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À la Une

Tchad

La situation des réfugiés soudanais et des communautés d’accueil se détériore à l’est

L’afflux massif de ces personnes couplé à une réponse humanitaire insuffisante pèse sur les services de base déjà fragiles et les conditions de vie ne cessent de se dégrader. Action contre la Faim intervient dans les provinces du Ouaddai et du Sila et alerte sur l’enlisement de cette crise.

La ville d’Adré dans la province du Ouaddai accueille plus de 207 000 personnes réfugiées. Soit quatre fois plus que sa population habituelle. La ville est engloutie sous les tentes et les abris de fortune, et les services de base sont totalement débordés, malgré la réponse des humanitaires. La situation est catastrophique sur tous les plans : santé, nutrition, abris, accès à l’eau et à l’assainissement, santé mentale, risque épidémique, sécurité alimentaire.

Alors que la saison des pluies bat son plein et que la relocalisation des réfugié.e.s est au ralenti, le financement de la réponse humanitaire n’est que de 34%. Un montant insuffisant alors que les prédictions tablent sur 600 000 réfugié.e.s d’ici à la fin de l’année 2023. Encore aujourd’hui, près de 2,000 personnes fuient le Soudan et passent la frontière quotidiennement.

Sur le site de réfugié.es Lycée, où les personnes attendent avant d’être relocalisées dans des camps officiels, les abris ronds de branchages et de bâches s’entassent sur le moindre centimètre carré disponible. Les familles dorment par dizaine dans les abris et dans des conditions d’hygiène déplorables.

 

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« Le soleil a déchiré les bâches qu’ils nous ont données. Quand la pluie commence à tomber, nous n’arrivons même pas à dormir. Les enfants et nous-mêmes nous nous levons, nous nous mettons debout jusqu’à ce que la pluie s’arrête. » raconte Hawati, mère de deux enfants. Aziza, quant à elle, montre son abri où elle dort sur le sol avec 9 membres de sa famille, un voile déchiré faisant office de porte.

La promiscuité ainsi que le manque d’accès à l’hygiène dégradent la situation sanitaire des ménages et fait craindre la possibilité d’épidémie comme le choléra. Malgré la mobilisation des autorités locales et des partenaires humanitaires, l’accès à une eau propre et potable est un défi sur le site. Les familles ne reçoivent que 5 litres d’eau par personne, loin des 15 litres recommandés par jour.

Pour Aziza c’est un combat quotidien « J’ai des problèmes par rapport à l’eau, parce que pour transporter l’eau, on se lève à 6h pour revenir à 12h parce qu’il faut faire la queue. Regardez c’est comme ça qu’on est en train de vivre, on a laissé toutes nos choses au pays. Vraiment on est en train de souffrir. Même les latrines, c’est un trou que de quelques centimètres. Les petits enfants ne peuvent pas l’utiliser, ils vont dehors et ça nous provoque des maladies. »

 

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Les infections respiratoires aiguës, les diarrhées aqueuses et le paludisme restent les trois pathologies les plus fréquentes. En parallèle, un taux de 28% de malnutrition aiguë globale¹ a été détectée parmi les enfants dépistés de moins de cinq ans. Pour soutenir les services de santé d’Adré, aux côtés d’autres organisations, Action contre la Faim a mis en place une clinique mobile sur le site Lycée ainsi qu’une unité nutritionnelle thérapeutique (UNT) à l’hôpital de la ville pour prendre en charge les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère sans et avec complications médicales. Au-delà des traitements, des actions de sensibilisation aux bonnes pratiques d’hygiène et de soins sont menées auprès des communautés et des relais communautaires ont été formés à la détection et au dépistage de la malnutrition.

