Votre navigateur internet n'est pas à jour.
Si vous souhaitez visionnez correctement le site d'Action contre la Faim, mettez à jour votre navigateur.
Trouvez la liste des dernières versions des navigateurs pris en charge ci-dessous.
Aucun résultat correspondant…
Aucun résultat ne semble correspondre à ce que vous recherchez, veuillez modifier votre recherche.
À la Une
Janet Mwendo, 60 ans, est agent de santé communautaire dans la région de Singida, en Tanzanie, où son engagement envers sa communauté lui a valu le surnom de « docteure des rues ».
Pendant quatre ans, elle a fait du porte-à-porte dans son village et dans les villages voisins pour contrôler la santé et la nutrition des enfants et aider les parents et les personnes ayant des enfants à charge à les maintenir en bonne santé.
En Tanzanie, 14 % des enfants de moins de cinq ans souffrent d’insuffisance pondérale, et 34 % de malnutrition chronique. À mesure que les mères de famille et les personnes ayant des enfants à charge découvrent les bonnes pratiques en matière de santé et de nutrition pour elles-mêmes et leurs enfants, la faim diminue. Et c’est là que Janet intervient.
Janet fait partie des 290 agents de santé communautaires formés par Action contre la Faim dans la région de Singida. Deux jours par semaine, elle rend visite à différents membres de sa communauté, dont des enfants souffrant de sous-nutrition, des femmes enceintes et des mères allaitantes. Elle travaille dans 14 communes, chacune comptant environ cinq villages. Elle passe le reste de sa semaine à l’hôpital de Kiomboi, où Action contre la Faim soutient une unité d’alimentation thérapeutique. Elle y aide les patients à qui elle a recommandé de se rendre à l’hôpital pour recevoir un traitement.
Lors de ses visites à domicile, Janet porte un t-shirt Action contre la Faim, une jupe longue aux couleurs vives, un pull et un sac à main. Dans son sac à main (et dans sa tête), elle a tout ce dont elle a besoin pour examiner ses patients et partager ses connaissances : un ruban de mesure du périmètre brachial, utilisé pour détecter la sous-nutrition chez les enfants et les femmes enceintes, un stylo, un carnet de notes, un manuel de santé et un guide pédagogique.
L’objectif de Janet est de sensibiliser à la nutrition et à des pratiques alimentaires saines, ainsi que d’expliquer les conséquences d’une mauvaise alimentation sur la santé. Sa formation lui permet d’offrir à ses voisins une éducation et des solutions aux défis auxquels ils sont confrontés.
Il y a quelques années, Janet n’était pas certaine d’en faire assez pour sa communauté. Elle a donc commencé à la sensibiliser au VIH, et sa contribution a été reconnue. Quand Action contre la Faim a commencé à former des agents de santé, Joyce, infirmière à l’hôpital de Kiomboi, s’est souvenue du travail de Janet et a proposé sa candidature. Janet, qui travaille désormais en tant qu’agent de santé communautaire, la remercie encore aujourd’hui de l’avoir mentionnée.
« Il n’y a rien ne plus satisfaisant que de voir des enfants qui étaient très faibles et qui souffraient de sous-nutrition jouer devant leur maison, le sourire aux lèvres.
Voir qu’ils sont de nouveau capables de sourire me rend heureuse. Certains viennent me voir en courant et me sautent dans les bras lorsque je leur rends visite. » – Janet
Lors de ses visites, Janet partage ses connaissances dans le domaine de la santé pour améliorer les habitudes alimentaires des enfants, des femmes enceintes et des mères allaitantes. Elle explique aux parents comment avoir une alimentation saine et les informe sur les habitudes alimentaires qui leur permettront de soutenir la croissance de leurs enfants et de prévenir la sous-nutrition. Janet vient également en aide aux femmes enceintes, en leur conseillant de se rendre dans des centres de santé maternelle dès qu’elles apprennent qu’elles sont enceintes, et en leur expliquant quels aliments les femmes enceintes et les mères allaitantes doivent privilégier.
Au départ, il n’était pas facile pour Janet de convaincre les parents que la sous-nutrition pouvait être soignée. Certains parents ont refusé de la laisser examiner leurs enfants parce qu’ils ne croyaient pas en son approche ni en sa formation. Mais les choses ont changé, et aujourd’hui, presque personne ne s’oppose à la mission de Janet et ne nie son dévouement envers sa communauté.
« Le porte-à-porte n’a permis de convaincre un grand nombre de personnes de se rendre à l’hôpital pour recevoir un traitement approprié, ce qui n’était pas chose facile. La plupart des parents emmenaient leurs enfants chez des guérisseurs traditionnels, car ils pensaient qu’ils avaient été ensorcelés », explique Janet.
Rehema Hamis est l’une des personnes que Janet a fait changer d’état d’esprit. Lorsque sa petite-fille, Eliciana, est tombée malade, elle pensait qu’elle avait été ensorcelée. Janet lui a rendu visite et a lui a expliqué qu’elle souffrait de sous-nutrition.
« Je ne savais pas ce qu’était la sous-nutrition. Je pensais que la maladie d’Eliciana était due à un ensorcellement. Janet m’a beaucoup appris, et les instructions qui m’ont été données à l’hôpital m’ont permis de mieux la nourrir. J’ai beaucoup prié. Quelques semaines plus tard, Eliciana était guérie », raconte Rehema.
