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À la Une
Le 13 décembre 2019, quatre employés humanitaires d’Action contre la Faim ont perdu la vie lors d’un incident sécuritaire dans l’Etat de Borno au Nigeria. La sécurité des humanitaires est un enjeu pour l’ensemble des actions humanitaires qui depuis les années 2000 connaissent une croissance des incidents de sécurité sur certains territoires.
L’humanitaire a toujours été confronté aux incidents puisque les ONG interviennent régulièrement pendant les conflits où les populations locales ont le plus besoin de l’aide humanitaire. En 1979, Action contre la Faim a été créée pour répondre aux besoins de la crise humanitaire dans le contexte de la guerre d’Afghanistan. Les conflits ont contribué à l’émergence et au développement même des organisations non gouvernementales internationales. Les ONG agissent et continueront d’agir en prévention et en réaction aux conflits à travers le monde.
D’après l’Aid Worker Security Database, on recense depuis une vingtaine d’années une augmentation des incidents de sécurité. Cette évolution est pour partie la conséquence de la progression du nombre de crises. En 2019, 483 humanitaires ont été tués, kidnappés ou blessés soit le nombre le plus élevé d’incidents recensé contre les humanitaires depuis 1997.
Parmi les problèmes rencontrés par les équipes, on distingue trois grands types d’événements touchant les humanitaire : les accidents de voiture, les maladies (comme la crise Ebola en 2014 en Afrique de l’Ouest), la violence (kidnapping, attaque).
La violence envers le personnel humanitaire est parfois un acte politique. La situation géopolitique et diplomatique entre deux pays peut influencer la sécurité des travailleurs humanitaires. Les travailleurs humanitaires locaux ou expatriés sont catégorisés, identifiés uniquement par la nationalité de l’ONG pour laquelle ils travaillent. D’autres raisons existent notamment liées au radicalisme et à l’extrémisme religieux.
Aujourd’hui quelques pays concentrent la majorité des incidents de sécurité : l’Afghanistan, le Soudan, le Soudan du sud, la République Démocratique du Congo, la Syrie, le Nigéria et la bande sahélienne. La liste des principaux pays pourvoyeurs d’incidents de sécurité évolu chaque année au gré de l’actualité politique.
La croissance de l’insécurité humanitaire s’explique en partie par le nombre croissant de travailleurs humanitaires sur le terrain. En 2019, d’après les Nations Unies on comptabilise près de 569 600 humanitaires contre 136 204 en 1997. De surcroit, dans les conflits actuels, qui s’inscrivent souvent dans une logique d’affrontement entre groupes rebelles et le gouvernement, la population civile représente la majorité des victimes. Ainsi le personnel humanitaire qui est au plus près des bénéficiaires sur le terrain est particulièrement vulnérable aux attaques.
Les principales victimes d’attaque envers les humanitaires sont les travailleurs locaux. Cela est dû premièrement au fait qu’ils soient plus nombreux sur le terrain par rapport aux humanitaires expatriés. Une autre raison est liée aux fonctions qu’occupent les humanitaires locaux qui parfois sont plus à risque. Par exemple, chauffeur, en particulier de camions transportant des cargaisons ayant une valeur marchande, est un métier à haut risque. Le 9 août 2020, un véhicule de l’ONG ACTED fût l’objet d’une attaque qui a causé la mort de 6 humanitaires. Les travailleurs humanitaires locaux jouent un rôle essentiel dans l’action humanitaire. Ils facilitent le contact avec les populations locales avec qui ils partagent la même langue et la même culture, ce qui permet aux ONG de se faire accepter par les populations locales dans le respect de leurs traditions et coutumes.
Les humanitaires subissent également des attaques, tout comme la population civile, quand ils sont en dehors du cadre professionnel. En 2018, une collaboratrice d’Action contre la Faim a été tuée au Yémen chez elle lors d’un bombardement.
Concernant la sécurité des humanitaires, plusieurs questions entourent l’action humanitaire et son déploiement. Comment assurer l’aide humanitaire tout en protégeant ceux et celles qui prodiguent cette aide humanitaire ? Faut-il partir et mettre en péril la santé des populations locales ou rester et mettre en danger les équipes humanitaires ?
Face à ces ces questions, Action contre la Faim a pris la décision de renforcer son dispositif de sécurité afin de protéger ses équipes et de continuer à sauver des vies en éliminant la faim en particulier pendant et après les situations d’urgence liées aux conflits ou aux catastrophes naturelles.
