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ukraine © Arthur de Poortere pour Action contre la Faim

À la Une

Ukraine

À Ivanivka, les stigmates de la guerre pèsent sur la reconstruction

Action contre la Faim est une des rares organisations à acheminer l’aide humanitaire dans cette zone rurale isolée. Chaque mois, nos équipes fournissent une aide financière non conditionnelle et des séances de soutien en santé mentale et appui psychosocial à environ 250 personnes.

Pour se rendre au village d’Ivanivka, situé dans l’oblast de Kharkiv, il faut passer par la route qui traverse Izioum, ville martyre occupée près de sept mois¹ par les forces russes et rendue tristement célèbre par la découverte de plusieurs charniers.

 

Vestiges de la contre-offensive dans la région, plusieurs chars d’assaut brûlés ont été abandonnés sur le bas-côté des routes de campagne. Des missiles continuent de joncher le sol et de nombreuses bandelettes blanches signalent la présence de résidus explosifs de guerre, qui ont mis un terme à la production agricole et représentent une menace latente pour la population, en particulier pour les enfants. Selon les autorités ukrainiennes, un tiers du territoire ukrainien, environ 170 000 kilomètres carrés, serait couvert de résidus explosifs de guerre. Ce n’est qu’au terme de dizaines d’années et d’un investissement financier colossal que ces résidus de guerre seront éliminés.

Pendant des mois, le village d’Ivanivka n’est situé qu’à quelques dizaines de kilomètres de la ligne de front. De nombreuses habitations sont détruites et plusieurs personnes sont tuées par des frappes indiscriminées. La plupart des habitants sont alors forcés de se déplacer à l’intérieur du pays, notamment à l’ouest, mais beaucoup sont revenus lors d’une période de relative accalmie, à l’été 2023.

Action contre la Faim est une des rares organisations à intervenir à Ivanivka, à travers des programmes d’assistance financière non conditionnelle de trois mois et des sessions collectives de soutien psychologique et psychosocial. Chaque mois, environ 250 personnes bénéficient de ce soutien essentiel.

 

19.09_7-min © Arthur de Poortere pour Action contre la Faim
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L’impact du conflit sur les moyens de subsistance

 

Encore aujourd’hui, la guerre fait payer un lourd tribut aux habitants d’Ivanivka. La poursuite des hostilités a entraîné des destructions majeures d’infrastructures et d’habitations privées et les membres de la communauté, majoritairement sans emploi, se retrouvent dans des situations d’extrême précarité.

Les dommages aux infrastructures de stockage et la présence de résidus explosifs de guerre freinent la reprise des activités agricoles. Comme Valentyna Balan, bénéficiaire des programmes en santé mentale et soutien psychosocial (SMPS) et en sécurité alimentaire et moyens d’existence (SAME), et son époux, de nombreuses familles et petits producteurs se retrouvent dans l’impasse. « Avant la guerre, mon mari travaillait la terre et moi je l’aidais. Mais nous n’avons plus de travail car tous les terrains sont minés », déplore-t-elle. Valentyna et son mari dépendent désormais de l’aide pour accéder aux biens et services essentiels.

« Il y a quelques jours, un agriculteur a ramassé une mine à fragmentation pendant qu’il cultivait la terre », confirme Volodymyr Nesterov, déplacé originaire de Kramatorsk et bénéficiaire des programmes en sécurité alimentaire et moyens d’existence (SAME). « Il a appelé les secours, qui ont ensuite fait exploser la mine. Il a été extrêmement chanceux car la mine n’a pas explosé. Si cela avait été le cas, il ne serait plus en vie. »

 

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En mettant fin aux moyens de subsistance de nombreux petits producteurs agricoles, les mines et autres résidus explosifs de guerre épuisent la résilience des communautés et contribuent à accentuer l’insécurité alimentaire dans le grenier à blé de l’Europe.

 

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L’aide financière non conditionnelle couvre une partie des besoins essentiels des ménages, notamment la nourriture, les médicaments, mais aussi le logement. Dans cette région où les hivers sont particulièrement rudes, certains des habitants d’Ivanivka utilisent une partie de l’aide financière non conditionnelle pour réparer les fenêtres et les toits ravagés de leur maison. « Notre maison est très endommagée à cause d’une bombe qui est tombée dans notre cour. Tout a été détruit. Nous avons simplement recouvert les fenêtres de contreplaqué. Il faisait très froid. Je ne sais pas comment nous avons survécu à l’hiver » explique Valentyna Balan.

« C’est grâce à votre organisation que nous avons un peu de soutien financier. Mon mari travaillait à l’école mais elle est fermée. Je ne travaille pas non plus. Mes parents sont âgés et ils ont besoin de médicaments » ajoute Nadiya Sortkova, voisine de Valentyna et bénéficiaire des programmes en santé mentale et soutien psychosocial (SMPS) et en sécurité alimentaire et moyens d’existence (SAME).

 

Panser les plaies psychiques liées au conflit

 

De nombreux habitants d’Ivanivka sont exposés à diverses formes de troubles mentaux du fait du conflit, à l’image de 10 millions d’ukrainiens, soit un quart de la population selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour certains, la gravité du traumatisme requiert des séances de thérapie régulières et durables.

 

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A quelques mètres de chez elle, Valentyna Balan a été témoin d’un évènement traumatique qui l’a meurtrie dans sa chair. « Pas loin de notre cour, un garçon de 12 ans a été réduit en morceaux par une bombe et c’était très difficile à vivre. Le fait que des psychologues viennent nous voir ici est très utile, parce que traverser tout cela est très difficile » soupire-t-elle.

