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À la Une
Le Pakistan a enregistré entre le mois de juin et le mois de septembre 2022 les pires pluies de moussons de son histoire.
En seulement quelques mois les fortes pluies ont fait de nombreux morts et ont endommagé et détruit des infrastructures publiques. Près de 2,3 millions de maisons sont détruites, principalement dans les provinces du Sindh et du Balouchistan.
Au Balouchistan, province située au sud-ouest du Pakistan et frontalière avec l’Afghanistan, le taux d’insécurité alimentaire était déjà très élevé, avec 41% de la population en situation de crise et d’urgence (IPC). Cela s’explique par diverses raisons, comme les vagues de chaleur au cours du premier semestre 2022, suivies de fortes pluies de mousson et d’inondations à partir de juillet qui ont entraîné une production agricole désastreuse et des pertes importantes de bétail. Cette catastrophe a également renforcé les préoccupations en matière de sécurité alimentaire car l’impact des inondations sur l’agriculture a été particulièrement important (OCHA).
De plus, depuis le mois de décembre, les habitants vivent dans des conditions hivernales difficiles, certains sans abri et avec le strict minimum pour s’habiller ou se nourrir. Le pays, où 64 % de la population réside dans les zones rurales et vit des activités agricoles, va devoir rétablir son équilibre économique. La reconstruction à long terme est donc un enjeu crucial pour le pays mais les personnes ayant été affecté par les inondations doivent aussi pouvoir bénéficier d’une aide immédiate pour survivre et mettre en place des moyens de subsistances alternatifs et durables. Cette démarche devrait inclure le renforcement des infrastructures existantes pour l’irrigation et le drainage, la construction de nouveaux logements résistants aux inondations, ainsi que l’accompagnement des petits agriculteurs pour développer des pratiques plus innovantes et résistante aux aléas climatiques afin d’améliorer la production.
Le Balouchistan est connu comme le « panier à fruits » du pays et produit à lui seul plus de 90 % de raisins, cerises, amandes, pommes, abricots et grenades. Plus de la moitié de la population est engagée dans l’agriculture. Pourtant celle-ci est très dépendante des conditions météorologiques changeantes et avec le réchauffement climatique la population est particulièrement vulnérable. Les prévalences de l’insécurité alimentaire, de la malnutrition et de la pauvreté sont très élevées. Les équipes d’Action contre la Faim ont déployé une réponse d’urgence aux victimes, en distribuant des vêtements chauds, des kits d’hygiène aux femmes, en installant des points d’eau et de latrines, et en fournissant un soutien monétaire aux ménages pour couvrir leurs besoins immédiats.
Adil Jabbar fait partie de ceux ayant survécu aux inondations et il se rappelle de ce jour funeste: “L’eau se rapprochait de plus en plus. Je me suis précipité vers ma maison et j’ai demandé à tout le monde de sortir immédiatement. Ma pauvre vieille mère ne pouvait pas marcher, la crue nous a surpris en pleine nuit”. Il y a 35 ans, Adil a quitté l’Afghanistan, son pays d’origine, à cause de la sécheresse extrême qui a rendu ses terres sèches et donc difficile à cultiver. Depuis, il est installé au Balouchistan avec ses frères et ses 6 enfants où il travaille comme agriculteur.
En effet, la province accueille un grand nombre de réfugiés afghans depuis plus de 30 ans qui participent activement à la vie économique et sociale. “[En Afghanistan] nous cultivions des amandes et des raisins, nous avions un « manoir » de 10 pièces. Mais, quel est l’intérêt d’avoir un « manoir » quand on n’a rien à manger? Nous avons quitté la ferme et le « manoir » et nous sommes venus ici.“ La famille a passé plusieurs jours en pleine rue en s’appuyant sur l’aide des locaux qui leur apportaient à manger et à boire. Après avoir vécu dans de nombreux logements temporaires, Adil a finalement trouvé un endroit pour s’installer : “La maison dans laquelle nous vivions s’est effondrée. Nous avons essayé de vivre dans un autre endroit mais les murs devenaient de plus en plus fragiles et les pièces étaient inondées d’eau. Alors finalement nous sommes arrivés ici.”
La nuit, lors des inondations, Adil a pris ses enfants, une valise et une couverture. Toute leur vie, construite au Pakistan depuis de nombreuses années, a été emportée par la pluie.
