Telkaif se situe au nord de l’Irak, dans le gouvernorat de Ninawa, à 12 kilomètres au nord-est de Mossoul. En janvier 2017, elle est reprise par les forces de sécurité irakiennes après des combats qui ont détruit une partie de la ville.
Dès le mois de février, nos équipes ont mené des évaluations, avant de commencer une intervention en eau, assainissement et hygiène au debut du mois de mars.
“Il n’y a pas de travail, pas de services de base, pas d’eau potable ou d’électricité” soupire Omar Husain, un homme de 43 ans qui a perdu 5 de ses enfants tombés malades durant leur fuite. Il se trouve à présent dans le seul hôpital de la ville, malade à son tour et abattu.
L’hôpital de Telkaif a été sérieusement endommagé pendant la bataille. Nous avons d’abord passé 3 jours à le nettoyer, avant de fournir des réservoirs d’eau de grande capacité pour pouvoir couvrir tout le centre de santé. Un forage avec un générateur a également été installé pour avoir un accès à l’eau 24h/24. Des kits d’hygiène ont aussi été distribués pour les six mois à venir.
Le docteur Dryounis Mahmood Alkhafajee parcourt rapidement les couloirs sombres du centre de santé. “Il n’y a pas d’électricité et notre stock de vaccins a été endommagé” explique le jeune docteur. Toutes les fenêtres sont brisées et une partie du bâtiment a été abîmée par l’impact d’un missile. Dans un geste qui contient un mélange de colère, de douleur et de résignation, il s’exclame : “C’est frustrant de voir les patients mourir à cause d’un manque de ressources, de traitements et de matériel médical.”
Mais malgré l’horreur, Mahmood sait où est sa place : “Quand ils sont tous partis, j’ai décidé de rester. Les gens ont besoin de moi. J’ai envie de croire que je reverrai de mes propres yeux un pays prospère où mes amis chiite, sunnites et chrétiens vivront en harmonie, comme nous le faisions avant l’arrivée de l’EI. Certains disent que l’Irak n’a pas de futur, que les Irakiens n’ont pas d’autre avenir que la guerre mais je suis un rêveur. Je suis sûr que nous passerons à travers tout ça ensemble.”