Gaza : 100 jours de guerre

Apres plus de 100 jours de guerre, plus de 23 000 personnes sont mortes à Gaza et des centaines de milliers d’autres sont au bord de la famine.

Gaza connaît des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire, des épidémies, des déplacements de population massif et un accès humanitaire extrêmement limité. On estime que 80 % de la population mondiale confrontée à la famine ou à des niveaux d’insécurité alimentaire catastrophiques se trouve à Gaza. Un cessez-le-feu permanent est essentiel pour que les organisations humanitaires puissent atteindre les personnes dans le besoin et empêcher d’autres morts.

« En tant qu’organisation humanitaire – impartiale, indépendante et neutre – la priorité d’Action contre la Faim est d’avoir un accès sûr, durable et suffisant aux personnes vulnérables afin de s’assurer qu’elles disposent des éléments de base pour survivre », déclare Chiara Saccardi, responsable régionale des opérations d’Action contre la Faim au Moyen-Orient. « Dans le cas présent, nous parlons de l’ensemble de la population de Gaza : personnes déplacées, affamées, assoiffées, et de nombreux malades et blessés. La situation est plus que désespérée et, sur le plan opérationnel, les conditions pour répondre à ces besoins vitaux à l’échelle requise ne sont pas réunies. En tant qu’organisation humanitaire, nous sommes profondément préoccupés par cette situation, alors que nous devrions bénéficier de cet accès et d’une protection en temps de conflit armé. Davantage de personnes mourront de faim et de maladie s’il n’y a pas un cessez-le-feu immédiat et une augmentation de l’aide », conclut Chiara Saccardi.

Depuis 100 jours, des organisations humanitaires comme Action contre la Faim travaillent dans des conditions extrêmes pour distribuer des produits de première nécessité. Notre personnel est épuisé, malade, déplacé, mais il continue à travailler. Nous avons plus que jamais besoin d’un cessez-le-feu. Action contre la Faim est gravement préoccupée par le nombre de morts civiles palestiniennes à Gaza, en particulier les femmes et les enfants, ainsi que par la situation des otages, qui doivent être libérés de manière immédiate et inconditionnelle.

NOTRE INTERVENTION À GAZA DEPUIS LE 7 OCTOBRE

Depuis plus de trois mois, Action contre la Faim travaille dans des conditions extrêmes et dangereuses pour fournir de l’eau potable par camion-citerne, distribuer des articles d’hygiène et des abris ainsi que de la nourriture aux habitants de Gaza, qu’ils soient déplacés ou qu’ils vivent dans des communautés d’accueil. Nous fournissons aussi des services de nettoyage et de gestion des déchets solides pour les abris où se trouvent les personnes déplacées et nous contribuons à la construction de latrines et d’installations pour se laver les mains.

Concrètement, nos équipes ont pu distribuer 1 million de litres d’eau potable à plus de 51 600 personnes déplacées, tandis que plus de 17 440 personnes ont reçu des colis de nourriture contenant des légumes et des fruits frais, à un moment où les stocks des magasins de Gaza étaient presque épuisés. En parallèle, nous avons distribué des articles d’hygiène dans 19 abris hébergeant 95 900 personnes déplacées, principalement à Rafah, et des articles pour construire des abris, principalement des bâches en plastique et du bois disponible sur le marché local, pour environ 17 500 personnes déplacées logées dans 10 abris.

Toutefois, en raison de la poursuite du blocus de Gaza, l’aide vitale apportée aux personnes dans le besoin est insuffisante. Les approvisionnements des marchés locaux sont limités et l’inflation a grimpé en flèche, rendant les prix inabordables pour la plupart des gens. L’accès à l’aide est inégal car les gens continuent de se déplacer et nous ne pouvons plus atteindre les zones du nord de la bande de Gaza, où la population a le plus faim, en raison des combats et du manque de moyens de transport.

Malgré cette situation sans précédent, nos équipes ont pu acheminer l’aide à près de 340 000 personnes au total à Gaza – environ 60 000 familles – entre le 18 octobre et le 21 décembre 2023. Près de la moitié de ces personnes (48%) étaient des enfants.

Dans un contexte où la population continue à se déplacer vers le sud à la recherche d’un refuge sûr, la majorité de nos bénéficiaires se trouvaient à Rafah (50 %). Les autres se trouvaient à Khan Younis (18 %), au nord de Gaza (18 %) et au centre (14 %).