L'UE et les États membres doivent maintenir le financement de l'UNRWA

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Publié le 1 mars 2024, mis à jour le 1 mars 2024 à 09h49 am

Face à la catastrophe humanitaire en cours à Gaza et à l’avancée israélienne sur Rafah, dernier refuge pour plus de 1,5 million de civils palestiniens, les organisations humanitaires signataires sont profondément préoccupées par la suspension actuelle et potentielle du financement de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

La suspension du financement des États donateurs au principal fournisseur d’aide pour des millions de Palestiniens à Gaza et dans la région, alors que la famine sévit et que les épidémies s’aggravent, aura un impact sur l’aide vitale apportée à plus de deux millions de personnes, dont la moitié sont des enfants, qui dépendent de l’aide de l’UNRWA à Gaza.

Nous demandons instamment à l’UE et aux États membres de prendre note du fait que les autres organisations humanitaires ne peuvent pas se substituer au rôle central de l’UNRWA dans la réponse humanitaire à Gaza et que, dans le contexte de la crise actuelle, nombre d’entre elles auront du mal à maintenir leurs opérations en cours sans le soutien de l’UNRWA. Du fait de l’urgence de la situation, les suspensions de financement pourraient entraîner l’effondrement complet d’une réponse humanitaire déjà restreinte, entraînant des pertes évitables de vies humaines à Gaza.

Il est important de garantir une enquête approfondie sur les graves allégations des autorités israéliennes selon lesquelles 12 employés de l’UNRWA ont directement participé aux attaques du 7 octobre et de garantir une transparence et une responsabilisation totales à l’avenir. Mais l’enquête et les mesures de responsabilisation qui s’ensuivront ne doivent pas bloquer le travail essentiel et vital de l’UNRWA à Gaza et dans toute la région.

L’UNRWA est le principal fournisseur d’aide humanitaire à Gaza. Le rôle humanitaire de l’UNRWA dans cette crise est indispensable. Il comprend, mais sans s’y limiter, la fourniture de services de santé et d’éducation, l’approvisionnement en eau et en nourriture, le soutien psychosocial et la gestion des déchets solides, et ne peut être remplacé par aucune autre organisation humanitaire. Les ONG ont clairement indiqué qu’elles n’étaient pas en mesure de remplacer ou d’assumer le rôle de l’UNRWA, en particulier dans le contexte de la crise actuelle. En outre, la poursuite des activités de l’UNRWA est essentielle à leur propre travail d’assistance humanitaire. Comme l’a souligné le Haut Représentant Josep Borrell le 4 février 2024, l’UNRWA est une bouée de sauvetage essentielle pour des millions de Palestiniens. L’UNRWA emploie plus de 13 000 personnes à Gaza, dont 158 ont été tuées depuis le début des combats. Toute pause ou suspension du financement pose également des problèmes majeurs pour la mission de l’UNRWA et ses plus de 30 000 employés dans l’ensemble de la région, dans la mesure où l’agence est au service de près de six millions de réfugiés palestiniens qui vivent dans le territoire palestinien occupé et dans toute la région. Il est impératif que les donateurs reprennent leur soutien à l’UNRWA le plus rapidement possible afin d’éviter de nuire à l’opération d’aide à Gaza à un moment critique.

Plus d’un million de Palestiniens déplacés sont hébergés dans les installations de l’UNRWA à Gaza. Les 13 000 employés de l’UNRWA à Gaza dépassent de loin la capacité collective du reste du secteur humanitaire sur le territoire. Leur rôle dans la facilitation et l’acheminement de l’aide humanitaire vitale à grande échelle dans cette crise a été héroïque. La fourniture par l’UNRWA d’abris vitaux, de nourriture et de services de base tels que l’assainissement, ainsi que l’utilisation des infrastructures par d’autres organisations d’aide, sont irremplaçables. Le personnel de l’UNRWA est confronté à des conditions quasi impossibles depuis des mois : outre les 158 membres du personnel de l’UNRWA tués pendant les hostilités en cours, au moins 404 personnes vivant dans les abris de l’UNRWA ont été tuées, près de 1 400 ont été blessées et 155 installations de l’UNRWA ont été endommagées. Les employés de l’UNRWA continuent de servir leur communauté dans ce contexte de violence sans précédent. La suspension du financement aurait des implications régionales plus larges qui doivent être soigneusement examinées. En plus de Gaza, l’UNRWA opère dans quatre autres lieux (Cisjordanie y compris, ainsi que Jérusalem-Est, Liban, Syrie, Jordanie) où il fournit des services essentiels tels que l’éducation et les soins de santé.

Les ONG signataires demandent instamment à l’UE et aux États membres de réaffirmer leur soutien au travail vital que l’UNRWA et ses partenaires accomplissent pour aider les Palestiniens à survivre à l’une des pires catastrophes humanitaires de notre époque. S’il est essentiel de rendre des comptes et de soutenir une enquête rigoureuse et crédible sur les allégations, cela peut et doit se faire sans dévaster davantage la population civile de Gaza.