétude, Kazi reconnaît qu’à minima sa famille est désormais en sécurité mais il questionne la lenteur des opérations militaires.
« A Intisar, l’armée irakienne a avancé très lentement. Combien de temps ça va durer ? Va-t-on retrouver notre maison ? Les habitants de Mossoul sont pris en étau. On a beaucoup de proches qui y sont restés, on leur parle tous les jours. Il y a des bombes sans arrêt, ils restent terrés chez eux, ils n’ont plus rien à manger ».
Des visages curieux apparaissent à la porte. Kazi les invite les uns après les autres à venir s’installer sur des matelas disposés de part et d’autre de la tente. Pour la plupart, ce sont d’anciens voisins qui ont suivi le même chemin d’Intisar jusqu’au camp.
La discussion se poursuit dans un nuage de fumée. Chacun y va de son anecdote sur les privations subis, les coups, les brimades et cette vie perdue, inaccessible alors qu’elle est si proche. « On est à quelques kilomètres de chez nous mais on ne peut rien faire, on est impuissant », lâche un ancien chauffeur de taxi de Mossoul qui s’est joint à la conversation.
Pour les enfants, c’est deux dernières années ont été terribles. Mohammed, l’un des fils de Khazir, âgé d’une dizaine d’années fait part de sa frustration : « Pendant deux ans on est resté à la maison, je veux retourner à l’école. » Cette dernière n’était pas obligatoire à Mossoul et Mohammed comme ses frères et sœurs n’a pas été scolarisés. « Les gens d’ISIS avaient changé tous les livres d’école, ils ont mis des choses sur les armes, la mort. On ne voulait pas y aller ». En attendant de pouvoir retourner sur les bancs de l’école, le jeune garçon s’ennuie. « Il n’y a rien ici, je suis déprimé mais c’est quand même mieux que Mossoul », lâche le garçon en faisant rouler machinalement la pierre d’un briquet sous son index.
Dans une autre tente, parmi les 6,000 que compte le camp, une famille du même quartier d’Intisar s’apprête à déjeuner. Assis en tailleur sur un fin matelas fleuri, Fouad, 62 ans, ressasse sa vie d’avant : « j’étais vitrier, j’avais une bonne situation, une boutique au centre de Mossoul. Tout fonctionnait bien, je gagnais ma vie, on ne manquait de rien. Mais quand je les ai vu arriver, j’ai su que ça allait mal se passer. Ils sont venus au nom de l’Islam, ils ont parlé au nom de l’Islam mais ils n’ont jamais respecté notre religion. Ils nous ont forcé à nous plier à leurs règles, ils nous ont dit ce que nous pouvions faire ou non, c’était inhumain. Au fond, ils n’aspiraient qu’à une seule chose : tuer des gens sous n’importe quel prétexte ». Fouad s’en est mieux tiré que beaucoup d’autres, il a pu garder son échoppe même si chaque mois il devait payer une taxe. « Ils venaient tous les mois, ils disaient qu’ils prenaient cet argent pour les pauvres mais ils le gardaient pour eux, je le sais. »
Fouad garde un petit espoir sans pour autant être enthousiaste quant à l’avenir :
"Il n’y aura pas de futur tant qu’il y aura Daesh. S’ils partent, la vie pourra peut-être reprendre mais ça demandera beaucoup d’efforts"
Au fond de la tente, sa mère cuisine. La dame d’un certain âge tourne le dos à la conversation mais se retourne et opine régulièrement de la tête pour confirmer les propos de son fils lorsqu’il raconte l’horreur des mois passés. Une odeur de friture emplit l’espace et le frère de Fouad rentre à son tour dans la tente. Il est 13h, il est temps de déjeuner. « Que Dieu vienne en aide au peuple irakien », clame la vieille femme en éteignant son réchaud à gaz.
Irak
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