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Centre de santé de Ndim, dans l'Ouham Pendé, en République centrafricaine © Hélène Maire pour Action contre la Faim

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République centrafricaine

À Ngaoundaye, la malnutrition prospère dans l’indifférence

Le manque de services essentiels, conjugué aux déplacements de population liés aux violences et aux conflits récurrents entre groupes armés, a creusé le lit de la malnutrition. Depuis août 2022, face aux besoins criants et au manque d’acteurs pour y répondre, les équipes d’Action contre la Faim travaillent avec les autorités sanitaires pour apporter soins de santé, y compris de santé mentale, prise en charge de la malnutrition aiguë sévère, et soutien psychosocial aux communautés locales.

La sous-préfecture de Ngaoundaye et son chef-lieu éponyme se situent dans la province de l’Ouham Pendé, l’une des plus fragiles du pays. Entre 2021 et 2022, les besoins humanitaires dans la province ont augmenté de 34%, à cause des déplacements liés aux affrontements armés. Aujourd’hui, l’Ouham-Pendé est classée en urgence avec 30% de sa population qui souffre d’insécurité alimentaire et près de 464 000 personnes qui ont besoin d’assistance humanitaire¹. Une enquête nutritionnelle menée en 2022 par nos équipes a révélé chez les enfants de moins de cinq ans des taux de malnutrition aiguë sévère de 2,1%, au-delà du seuil d’urgence de 2% déterminé par l’OMS.

Face à ces problématiques, Action contre la Faim soutient les centres et postes de santé locaux pour la prise en charge médicale et nutritionnelle des enfants de moins de cinq ans, assure le suivi des femmes enceintes et allaitantes et garantit leur accès aux services de santé sexuelle, reproductive et maternelle. En quatre mois, plus de 10 500 personnes ont été dépistées pour la sous-nutrition, 1 589 enfants de moins de cinq ans référés vers une structure de santé, 210 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère pris en charge et 1355 consultations pré et postnatales ont été effectuées.

 

Faire connaître la malnutrition pour mieux la combattre

 

Dans le centre de Ndim, Le Meilleur, huit mois, vient d’effectuer sa visite médicale de suivi et de recevoir son traitement ambulatoire contre la malnutrition aiguë sévère. Sa mère Amandine s’occupe de ses frères et sœurs biologiques ainsi que d’autres enfants de proches qui sont à sa charge. La famille de huit personnes survit grâce aux travaux champêtres et à la vente de bois de chauffe mais, malgré les efforts d’Amandine et de son mari, il n’y a qu’un seul repas par jour.

« Nous mangeons des produits issus de la cueillette, des champignons et des chenilles. Les enfants ne mangent pas à leur faim et il n’y a pas toujours suffisamment d’argent pour les amener à l’hôpital quand ils tombent malades. » raconte Amandine

LeMeilleur © Hélène Maire pour Action contre la Faim

Le Meilleur, 8 mois et sa mère Amandine, traité pour malnutrition aiguë sévère au centre de santé de Ndim, dans l'Ouham-Pendé, en République centrafricaine

© Hélène Maire pour Action contre la Faim

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Centre de santé de Ndim

© Hélène Maire pour Action contre la Faim

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Tout comme beaucoup d’accompagnants d’enfants malnutris présents au centre, Amandine ne savait pas ce qu’était la malnutrition, et encore moins ses causes et les moyens de les éviter. En parallèle de la prise en charge nutritionnelle de Le Meilleur, sa mère a bénéficié de séances de sensibilisation sur la maladie et de conseils sur les bonnes pratiques de soins et d’alimentation pour l’éviter.

« A notre arrivée, les gens ne savaient pas ce qu’était vraiment la malnutrition, explique le docteur Stanislas Hyango, responsable de programme nutrition et santé pour Action contre la Faim à Ngaoundaye. Il n’y avait qu’une seule formation sanitaire parmi celles que nous appuyions qui prenait en charge cette maladie. Dans les autres centres de santé c’était presque méconnu, les enfants malnutris étaient traités comme les autres malades. On a formé le personnel médical, on a sensibilisé la population et on continue à le faire avec les relais communautaires que nous avons formés pour faire des sensibilisations et du dépistage dans les villages. »

Au-delà du centre de santé de Ndim, Action contre la Faim soutient également l’unité nutritionnelle thérapeutique de l’hôpital de Ngaoundaye qui accueille les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère avec complications médicales qui nécessitent une prise en charge 24/24. Nos équipes interviennent aussi aux centres de santé de Bang et Doko ainsi qu’aux postes de santé de Kossé et Nzakoun.

 

Pauvreté et manque de médicaments compliquent l’accès aux soins

 

Les postes de santé, répartis tous les six ou sept kilomètres, permettent de rapprocher l’offre de soins des populations dans une zone où les infrastructures routières sont difficilement praticables voire inexistantes, mais la question de l’accessibilité financière est un frein majeur pour de nombreux ménages.

