Dans les communes d’Icalupe et de Somoto, Action contre la Faim a soutenu une initiative artistique visant à dynamiser le tourisme dans une région touchée par la sécheresse.
Le couloir sec nicaraguayen a été affecté par le manque de pluies en 2014 et 2015. De nombreuses familles d’agriculteurs ont alors perdu des récoltes de maïs et de haricots, aliments pourtant essentiels dans l’alimentation des habitants du nord du Nicaragua. De plus, l’insécurité alimentaire de ces familles s’est aggravée à cause du manque de revenus dans cette région où l’activité économique tourne principalement autour de l’agriculture.
En collaboration avec Boa Mistura, Action contre la Faim a soutenu une initiative artistique qui cherche à trouver des alternatives économiques pour les communautés rurales des communes d’Icalupe et de Somoto. « Les travaux de Boa Mistura impliquent les communautés. Nous cherchons à créer des symboles qui puissent aider à la fois à améliorer l’identité locale, à attirer les visiteurs et à les faire rester plus longtemps », affirme Miguel Ángel García, Directeur Régional des opérations en Amérique Centrale chez Action contre la Faim. Cette initiative entre également dans le cadre d’un projet plus large mis en place par les autorités locales, qui vise à obtenir auprès de l’UNESCO la déclaration de cette zone comme Géoparc. Un des principaux attraits du futur Géoparc est le Canyon de Río Coco, auquel viendront s’ajouter d’autres ressources culturelles, gastronomiques, agricoles et artistiques.
Diversifier l’économie
Le tourisme est un des secteurs les plus florissants au Nicaragua, bien qu’il représente 9% du PIB et 8% de l’emploi total du pays. Le département de Madriz a un potentiel énorme grâce à ses ressources géologiques et environnementales. Cela n’a cependant pas eu de conséquences suffisantes sur les opportunités d’emploi pour la population. « Il faut que ces communautés parviennent à diminuer leur dépendance à la pluie qui se fait toujours plus rare et qu’elles diversifient les revenus à travers le tourisme et les autres richesses du territoire », ajoute Miguel Ángel García. Pour cela, 30 jeunes et 30 femmes ont été formés afin d’avoir la possibilité de chercher du travail dans le secteur artistique ou touristique.
Trois interventions pour trois identités
L’intervention dans la communauté d’Icalupe, où existe déjà une tradition d’art mural, a consisté en un atelier de peinture à l’œuf, une technique simple et durable pour fixer les pigments de manière permanente.
A Somoto, la capitale du département, Boa Mistura s’est servi de la chaussée comme d’une toile pour réaliser une grande fresque mettant en scène l’eau. « Cela avait du sens car l’eau est le moyen de subsistance des communautés agricoles locales et l’une des ressources de la zone : le fleuve Río Coco », raconte Pablo García Mena, un des membres de Boa Mistura.
Dans le cadre du même projet, mais cette fois dans la commune de Las Sabanas, un collectif de 5 artistes nicaraguayens a réalisé des fresques couvrant totalement 6 logements du centre du village. Pour cela, ils se sont inspirés des légendes et des produits agricoles les plus significatifs de la région. Grâce à cette initiative, ils sont parvenus à changer complètement le paysage urbain de ce petit village.
L’art comme outil de changement
« Nous essayons d’impliquer les communautés pour renforcer l’identité locale et convertir les espaces publics en des points de rencontre », souligne Pablo. L’utilisation de l’art et de la couleur dans les environs du Canyon du Río Coco contribuera non seulement à mettre en valeur le patrimoine culturel et environnemental de cette enclave, mais aussi à étendre les possibilités de travail des habitants de Madriz. Tout cela leur permettra finalement de mieux résister aux sécheresses récurrentes.