Aminata Zoubeirou Mahaman est la responsable du programme nutrition et santé d’Action contre la Faim. Si actuellement 100% des enfants pris en charge sont réfugiés, elle s’inquiète de l’impact sur les communautés hôtes dont la sécurité alimentaire ne cesse de se détériorer. « Les enfants qui nous arrivent au niveau de l’UNT sont vraiment dans un état critique. Certains sont totalement sonnés d’avoir parcouru de longues distances dans le dos de leurs mamans pour se réfugier. En parallèle, le prix de denrées est en hausse ce qui peut entraîner la malnutrition au-delà des enfants réfugiés qui arrivent : même les autochtones sont exposés. »

 

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La question de l’accès à la nourriture, couplé à une inflation, touche réfugiés comme locaux. La rupture des échanges transfrontaliers entre le Soudan et le Tchad a entrainé une hausse jusqu’à 3 fois des prix des denrées sur les marchés. « Le sac de mil qui s’achetait avant cette crise à 12 000 francs CFA est maintenant à 40 000 par exemple » souligne Aminata. Soit une hausse de 18€ à 60€.

En plus de la précarité économique, le manque de perspectives d’avenir et les conditions de vie déplorables jouent sur l’état psychologique des réfugiés soudanais déjà durement affecté par la violence subie dans leur pays et lors de leur fuite. « Ce sont des personnes qui arrivent avec beaucoup de besoins, elles ont envie d’être écoutées, elles sont perturbées, vous remarquez le stress de manière visible ». Explique Aminata. « Nous faisons de notre mieux avec nos animateurs.trices pour détendre un peu l’atmosphère, de donner un peu d’espoir mais beaucoup reste à faire en ce qui concerne la santé mentale. »

Action contre la Faim appelle les partenaires financiers à répondre à l’urgence humanitaire dans  l’Est du Tchad, afin de renforcer les réponses à même d’améliorer les conditions de vie des réfugiés, retournés et populations hôtes vulnérables dans les domaines de la nutrition et la santé, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, la santé mentale, les abris et la sécurité alimentaire.

 

Notre réponse globale à la crise des réfugiés soudanais au Tchad

 

Nos équipes répondent dans les provinces du Ouaddai et du Sila dans les secteurs de la santé et de la nutrition ainsi que dans l’eau, l’hygiène et l’assainissement. Les activités de réalisations techniques et les prises en charge nutritionnelle sont accompagnées de session de sensibilisation et de formation.

  • Dans le Ouaddai, nous sommes présents dans la ville d’Adré. Nous appuyons le district sanitaire, incluant les supervisions conjointes des centres de santé, l’appui à l’analyse des données et à la prise en charge des cas de malnutrition aiguë sévère au Centre de santé Urbain. Nous avons déployé une clinique mobile sur le site Lycée, et nous soutenons à l’Unité nutritionnelle ambulatoire et l’Unité nutritionnelle thérapeutique. Nous menons des activités de sensibilisation et de formation auprès des communautés et du personnel de santé.
  • Dans le Sila, nous intervenons sur le site d’Adémour, le camp de Zabout et l’Unité nutritionnelle thérapeutique de Gozbeida.  
    • Dans le site d’Adémour, nous fournissons de l’eau potable depuis mai via la réalisation d’un forage et la mise à la disposition et la gestion (approvisionnement en carburant et huile de vidange) de deux points de distribution d’eau potable (une citerne souple de 20 m3 et deux de 5m3) qui permet d’approvisionner la population réfugiée et hôte en eau potable.
    • Dans le camp de Zabout, nous construisons 50 latrines et douches ainsi qu’un puit. Sur le plan de la santé et de la nutrition, nous avons également mis en place une clinique mobile et des activités communautaires.
    • A Gozbeida, nous appuyons l’Unité nutritionnelle thérapeutique du service de pédiatrie de l’hôpital à travers l’approvisionnement en médicaments et consommables médicaux, la réhabilitation et extension de l’unité, l’appui en ressources humaines et la prise en charge alimentaire des accompagnantes.

 

 


¹UNHCR, Tchad urgence soudanaise, mise à jour hebdomadaire, 18 août 2023

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