Votre navigateur internet n'est pas à jour.
Si vous souhaitez visionnez correctement le site d'Action contre la Faim, mettez à jour votre navigateur.
Trouvez la liste des dernières versions des navigateurs pris en charge ci-dessous.
Aucun résultat correspondant…
Aucun résultat ne semble correspondre à ce que vous recherchez, veuillez modifier votre recherche.
À la Une
En Roumanie, Action contre la Faim vient en aide aux réfugiés les plus vulnérables dans des centres d’accueil à Iasi et à Bucarest à travers deux associations locales, Parentis et 4Change. Confrontées à un afflux exceptionnel de personnes déplacées dès le lendemain de l’invasion russe, elles ont été poussées à faire évoluer leurs modes d’action.
Depuis le début de l’escalade du conflit en Ukraine, la Roumanie a à la fois servi de pays de transit et de destination pour les Ukrainiens déplacés. Malgré les difficultés liées à l’intégration dans leur pays d’accueil, près de 100 000 ukrainiens¹, sur les environ 3 millions ayant franchi la frontière, ont l’intention de rester en Roumanie en raison de l’insécurité qui demeure en Ukraine.
La barrière linguistique, en particulier en Roumanie, les obstacles bureaucratiques, la méconnaissance de leurs droits, la précarité, le manque d’opportunités sur le marché de l’emploi ou encore la certitude de retourner en Ukraine continuent à peser sur l’intégration des réfugiés ukrainiens.
Parce que l’Ukraine a interdit aux hommes ayant l’âge de la conscription de quitter le pays en février 2022, environ 85 % des réfugiés ukrainiens sont des femmes et des enfants, dont les priorités sont la nourriture, le logement, les soins de santé et l’éducation. Beaucoup de réfugiés sont aussi des personnes âgées de plus de 65 ans, des personnes en situation de handicap ou souffrant de maladies chroniques, dépendantes de l’aide pour satisfaire leurs besoins fondamentaux.
Action contre la Faim, dès le lendemain de la guerre en Ukraine, a appuyé plusieurs associations roumaines, dont Parentis et 4Change, dans la mise en œuvre d’une réponse humanitaire d’urgence, assurant la provision de biens essentiels et soutenant la mise en œuvre de programmes de santé mentale et appui psychosocial, la prévalence des troubles mentaux augmentant pendant les périodes de conflits².
Afin d’assurer la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance pour les personnes les plus vulnérables, Action contre la Faim a mis en œuvre des programmes d’aide financière par l’intermédiaire de partenaires locaux établis dans les principales zones frontalières du pays.
Depuis avril 2022, environ 2200 réfugiés ukrainiens ont reçu l’équivalent de 150 euros par mois durant 3 mois afin d’accéder à l’alimentation, à des médicaments, aux transports, au logement et à l’éducation.
« La spécificité de notre intervention en Roumanie est qu’elle s’adresse aussi aux partenaires locaux. Nous aidons des structures locales à développer leur capacité d’intervention dans le domaine de l’assistance financière, qui n’existait pas vraiment en Roumanie auparavant. Nous contribuons également au renforcement de leurs capacités organisationnelles afin qu’elles puissent étendre leurs services à la population, accéder à des financements internationaux et faire face à d’autres crises » explique Dorota Jezyk, responsable des programmes de sécurité alimentaire et moyens de subsistance et des programmes d’assistance financière à Suceava.
Au centre Lacul Tei de Bucarest, un des plus grands centres d’accueil de réfugiés en Roumanie, Action contre la Faim soutient l’association 4Change, qui fait partie des administratrices du centre. Situé dans des locaux auparavant réservés aux étudiants de la faculté technique construction, le centre héberge une centaine de personnes en situation d’extrême vulnérabilité. Depuis l’arrêt des subventions municipales, le 1 septembre dernier, Action contre la Faim est la seule organisation à fournir des aliments pour les résidents du centre.