Ce dispositif se matérialise sous trois axes : prévention, neutralité et dialogue.
Action contre la Faim forme l’ensemble de ses humanitaires aux règles et procédures de sécurité. Les formations de mise en situation réaliste permettent de répondre au mieux aux incidents potentiels sur le terrain. Nous mettons tout en place pour protéger les maisons et les bureaux de nos équipes.
Les équipes humanitaires assurent une veille sur les contextes sécuritaires et analyse les menaces potentielles. Cela permet d’élaborer différents scénarios pour s’adapter à toutes les éventualités.
Tout est mis en place pour sécuriser les trajets en appliquant un protocole de sécurité stricte.
Ce qui guide l’approche préventive d’Action contre la Faim, c’est une volonté de rester en retrait des risques. Il s’agit de protéger au maximum les travailleurs humanitaires.
Action contre la Faim a pour politique de ne pas avoir recours aux armes. Nous refusons toute protection de l’armée ou l’emploi de gardiens privés armés. L’usage des armes positionnerait Action contre la Faim comme participants au conflit, ce qui serait contraire aux valeurs et à l’objet social de notre organisation.
Nous avons la profonde volonté de discuter avec tous les belligérants d’un conflit s afin d’expliquer qui nous sommes, ce que nous faisons dans le but de négocier la possibilité de se déplacer pour soutenir toutes les personnes vulnérables. Action contre la Faim s’inscrit dans une politique de dialogue en temps de conflits. La rencontre et la négociation avec toutes les parties prenantes du conflit permet d’affirmer le devoir de neutralité d’Action contre la Faim.
Dans l’essai 0,03% : Pour une transformation du mouvement humanitaire internationale, de Pierre Micheletti, le président d’Action contre la Faim décrit le secteur humanitaire comme étant potentiellement « condamné à la paralysie » si les ONG internationales ne remettent pas en cause leur mode de financement et de gouvernance.
Les loi anti-terroristes dites COTER provenant l’expression anglaise « counter terrorism » tentent de guider les mesures de sécurité de l’action des ONG pendant les conflits. Ces lois sont dictées par les gouvernements des pays principaux contributeurs à l’aide humanitaire internationale avec une vision politique occidentalo-centré de la lutte contre le terrorisme.
Ainsi le principe de neutralité des ONG n’est pas respecté. Ces lois ne font pas état de la réalité à laquelle les ONG sont confrontées. En interdisant tout contact et toutes négociations avec les belligérants, cela peut exposer les vies des travailleurs humanitaires à d’avantage de risques. Les ONG se retrouve ainsi en difficulté d’agir et confronter à leur responsabilité vis-à-vis de leurs employés.
« Les humanitaires, pour être en capacité d’agir et d’accéder aux populations dans le besoin, doivent, pourtant, dans les guerres civiles comme dans le cadre de guerres entre Etats, pouvoir négocier là où c’est possible et nécessaire, avec toutes les parties combattantes ».
C’est pourquoi dans son essai, Pierre Micheletti appelle à une exemption des régimes de sanction et des mesures contre-terroristes pour l’ensemble des ONG.
Or, le déploiement de l’action humanitaire repose à 75% sur un financement public de la part des principaux pays contributeurs occidentaux. Ce sont les Etats-Unis et l’Union Européenne qui contribuent une large proportion des financements gouvernementaux. Cela une relation de dépendance des ONG internationales vis-à-vis de ces financeurs.
Ainsi aujourd’hui c’est tout le modèle financier des ONG qui est remis en cause. Il repose sur le financement d’une vingtaine de pays contributeurs occidentaux qui exposent l’aide humanitaire à un risque d’instrumentalisation politique de la part des pays donateurs.
Alors que la question du financement des ONG semble de plus en plus compromise notamment à l’aune de l’impact économique lié à la Covid-19, Pierre Micheletti recommande la mise à contribution obligatoire – à hauteur de 0,03% de leur revenu national brut (RNB)- des pays à revenus élevés classés par la Banque Mondiale, c’est-à-dire tous les pays qui ont un RNB par habitant de plus de 12 535 USD.
Retrouvez l’essai de Pierre Micheletti, 0,03% : Pour une transformation du mouvement humanitaire internationale chez les Editions Paroles.