Enquête auprès des personnes accueillies à la Soupe de nuit

Les « Soupes de Nuit » de la Fondation Armée du Salut (FADS) existent depuis plus de 90 ans à Paris et accueillent de manière inconditionnelle des personnes en situation de grande exclusion.

Cette enquête a mis en lumière la grande appréciation de la Soupe de nuit par les personnes accueillies, et son caractère structurant dans leur accès à l’alimentation.

Les personnes rencontrées lors de l’enquête ont des profils très divers et sont en grande partie dans des situations d’isolement importantes. Bien que 30 % des personnes vivent dans un logement personnel, la majeure partie vit à la rue ou dans des hébergements temporaires et / ou précaires, sans possibilité de cuisiner. La précarité financière des publics accueillis est conséquente, la moitié n’ayant aucun revenu. Une majorité sont des hommes et moins de la moitié des personnes répondantes déclarent avoir une situation administrative régulière. Les mineurs représentent un cinquième des personnes rencontrées et apparaissent particulièrement vulnérables.

Les personnes accueillies à la Soupe de nuit s’y rendent très régulièrement. Elles choisissent majoritairement de consommer leur repas sur place et s’estiment globalement satisfaites voire très satisfaites du dispositif. Elles apprécient la qualité des repas proposés, même si plusieurs entretiens font part d’une certaine insuffisance en termes de quantité. Le lieu de distribution des repas est apprécié mais celui-ci n’apparait pas comme un lieu d’échanges, les personnes répondantes n’ayant pour la plupart jamais ou peu créé de liens avec les bénévoles ou les autres personnes accueillies.

L’enquête a révélé une dépendance importante des personnes rencontrées à l’aide alimentaire, et particulièrement à la Soupe de nuit. Malgré ce soutien essentiel, 57 % des personnes déclarent souffrir de faim modérée voire sévère. Conjuguée à des prises alimentaires quotidiennes insuffisantes, des caractéristiques de situations d’insécurité alimentaire particulièrement alarmantes se dressent pour une frange non-négligeable des personnes rencontrées, certaines semblant uniquement dépendre du repas quotidien distribué à la Soupe de nuit pour se nourrir. L’instabilité administrative, la précarité de logement ou d’hébergement, l’absence de ressources financières et la minorité constituent des facteurs aggravants de ces situations préoccupantes en termes d’alimentation.

Les personnes rencontrées lors de l’enquête témoignent également de besoins hors alimentaires larges et non couverts. De l’accès au logement ou à l’hébergement, à l’accès aux soins et à la santé, en passant par des besoins d’ordre administratif et d’insertion, les personnes accueillies à la Soupe de nuit cumulent différents facteurs de vulnérabilités et font face à des besoins divers mais pourtant essentiels, témoignant des complexes situations de précarité auxquelles elles sont confrontées.

Les recommandations proposées à la fin du présent rapport visent à appuyer la FADS dans l’évolution du dispositif pour une meilleure prise en compte des besoins identifiés. En ce sens émerge la première recommandation visant à l’évolution stratégique du dispositif par la suppression de l’offre de repas à emporter, la redéfinition du dispositif autour des publics prioritaires et la réorientation des personnes non prioritaires vers des dispositifs adaptés. Le second volet des recommandations concerne l’accueil sur le dispositif par l’évolution de la file d’attente vers un accueil repensé avec les bénévoles, le soutien aux échanges pendant et après les repas ainsi qu’une meilleure prise en compte des enjeux liés à l’accueil de personnes mineures. La troisième recommandation vise à l’amélioration de l’offre proposée sur le volet alimentaire comme non-alimentaire. Enfin, la documentation des vulnérabilités des publics accueillis est encouragée par la dernière recommandation pour faire porter les enjeux rencontrés sur le dispositif aux pouvoirs publics.