Valentina, retraitée originaire de Mykolaiv, au sud de l’Ukraine, a vu son bloc d’immeubles en partie détruit par un tir de roquette. Lorsque sa voisine a décidé de rejoindre la Roumanie, elle lui a demandé de l’emmener avec elle. Toutes les deux vivent désormais au centre, ce qui leur permet d’avoir accès aux services essentiels et notamment aux soins de santé.
« L’état de santé de Valentina était très préoccupant quand elle est arrivée au centre. Nous avons même dû appeler son fils pour l’informer de la situation car nous pensions qu’elle ne se rétablirait pas. Désormais, elle bénéficie d’un suivi médical et son état de santé s’est amélioré » confie Maksym, un des étudiants de la faculté technique de construction qui s’est porté volontaire au centre dès le début du conflit.
A l’instar de Sergey, retraité originaire du Donbass, les derniers pensionnaires du centre sont dans l’impossibilité de trouver un travail et un logement. Sergueï est arrivé au centre avec son épouse au début de la guerre, poussé à l’exode par de violents affrontements. Sa pension de retraite est trop faible pour couvrir l’intégralité de leurs besoins. « Nous ne manquons de rien au centre, mais j’aspire tout de même à retrouver le calme de ma maison » admet Sergey.
« Apprendre le roumain et trouver un emploi est impossible pour certains ukrainiens. Mais surmonter le traumatisme de la guerre reste pour eux le plus grand des défis, signale Aurelia Pasare, présidente de l’association Change. Ils ont été séparés de leur famille et certains ont des proches qui ont été tués pendant la guerre. Certaines femmes du centre ont des maris qui sont morts au combat ou dont la vie se joue au front en ce moment même ».
Basé en périphérie de Iasi, au nord-est de la Roumanie, le centre Nicolina est un refuge pour des centaines d’ukrainiens forcés de quitter leur pays. Il est géré par quatre ONG locales, dont l’association Parentis, partenaire d’Action contre la Faim depuis les prémisses de la guerre en Ukraine. Le centre propose une solution d’hébergement, des repas chauds, un magasin social³ et des activités destinées aux enfants comme aux adultes.
Des sessions d’appui psychique et psychosocial encadrées par Action contre la Faim aident les personnes réfugiées à surmonter le traumatisme de la guerre et facilitent l’adaptation à leur nouvel environnement. Ces séances hebdomadaires leur permettent de s’ouvrir, de partager leurs émotions et d’évoquer les difficultés rencontrées au quotidien.
« Avec Action contre la Faim, nous avons mis en œuvre une réponse humanitaire d’urgence, suivie de projets en santé mentale basés sur des séances de thérapie collectives et individuelles, des pratiques de soin et des conseils en planification familiale, explique Lioredana Ciofu, vice-présidente de Parentis. Même si ces personnes sont sur le chemin de l’intégration dans la société d’accueil, la santé mentale reste un besoin primordial dans leur processus de reconstruction » ajoute-t-elle.
Comme beaucoup d’ukrainiens qui participent aux séances de thérapie à travers l’expression artistique, Anatoli a fui Kherson, occupée par les forces russes, pour protéger sa fille de 7 ans. Son appartement a été partiellement détruit par un tir de roquette et il n’est pas envisageable de repartir en Ukraine compte tenu du contexte d’insécurité.
« Parler nous permet de nous éloigner un instant des problèmes que nous rencontrons à la maison et de notre situation lorsque nous étions en Ukraine. Les sessions de thérapie avec Alina (ndlr : la psychologue du centre) m’ont énormément aidé. J’étais brisé et Alina m’a aidé à sortir de cette mauvaise passe. J’ai toujours des problèmes mais je sais que je vais les résoudre petit à petit » affirme Anatoli.
Larysa et son fils Kirill assistent chaque semaine aux sessions de thérapie collectives au centre Nicolina, qui est un des rares à avoir accepté la prise en charge de Kirill, atteint d’autisme.