« Le fait que les enfants et les petits-enfants soient toujours là fait qu’on s’inquiète en permanence pour eux. On s’inquiète aussi pour soi-même et pour ses parents qui sont déjà si vieux et ont besoin d’aide. Cela nous aide de partager notre douleur durant ces séances » reprend Nadiya Sortkova.

Les séances de soutien en santé mentale et appui psychosocial regroupent jusqu’à 15 personnes. Elles sont menées conjointement par une psychologue et une travailleuse psychosociale dans une salle prêtée par la commune. Cette activité de stabilisation émotionnelle vise à améliorer l’état des patients de manière immédiate et leur apporte réconfort et soulagement. « Nous leur apprenons des techniques simples pour qu’ils puissent se relaxer, se débarrasser des émotions négatives et s’aider eux-mêmes » explique Yulia Dikalova, responsable des programmes en santé mentale et soutien psychosocial (SMPS) de la base de Kharkiv.

Nadia Dubinskaya, la bibliothécaire du village, a décidé de se rendre à ces séances du fait de la guerre mais aussi pour surmonter le deuil de son père. « Ces séances m’ont aidée et je me sens mieux. Olga (ndlr : la psychologue) m’a aidée avec ses ressources. Cela m’a permis de me détendre et de sortir du traumatisme psychologique, confie-t-elle. Je le recommande à tout le monde parce que notre village a connu la guerre. Certaines personnes ont peur au moindre bruit du quotidien. Le bruit d’un portail qui s’ouvre ou d’une voiture qui passe. Il y a cette peur latente. »

 

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Fournir les services de base aux communautés au plus près du conflit

 

Dès l’escalade du conflit, les programmes d’intervention d’Action contre la Faim se sont basés sur le principe de localisation², en soutenant les actions menées par des organisations ukrainiennes locales.

Dans l’oblast de Kharkiv, Action contre la Faim met en œuvre des activités de sécurité alimentaire et de moyens de subsistance à travers des distributions de repas chauds une aide financière non conditionnelle avec des organisations locales. ACF intervient également dans le domaine de la santé, en soutenant les centres de soins de santé primaires et en mettant en œuvre des programmes de soutien psychologique et psychosocial. Le dernier volet d’intervention consiste à faciliter l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement en appuyant l’action des Vodokanals, agence ukrainienne de la gestion et de l’approvisionnement de l’eau, et en distribuant des kits d’hygiène aux personnes affectées par le conflit.

« Dans la région de Kharkiv, il y a un besoin croissant d’assistance humanitaire, martèle Marie Lamothe, coordinatrice terrain d’Action contre la Faim à Kharkiv. La région offre la principale concentration de déplacés internes au niveau national, avec plus de 600 000 personnes déplacées. Cette forte concentration de déplacés suppose une approche intégrée de tous nos secteurs d’intervention, afin de nous assurer que nous maximisons l’impact des programmes. »

20 mois après l’escalade du conflit, l’acheminement de l’aide humanitaire dans les zones proches de la Fédération de Russie et de la ligne de front reste un véritable défi pour les organisations humanitaires. Selon OCHA, seule 4% de l’aide humanitaire serait acheminée dans les zones proches de la ligne de front. « A Kharkiv par exemple, nous pouvons être atteints par une frappe d’artillerie en moins de 45 secondes, ce qui signifie que nous devons opérer dans un environnement hautement imprévisible » précise Marie Lamothe.

La stabilisation de la ligne de front en dépit de la contre-offensive ukrainienne ainsi que les nouvelles vagues de conscription, en Ukraine, en Russie, mais aussi dans les territoires ukrainiens annexés, font planer le spectre de la guerre longue.

En outre, à l’instar de l’hiver 2022, l’arrivée de l’hiver fait craindre une intensification des frappes sur les infrastructures énergétiques, ce qui pourrait conduire à une augmentation dramatique des besoins humanitaires et à de nouveaux déplacements massifs de population.

 

A propos d’Action contre la Faim en Ukraine

 

Action contre la Faim a travaillé en Ukraine de 2014 à 2018, avant de reprendre ses interventions dès février 2022. Aujourd’hui, la coordination d’ACF est basée à Kyiv et les activités se centrent sur deux zones distinctes :

  • A l’Ouest de l’Ukraine (base de Tchernivtsi), où les activités se concentrent sur l’aide aux personnes déplacées et à la communauté d’accueil.
  • A l’Est de l’Ukraine (bases de Dnipro et Kharkiv, avec des actions mises en œuvre dans les oblasts de Zaporijia, Donetsk et Sumy) en faveur des populations très vulnérables directement touchées par le conflit, en direct par les équipes ACF mais aussi par l’intermédiaire de partenaires humanitaires déjà présents sur le terrain.

Action contre la Faim a l’intention d’étendre son intervention au sud du pays, aux régions d’Odessa et de Mykolaiv, en donnant la priorité à la distribution de nourriture et de produits de première nécessité.

De février à décembre 2022, Action contre la Faim est venue en aide à 480 716 personnes, dans les domaines suivants :

  • Santé et nutrition : 65 136 bénéficiaires
  • Sécurité alimentaire : 132 874 bénéficiaires
  • Eau, assainissement et hygiène : 281 238 bénéficiaires
  • Santé mentale et soutien psychosocial : 1 468 bénéficiaires

 


[1] Izioum est occupée par les forces russes de mars à fin septembre 2022. Le village d’Ivanivka est située à une cinquantaine de kilomètres d’Izioum.

[2] La localisation consiste à accroître l’investissement international et le respect du rôle des acteurs locaux, dans le but d’augmenter la portée, l’efficacité et la redevabilité de l’action humanitaire.

 

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