Les équipes d’Action contre la Faim sont arrivées dans le district au mois d’octobre pour venir distribuer aux gens des vêtements chauds, des matelas, des bâches pour protéger les maisons de la pluie, ainsi que des objets essentiels pour pouvoir cuisiner, laver le linge et avoir accès à l’eau propre.
Gul Bashra, habitante de Baragzo Surkhar dans le district de Pishin, a senti le pire arriver quelques heures avant que la pluie ne s’empare de sa maison. Elle s’est installée dans la maison de son beau-frère avec son mari et ses 8 enfants. Dans la précipitation et l’inquiétude, la famille a laissé tous ses objets personnels à la maison.
"Je n'avais pas d'ustensiles, même pas de tasses, juste une seule assiette que nous partagions tous ensemble pour manger."
Gul vit dans une angoisse permanente, face à la perte de sa seule propriété et l’incertitude quant à l’avenir de ses enfants. “C’est très difficile de subvenir aux besoins de la famille toute seule, je couds des vêtements pour les gens jour et nuit mais je ne gagne jamais plus de 8.000-8.500 roupies [32 euros]. Je voulais offrir une éducation à mes enfants et les élever correctement.”.
Les besoins varient d’une famille à l’autre : manque de nourriture, d’eau potable et d’abri. Les séquelles psychologiques, comme le traumatisme, la peur, l’insomnie ou l’anxiété, sont souvent invisibles, mais tout aussi importants à prendre en charge pour pouvoir reprendre sa vie en main. Nos équipes répondent aux besoins les plus urgents par le biais d’une intervention ciblée, dans les domaines de la santé et de la nutrition, en matière de sécurité alimentaire, de moyens de subsistance, d’eau, d’assainissement et d’hygiène, ainsi que de santé mentale et de soutien psychosocial.
A Quetta, capitale provinciale du Balouchistan, la vie a vite repris malgré les destructions encore visibles causées par les inondations. La place du marché à Meezan Chowk est très animée, et réunit presque tous les jours des commerçants et des habitants. On y trouve des fruits, des légumes, de la viande, mais aussi des vêtements. Jannat Gul vend des légumes au marché de Meezan Chowk depuis plus de 20 ans et déplore l’état de la production agricole locale touchée par les inondations et qui était déjà affecté depuis plusieurs années par la salinité accrue des sols dû au réchauffement climatique. Une faible production locale signifie l’importation des produits de la grande consommation depuis l’étranger ce qui entraine une hausse des prix.
La suppression de la taxe d’importation est une mesure temporaire qui permet de maintenir les prix à des niveaux abordables : “La taxe a été supprimée et les tomates coûtent 60 roupies [25 centimes euros] pour 1 kilo. Il y a un mois, lorsque la taxe était élevée, le prix variait entre 250 et 300 roupies. [1 euro]”. La situation est pire pour les bouchers, qui voient les prix doubler par rapport à la période d’avant inondation. “Il n’y a pas de vente, tout le monde est inquiet. Les gens m’accusent de fixer des prix élevés, mais j’achète aussi à des prix élevés, ce n’est pas ma faute.”, déplore Mushtaq, vendeur de volailles. “Les consommateurs achètent des produits les plus nécessaires, comme le riz ou la farine. Auparavant, nous achetions une caisse de pommes pour 2000 roupies [8 euros], maintenant elle coûte 3000 [12 euros] et demain ce sera 3200 [13 euros].”, explique Saifullah, vendeur de fruits.
Avec les maisons, les inondations ont aussi détruit des potagers, des exploitations fruitières et le bétail, une importante source d’alimentation pour les populations rurales. C’est pourquoi, le soutien monétaire aux ménages affectés est indispensable pour qu’ils puissent acheter des produits de première nécessité.
Depuis les inondations dévastatrices de juin 2022, plus de 1 700 personnes ont trouvé la mort et plus de 200 000 personnes sont toujours déplacées dans les provinces du Balouchistan et du Sindh. Selon l’IFPRI, les liens entre ces inondations dévastatrices et le dérèglement climatique sont de plus en plus évidents et les appels à la responsabilité des pays les plus pollueurs en matière de changement climatique se renforcent.
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