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Témoignages

agir sans délai sur les causes profondes de la faim

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Entretien avec Jean-François Carémel, chef de mission d’ACF au Tchad

 

Six mois après les alertes lancées par Action contre la Faim sur l’état d’urgence dans lequel se trouvent les populations les plus vulnérables de la bande sahélienne du Tchad, Jean-François Carémel, chef de mission d’ACF au Tchad, dresse un premier bilan des actions menées par ACF et appelle à une mobilisation sans délai des acteurs et des bailleurs internationaux sur cette zone.

 

L’enquête nutritionnelle menée par les équipes d’ACF dans le Bahr el Ghazal, révélait fin 2009, 2 mois après les récoltes, une situation d’urgence nutritionnelle imminente. A ce jour, les indicateurs de sécurité alimentaires ne font que confirmer la crise. La production céréalière a chuté de 34%, le déficit fourrager est estimé à plus de 60%, tandis que la hausse des prix des céréales sur les marchés barre l’accès à la nourriture. « La mort massive du bétail génère de surcroît une problématique d’accès au lait qui est un des moyens de prévenir la malnutrition pour les populations pastorales» précise Jean-François Carémel. Le prix du sac de mil est en moyenne 25% plus élevé que celui des cinq dernières années. Cumulé à une baisse du prix de vente du bétail, il entraine une dégradation significative des termes de l’échange. A cela s’ajoute une baisse de l’euro qui conduit à une hausse du prix de toutes les céréales importées et qui renforce l’insécurité alimentaire de la zone.

 

Les conséquences sont d’ores et déjà préoccupantes : 2 millions de personnes sont en insécurité alimentaire importante et près de 100 000 enfants sont à risque de malnutrition sévère. Les stratégies d’adaptations des familles les plus fragiles avec l’anticipation de la période de soudure (mars-avril au lieu de mai-juin) agissent comme des facteurs aggravants : réduction quantitative et qualitative des repas, migrations des chefs de famille vers les villes, transhumance précoces des troupeaux ou sédentarisation des pastoraux ayant perdu leur bétail. Ces migrations augmentent les tensions sur l’accès à la terre et à l’eau déjà largement problématiques dans ces milieux sahéliens extrêmement fragiles. L’arrivée de la saison des pluies dégradera encore la situation, « on s’attend à une recrudescence du paludisme et des diarrhées et de fait une hausse importante des admissions d’enfants malnutris dans les centres de santé » s’alarme Jean-François Carémel.

 

Anticipant la crise, Action contre la Faim a mis en place dès mars dernier des programmes dans le Bahr el Ghazal afin de prévenir et traiter la malnutrition. Déjà présentes dans la région voisine du Kanem depuis 2008, les équipes d’ACF développent des programmes permettant le dépistage actif et la prise en charge précoce de la malnutrition. En effet, comme l’explique JF Carémel, « la malnutrition est une maladie sourde que les gens ne parviennent pas encore à identifier. » La volonté d’ACF est ici de « redonner confiance aux communautés pour faire sauter les barrières sur la malnutrition et rendre leur légitimité et leurs moyens aux structures de santé. » Au total ce sont plus de 13 000 enfants atteints de malnutrition sévère qui seront traités dans les centres appuyés par ACF. Plus à l’Est, dans la ville d’Abéché, ACF mène un programme de recherche sur des aliments nutritifs prêt à l’emploi permettant de prévenir la malnutrition à grande échelle, 3000 foyers vulnérables sont concernés par le programme de prévention et nos structures prévoient d’accueillir 1500 enfants atteintes de malnutrition sévère et 5000 enfants atteints de malnutrition modérée.

 

Alors que la crise va croissant, Action contre la Faim déplore le manque d’acteurs présents dans cette zone sahélienne du Tchad et l’insuffisance du soutien des bailleurs internationaux pour des actions attaquant immédiatement et sur le long terme les conséquences et les causes de ces problèmes. Par ailleurs, l’aide humanitaire allouée principalement à l’assistance des réfugiés de l’Est ne permettra pas de faire face à la situation dramatique des populations hôtes de ces régions affectées par la crise.

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