 

Poste de santé de Nzakou, dans l'Ouham Pendé en République centrafricaine © Hélène Maire pour Action contre la Faim

Poste de santé de Nzakou, dans l'Ouham Pendé en République centrafricaine

© Hélène Maire pour Action contre la Faim

 

Pour Stanislas, il est nécessaire d’adresser les facteurs combinés de la pauvreté, du coût des soins et de l’accessibilité des médicaments. « Les gens n’ont pas assez de moyens pour s’offrir des soins de qualité explique Stanislas, Ils préfèrent se soigner à la maison et ne viennent au centre que quand les complications arrivent. Et là, même s’ils arrivent à payer la consultation, ils n’ont pas forcément de moyens pour s’acheter les médicaments qui parfois ne sont pas disponibles, ou alors ils doivent s’endetter auprès de proches. »

Alors que la République centrafricaine promeut la gratuité ciblée des soins pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes et allaitantes, les difficultés d’approvisionnement en médicaments dans la zone de Ngaoundaye faussent cette directive « Les centres de santé doivent parfois acheter des médicaments sur place car ceux gratuits n’arrivent pas. Ils sont malheureusement obligés de faire participer financièrement les patients pour pouvoir continuer à prendre en charge des malades et fournir des traitements. » Pour remédier à cette problématique, nos équipes fournissent gratuitement les traitements liés à la malnutrition et aux consultations pré et postnatales.

Mais l’action ne s’arrête pas aux portes de centres de santé ; le combat contre la malnutrition commence avec la prévention et se mène au sein des ménages et des villages. C’est pourquoi les équipes d’Action contre la Faim ont formé 25 relais communautaires issus des villages appuyés pour mener des sensibilisations et des dépistages dans leurs communautés.

 

Mobiliser la communauté et soutenir la prise de décision des femmes

 

De la même manière, les leaders locaux ont été sensibilisés et des groupes ANJE – alimentation du nourrisson et du jeune enfant – ont été créés. En quatre mois, 6 353 personnes ont assisté à des séances de sensibilisation ANJE. Les séances portent sur l’importance de la mise au sein de l’enfant dans les heures suivant sa naissance, de l’allaitement maternel exclusif jusqu’à 6 mois, de la diversification alimentaire à partir de 6 mois et de la poursuite de l’allaitement maternel jusqu’à 24 mois ou plus. Elles touchent parfois à d’autres pratiques familiales essentielles également, telles que la vaccination et la vermifugation des enfants en bas âge.

 

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Séance de sensibilisation des accompagnantes des enfants malnutris et des femmes enceintes ou/et allaitantes, au centre de santé de Ndmin, dans l'Ouham Pendé en République centrafricaine

© Hélène Maire pour Action contre la Faim

 

Si les groupes ANJE visent principalement les femmes en âge de procréer, enceintes ou déjà mères, leurs sensibilisations ainsi que celles des relais communautaires s’adressent aussi aux hommes, lesquels sont bien souvent décisionnaires dans leur ménage.

« C’est notre grande bataille, soupire Stanislas, on essaie d’inviter les hommes mais c’est encore rare qu’ils accompagnent leur femme pour les consultations prénatales ou la prise en charge de leurs enfants malnutris. Les messages que nous passons auprès des centres de santé, ce sont les femmes qui les écoutent mais si elles n’ont pas un mot à dire devant leur mari et si eux n’ont pas écouté, c’est difficile d’espérer un changement. »

Renforcer la voix et la prise de décision des femmes et des adolescentes en ce qui concerne leur santé, leur dignité et la santé de leurs enfants est l’un des axes de travail des équipes d’Action contre la Faim à Ngaoundaye. Cela passe notamment par la sensibilisation sur les questions de la santé et des droits sexuels et reproductifs, les violences basées sur le genre, la santé mentale et le soutien psychosocial.

A date, 226 personnes, 127 femmes et 99 hommes, ont été sensibilisées sur les droits sexuels et reproductifs et les violences basées sur le genre. 133 patientes accompagnantes d’enfants malnutris et 244 femmes enceintes et allaitantes ont participé à des séances de sensibilisation sur la santé mentale. Parmi ces femmes, 7 patientes et 30 femmes enceintes et allaitantes ont été identifiées comme étant en détresse psychologique et ont bénéficié à ce titre d’un accompagnement individuel par les travailleurs psychosociaux et/ou le psychologue déployés dans la zone par Action contre la Faim.

Nous allons commencer à faire des groupes de parole avec notre responsable programme protection, avec les hommes d’un côté et les femmes de l’autre. Un homme peut écouter une femme mais, quand c’est son épouse, il considère souvent qu’elle est là pour lui obéir, d’après ce que nous racontent nos patientes. Donc il faut vraiment créer des espaces et que les femmes puissent être écoutées sur ces questions. » conclut Stanislas.

 

 


À propos du projet

Le projet mené par Action contre la Faim à Ngaoundaye, intitulé Programme global de réponse aux urgences nutritionnelles, est financé par GAC (Affaires Mondiales Canada). Il vise à soutenir 22 000 personnes en nutrition et santé. En parallèle, des activités complémentaires en santé mentale et soutien psychosocial– tel que le suivi individuel des personnes en état de détresse psychologique – sont rendues possible grâce à un financement de l’Agence suédoise de coopération internationale pour le Développement (SIDA).

 

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