La faim continue d’augmenter dans la plupart des régions du monde

Aujourd’hui est publié le rapport mondial sur l’insécurité alimentaire dans le monde (SOFI) par l’agence des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La faim continue d’augmenter dans la plupart des régions du monde : environ 735 millions de personnes dans le monde en souffrent. 

Action contre la Faim appelle la France à agir pour endiguer la hausse du nombre de personnes souffrant de la faim en organisant à Paris en 2024 un Sommet Nutrition for Growth de haut-niveau pour prendre des engagements ambitieux sur les causes profondes de la faim.

Selon le nouveau rapport des Nations Unies  l’augmentation continue de ces dernières années cesse enfin. Mais les données ne sont pas réjouissantes pour autant : le niveau de la faim reste largement supérieur à celui que nous observions avant la crise du COVID-19 et les chiffres cachent une importante disparité en fonction des régions.

Les chiffres clefs du rapport :

• Environ 735 millions de personnes dans le monde souffrent de la faim en 2022 (797 millions en 2023, suite à réévaluation par l’ONU).
• Environ 600 millions de personnes pourraient encore souffrir de la faim en 2030 en partie en raison des effets durables du COVID-19 – soit 119 millions de personnes de plus que si la pandémie n’avait pas eu lieu.
• 2,4 milliards de personnes, dont relativement plus de femmes et de personnes vivant dans des zones rurales, n’ont pas accès à un régime alimentaire sain et suffisant.
• Sur la totalité du continent africain, 11 millions de personnes en plus souffrent de la faim par rapport à l’année précédente.

30 % de la population mondiale souffre d’insécurité alimentaire.

Au-delà de la satisfaction des besoins caloriques des personnes, ce chiffre traduit le nombre de personnes qui font régulièrement face à l’incertitude quant à la possibilité de se procurer de la nourriture et qui doivent envisager de sauter des repas ou de faire des compromis sur la qualité nutritionnelle ou la quantité de nourriture consommée.

Le rapport souligne également que le coût des régimes alimentaires sains est si élevé que plus de 3 milliards de personnes, soit 42% de l’humanité n’y a pas accès. Ce chiffre est en augmentation depuis 2019.

L’édition 2023 du rapport SOFI note également que près de 148 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de retard de croissance (soit 22,3% des enfants de moins de 5 ans en retard de croissance). Si ce chiffre est en baisse depuis quelques années, il est clair que les efforts sont largement insuffisants pour atteindre les objectifs de développement durable de 2030, d’autant que le nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère (wasting/émaciation) lui stagne (45 millions d’enfants émaciés, soit 6.8%).

Action contre la Faim, qui intervient dans 55 pays à travers le monde, est témoin de la crise alimentaire des populations sur le terrain :

“ La crise alimentaire mondiale est le produit de systèmes alimentaires défaillants, injustes et non soutenables. Aujourd’hui, c’est de volonté politique qu’il est question, pour transformer en profondeur les systèmes alimentaires en mettant l’agroécologie paysanne au cœur de cette transformation.”  Aïcha Koraïchi, Présidente d’Action contre la Faim

Face à la crise alimentaire mondiale, Action contre la Faim appelle la France à organiser en 2024 un événement politique à la hauteur des enjeux pour adresser les trois causes profondes de la faim : les conflits, les inégalités et la crise climatique.

Nutrition for Growth (N4G-nutrition pour la croissance) est un sommet international qui a toujours lieu en marge des Jeux Olympiques. La France, en tant qu’organisatrice du prochain N4G, a la responsabilité d’assurer un événement inclusif des personnes les plus concernées par la faim et non soumis aux intérêts commerciaux du secteur privé. Ce Sommet devra aboutir sur des engagements nouveaux et ambitieux pour mettre un terme à l’utilisation de la faim comme arme de guerre, garantir l’accès aux services publics pour toutes et tous et transformer radicalement les systèmes alimentaires avec l’agroécologie pour les rendre durables, résilients et plus justes.