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Hanna Mattinen, spécialiste de la sécurité alimentaire à Action contre la faim, analyse la hausse de prix de ces derniers mois.
H. M : L’envolée des prix alimentaires de ces derniers mois repose sur plusieurs facteurs : contraction de l’offre, réduction des stocks, prévisions plus faibles de la production agricole, augmentation du prix du pétrole . Les inondations dramatiques en Australie, qui vont affecter durablement la production de blé, ou encore les incendies en Russie ont aussi eu un rôle, en générant une incertitude supplémentaire qui accentue la spéculation. Les Nations unies ont souligné que la hausse est en partie due à une « panique » sur les marchés agricoles. Comme l’a expliqué Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, « lorsque des informations sur des incendies en Russie, une canicule en Ukraine, des pluies trop fortes au Canada ou autres s’accumulent, certains opérateurs de marché préfèrent ne pas vendre tout de suite, tandis que les acheteurs cherchent à acheter autant que possible. Si tout le monde fait ça les prix augmentent. » Cela alimente la spéculation.
Les prix des denrées alimentaires ont beaucoup augmenté ces derniers mois. Est-on dans une situation comparable à 2008, qui avait donné lieu aux émeutes de la faim ?
H. M : Les prix alimentaires atteignent en effet des niveaux préoccupants, qui alimentent les inquiétudes quant au déclanchement d’une crise alimentaire. La FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) publie depuis 1990 un indice reflétant les variations de prix d’un ensemble de produits incluant céréales, oléagineux, produits laitiers, viande et sucre. En janvier, il a atteint un niveau jamais atteint, à 231 points contre 223 le mois précédent, ce qui le plaçait déjà au dessus du record de juin 2008 à 213,5 points.
Cela ne veut pas dire que tous ces produits dépassent les niveaux de 2008. Par exemple, le prix du blé en décembre-janvier était 50% plus élevé à Chicago et 92% plus élevé à Rouen que l’année dernière, mais les prix internationaux restaient 31% en dessous du pic de mars 2008. De même, le prix du mais était 45% plus élevé que l’année précédente mais il restait 10% plus faible que le pic de juin 2008.
Quelle est l’évolution attendue pour les prochains mois ?
H. M : Si aujourd’hui le niveau des stocks est pour l’heure convenable, l’avenir est très incertain. Ainsi, pour les céréales, pour la première année depuis 3 ans en 2010-2011, la consommation de céréales va dépasser la production, ce qui va impliquer automatiquement une baisse des stocks. En effet, la production 2009/2010 de céréales est moins abondante que prévue. De ce fait, la production du premier semestre 2011 sera décisive pour l’évolution future des prix. La situation est extrêmement fragile et le moindre événement adverse peut la faire basculer, au niveau international comme au niveau local.
Quels sont les pays les plus vulnérables face à ces hausses ?
H. M : Ce sont bien sûr les pays importateurs. Pourtant une partie des pays à faibles revenus et en déficit vivrier ont vu leur production augmenter en 2010. Cette augmentation est estimée à 2,5%, marquant une troisième année consécutive de croissance. Cela n’empêchera cependant pas une augmentation des prix, car demeurant importateurs nets, ces pays vont automatiquement subir une hausse de prix alimentée par les cours internationaux. Parmi les pays en situation très fragile, on peut par exemple citer la Mongolie, qui importe la moitié des ses besoins en blé et subit une hausse des cours en raison de la décision russe de cesser les exportations. L’Afghanistan, lui aussi dépendant des importations de blé russe, peut également être sujet à pénurie, bien qu’il ait enregistré de bonnes productions. Les pays dont la sécurité alimentaire est déjà fragile, au Sahel par exemple, méritent également un suivi accru.