« Je n’ai raté aucune des séances et maintenant j’étudie à l’université de Iasi pour devenir travailleur social. Je me suis fait beaucoup d’amis ici. Je suis vraiment très triste d’avoir quitté ma maison en Ukraine mais, d’un autre côté, je suis soulagé de ne plus entendre le bruit incessant des bombardements » raconte Kirill avec émotion.
Les patients pris en charge lors des séances de soutien en santé mentale et appui psychosocial souffrent de troubles mentaux qui vont du trouble anxieux à la dépression sévère, mais aussi de stress post-traumatique et de troubles nécessitant une prise en charge psychiatrique. Alina Raveica, une des psychologues du centre, les aide à reprendre le contrôle et à retrouver un sens à leur vie. Pour autant, elle admet que certains cas s’avèrent difficiles à gérer émotionnellement.
« Le traumatisme secondaire est un risque qui pèse sur les psychologues et les travailleurs psychosociaux. Récemment, un des psychologues du centre a été profondément touché par l’histoire d’une dame âgée dont le fils unique a été tué pendant la guerre. Durant nos séances de supervision, nous soutenons les psychologues et travailleurs psychosociaux dans l’exercice de leurs fonctions » déclare Catalina Balaniscu, psychologue clinicienne et responsable des programmes de santé mentale et appui psychosocial pour Action contre la Faim à Iasi.
Si beaucoup d’ukrainiens évoquent leur désir de rejoindre leur pays d’origine, la grande majorité d’entre eux n’ont d’autre choix que de rester dans leur pays d’accueil du fait de la poursuite des hostilités. Il est donc essentiel de favoriser la cohésion sociale entre les personnes déplacées et les communautés d’accueil sur le moyen et long terme.
« Beaucoup de gens sont en Roumanie depuis un moment maintenant et nous les aidons désormais à devenir actifs et à s’engager dans des projets académiques et professionnels. Il est important qu’ils puissent se projeter et mener une vie normale malgré tout » explique Catalina.
Les efforts spontanés des communautés d’accueil ont joué un rôle essentiel dans le soutien aux personnes ayant fui l’Ukraine. Cependant, près de 18 mois après le début du conflit, les sources de financement publiques comme privées s’amenuisent. Cette situation est source d’inquiétude, d’autant plus que l’approche de l’hiver laisse présager une possible intensification des attaques contre les infrastructures énergétiques.
À l’instar de l’année précédente, les associations qui gèrent le centre Nicolina et le centre Lacul Tei craignent qu’un nombre massif de personnes ukrainiennes ne se déplace vers les pays voisins. Une situation particulièrement alarmante dans la mesure où certains réfugiés dépendent entièrement de l’aide des ONG internationales mais aussi de celles du programme 50-20⁴, lancé par le gouvernement roumain en réponse à la crise des réfugiés.
« Certaines personnes ne seront pas en mesure de prendre leur autonomie après la fin du programme 50-20, annoncée pour le mois de décembre. Il est donc primordial de continuer à plaider en faveur de la prise en charge des réfugiés ukrainiens au-delà de cette date butoir » insiste Aurelia Pasare, présidente de l’association 4Change.
[1] https://reliefweb.int/report/romania/unhcr-romania-ukraine-refugee-situation-update-weekly-update-61-28-august-2023
[2] https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/mental-health-in-emergencies#:~:text=Selon%20l’examen%20de%20l,4%20%25%20pour%20les%20formes%20mod%C3%A9r%C3%A9es
[3] Le magasin social du centre Nicolina propose une offre variée de vêtements et biens de consommation, qui peuvent s’acheter en utilisant une monnaie factice, la « ROUA », créée par les associations qui gèrent le centre.
[4] https://dopomoha.ro/en/the-5020-program
Roumanie
Tout ce qui fait l'actualité de notre Action : articles, événements, témoignages, communiqués de presse…