Pour trouver un équilibre entre son travail communautaire et ses activités génératrices de revenus, Janet commence sa journée à 5 h 30. En plus d’être agent de santé communautaire, c’est aussi une entrepreneuse qui vend des articles ménagers tels que du charbon de bois, du sel et du savon.
Avant de commencer à travailler, Janet se rend sur son petit stand et emballe du charbon de bois et du savon dans de petits paquets qu’elle vend environ 0,33 € l’unité. Elle nettoie son stand, puis rentre préparer son petit-déjeuner et faire le ménage.
Il y a des jours où ce sont ses filles qui s’occupent du ménage, ce qui l’aide beaucoup. Ces matins-là, elle a juste à faire sa toilette et à préparer ses livres, puis à partir faire ses visites. Son petit-fils l’aide à vendre ses produits sur son stand.
Janet effectue des visites à domicile deux fois par semaine. Elle sait donc parfaitement dans quelles maisons il y a des enfants, des femmes enceintes et des mères allaitantes. Elle se rend toujours dans les autres villages à pied, et le village le plus lointain dont elle s’occupe, Luluma, se trouve à environ une heure et demie de marche. Sa réputation n’est plus à faire, ce qui lui ouvre la porte de nombreuses familles.
Aujourd’hui, elle commence chez Elilumba Albert, qui habite en bas de sa rue. Janet a commencé à rendre visite à Elilumba en 2019, lors de sa première grossesse. Aujourd’hui âgée de 20 ans, Elilumba vient de donner naissance à son deuxième enfant, un petit garçon.
Elilumba raconte qu’en plus de lui avoir indiqué quoi manger pendant la grossesse et l’allaitement, Janet lui a expliqué à quel point il était important qu’elle se rende dans une clinique immédiatement après avoir appris sa grossesse.
« C’est un peu comme si c’était ma deuxième maman. Elle m’a expliqué quels vêtements mettre à mon bébé pendant qu’il dormait en fonction du temps qu’il faisait. Elle m’a recommandé l’allaitement exclusif jusqu’à ses six mois, en insistant sur le fait de ne rien lui donner d’autre à manger pendant cette période », raconte Elilumba.
Aujourd’hui, Elilumba aimerait apprendre d’autres pratiques d’hygiène saines (comme se laver les mains avant d’allaiter) et en savoir plus sur la façon dont elle et ses enfants doivent manger pour pouvoir mener une vie saine. Elle appelle à une plus grande sensibilisation des autres femmes de sa communauté.
Katarina Mkumbo, qui vit dans un village à environ 30 minutes de celui de Janet, la connaît bien. Son petit-fils Michael était en bonne santé lors de sa naissance, mais sa mère est décédée et sa santé s’est détériorée. Lorsque Janet a rendu visite à Katarina et Michael, elle a constaté que ce dernier souffrait de sous-nutrition. Elle a conseillé à Katarina d’emmener Michael à l’hôpital de Kiomboi, où Action contre la Faim dirige un centre de nutrition, plutôt qu’à l’hôpital du village.
« Elle est venue avec nous, même si c’était un dimanche. Nous avons passé presque toute la journée à l’hôpital. Nous avons attendu le médecin, et Michael a été admis le jour-même », raconte Katarina.
Michael souffrait de malnutrition sévère. Les premiers jours, il a été traité par voie intraveineuse et a reçu des soins dans une salle spéciale.
« Nous sommes restés à l’hôpital pendant plus de deux mois et, en plus des médicaments, nous avons reçu des aliments spéciaux pour les enfants souffrant de sous-nutrition », explique Katarina. Après deux mois de traitement, Michael allait mieux et a pu sortir de l’hôpital. Le médecin a toutefois insisté pour qu’il revienne chaque semaine pour recevoir un traitement supplémentaire et assurer son rétablissement complet.
« Janet est quelqu’un de bien. Que Dieu lui donne tout l’énergie dont elle a besoin pour poursuivre son travail communautaire. Avec Michael, j’avais perdu espoir. Sans l’aide de Janet, je ne sais pas s’il serait toujours parmi nous aujourd’hui. » – Katarina
« Nous l’appelons la docteure des rues », explique Mwajuma Kilunga, qui connaît Janet depuis plusieurs années. Les deux femmes sont devenus amies lorsque Janet a commencé à lui rendre visite pour examiner sa petite-fille, qui souffrait de sous-nutrition et était séropositive. Grâce aux conseils de Janet, sa petite-fille suit désormais un traitement et se porte bien.
Marcher plusieurs kilomètres par jour peut parfois être épuisant, mais Janet considère que cela en vaut la peine. Et il y a encore beaucoup de travail à faire, étant donné que certaines familles continuer de s’adresser à des guérisseurs traditionnels et qu’encore beaucoup d’enfants meurent. Janet aimerait qu’il y ait plus de formations pour les agents de santé communautaires. Elle voudrait acquérir de nouvelles compétences pour convaincre les membres de sa communauté qui hésitent encore à recevoir des soins médicaux professionnels.
Au fil des années, Janet a constaté que l’amour et la gentillesse étaient la meilleure façon de traiter ses patients et voisins. C’est en agissant avec amour qu’elle a gagné leur confiance, et faire confiance à Janet a été la meilleure chose qui leur soit arrivée. Janet rêve d’un avenir dans lequel plus personne ne souffrira de sous-nutrition dans sa communauté.
Tanzanie
Tout ce qui fait l'actualité de notre Action : articles, événements, témoignages, communiqués de presse…