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SY_2023_TEST_Duha_Hasan Belal DEC1-min © Hasan Belal pour le DEC et Action contre la Faim

À la Une

Syrie

Reconstruire sa vie après le séisme : l’histoire de Duha

Avant cela, Duha et sa famille avaient déjà dû fuir leur domicile en raison de la guerre. La femme explique qu’avant le séisme, les maisons étaient déjà en piteux état : « Nos murs étaient fissurés et nous ne pouvions pas les réparer. Quand nous sommes revenus dans le quartier après avoir été déplacés par la guerre, nous avons dû tout réparer nous-mêmes pour pouvoir y vivre. Nous n’avons pu réparer que des choses simples comme les portes, les salles de bains… Les maisons n’ont pas été réparées correctement, et lorsque le séisme a frappé, elles se sont effondrées. »

À ce moment-là, Duha pleurait encore la mort de son mari quatre mois plus tôt. « Nous vivons et continuons à aller de l’avant par la grâce de Dieu. Mes enfants étaient au lycée, deux en terminale, un en première et un en seconde. Je suis employée, et nous devions survivre avec un seul salaire. La vie était très chère et très dure », explique-t-elle. La situation était déjà très délicate pour la famille de Duha et pour de nombreuses autres familles syriennes. Les prix étaient très élevés et les salaires très bas.

SY_2023_TEST_Duha_Hasan Belal DEC3-min © Hasan Belal pour le DEC et Action contre la Faim

 

Cependant, les obstacles se sont multipliés lorsque le séisme a frappé. Le principal défi était le niveau élevé de pauvreté de la population. « Il est vrai qu’avant, nous avions déjà très peu de moyens, mais avec le séisme, nous sommes devenus pauvres. Pas seulement notre famille, mais toutes les familles. Il y a des femmes qui ont perdu leur mari. Aujourd’hui, il y a beaucoup de veuves. Et de nombreux enfants ont été mutilés. »

Le refuge d’Abulkasem alShabi était à l’origine une école. Les premiers jours, Duha et ses quatre enfants n’avaient donc pas accès à de nombreux services de base. Il n’y avait pas assez de toilettes, pas assez de douches et pas de lumière, car depuis la guerre, il n’y avait plus d’électricité dans le quartier de Hanano. « Nous étions 210 familles pour seulement cinq salles de bains sans douches. Nous n’avons pas pu nous doucher pendant 15 jours », raconte Duha.

Un jour, des organisations se sont rendues au refuge et ont commencé à intervenir. Les équipes techniques d’Action contre la Faim ont installé de nouvelles toilettes, de nouveaux robinets d’eau courante et des douches préfabriquées. Elles ont construit des toilettes et des salles de bain jusqu’à ce qu’il y en ait assez pour tout le monde. Elles ont construit trois salles de bains à chaque étage, neuf au total. Elles ont installé des panneaux solaires. « Pour nous, c’était un grand pas en avant. Avant cela, nous avions peur de marcher ici la nuit, parce que la cour est très grande et très sombre. Nous utilisions nos téléphones portables pour nous éclairer. Maintenant, grâce au système d’énergie solaire, nous avons accès à l’électricité et à l’eau chaude. On dirait presque que la vie a repris son cours et que nous avons de nouveau un chez-nous. »

De plus, le refuge était très fréquenté. Les premières semaines, 10 à 15 familles vivaient dans la même pièce, sans aucune intimité. Action contre la Faim a divisé les salles de façon à ce que chaque famille ait son propre espace, avec des casiers et de la lumière, ce qui a offert un peu d’intimité aux personnes et aux familles déplacées.

 

SY_2023_TEST_Duha_Hasan Belal DEC2 (1)-min © Hasan Belal pour le DEC et Action contre la Faim

 

Les fils jumeaux de Duha préparaient leur baccalauréat et leur entrée à l’université lorsqu’ils ont été contraints d’abandonner leur maison en raison du séisme. « Lorsque nous sommes arrivés ici, nous étions environ 1 200 personnes. Il y avait beaucoup de bruit. Mais Dieu merci, ils ont tous les deux eu leur bac. Mon fils a pu entrer en école de chimie et ma fille étudie la psychologie. Les résultats nous ont redonné le sourire, même si j’ai aussi beaucoup pleuré en me souvenant de leur père, qui est décédé il y a environ un an. J’aurais aimé qu’il soit à mes côtés à ce moment-là », déclare-t-elle. Lorsqu’ils ont appris la nouvelle, Duha et ses enfants se sont rendus au cimetière pour la raconter à leur père. En Syrie, avoir son bac est considéré comme quelque chose de très important.

Elle et son mari ont travaillé très dur pour que leurs enfants puissent aller à l’université. Leurs enfants aussi, qui ont réussi à obtenir de bonnes notes dans des circonstances très compliquées : d’abord la mort de leur père, puis le séisme et le déplacement. Le fils de Duha a de grandes ambitions. Elle raconte qu’il n’est pas satisfait de sa note et qu’il aimerait repasser son bac pour entrer à la faculté de médecine et devenir neurologue. C’est quelque chose qui l’inquiète, car cela pourrait leur coûter beaucoup d’argent, la situation des écoles s’étant fortement aggravée pendant la guerre. De nombreux professeurs ont quitté le pays ou sont décédés. Aujourd’hui, la plupart des enseignants manquent d’expérience.

 

SY_2023_TEST_Duha_Hasan Belal DEC6-min © Hasan Belal pour le DEC et Action contre la Faim

 

« Maintenant, notre principal problème est que nous ne pouvons pas rentrer chez nous. Notre maison a été détruite. Bientôt, nous devrons quitter le refuge, qui devra à nouveau être utilisé en tant qu’école. Je ne sais pas ce que nous allons faire. Nous sommes censés recevoir entre 3 et 4 millions de livres syriennes pour pouvoir louer un autre logement. Mais qu’allons-nous devenir ensuite ? » C’est la question que Duha et beaucoup d’autres se posent sur l’avenir qui les attend à partir de fin novembre, lorsque le refuge sera évacué.

La famille a besoin de plus d’argent que ce dont elle dispose pour survivre. Ses enfants ont absolument besoin de nourriture et de vêtements. L’intervention des organisations a été vitale au début, lorsqu’elles distribuaient de la nourriture, des repas chauds, des sandwichs, etc. Mais au fil du temps, cette aide a diminué. « Par moments, la situation empire. Je ne peux même pas me permettre de payer le petit-déjeuner de mes enfants. À l’approche de l’hiver, nous avons également besoin d’argent pour les inscriptions à l’université, le transport, les tapis et le carburant. »

« Et maintenant ? Je n’ai plus vraiment d’attentes. J’espère juste que nous allons bientôt pouvoir avoir notre propre maison et que mes enfants pourront poursuivre leurs études. Ici, au refuge, ils ne peuvent pas étudier comme il se doit. Ce n’est pas une vraie maison. » Aujourd’hui, la priorité de Duha est de trouver une maison pour sa famille, de continuer à avancer et d’aider ses enfants à atteindre leurs objectifs. « Les voir réussir, obtenir leur diplôme universitaire, se marier et avoir des enfants est mon plus grand but dans la vie. »

 

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