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2015, année charnière pour le financement de la lutte contre la pauvreté et la faim

Du 13 au 16 juillet se déroulera la conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement. Il s’agit est de fixer les besoins et moyens financiers pour atteindre les prochains objectifs de développement durable (ODD). Cette conférence précèdera deux autres rendez-vous majeurs : l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU), en septembre, pour entériner les futurs ODD et la conférence des parties (CoP 21), à la fin d’année, pour engager les pays en faveur de la lutte contre le changement climatique.

Les besoins de financement pour lutter contre la pauvreté sont estimés à plusieurs milliers de milliards d’euros. Face à ces estimations, l’aide publique au développement ne représente « que » 135 milliards par an. Et, si peu de pays développés consacrent 0,7% de leur richesse nationale au développement, le respect de ce seul engagement ne suffirait pas à combler les besoins colossaux de financement. Tous les Etats s’entendent sur ce constat mais les réponses divergent en particulier autour de la notion d’une responsabilité commune mais différenciée. En d’autres termes, les Etats ont des désaccords sur la façon de parvenir au financement des futurs ODD. C’est la raison pour laquelle l’adoption d’une déclaration commune des Etats lors de la conférence d’Addis-Abeba est un véritable défi.

Relever le défi d’une vision commune pour le financement du développement

Depuis la première conférence internationale sur le financement du développement à Monterrey en 2002, on peut considérer que deux visions s’opposent sur les moyens financiers à mobiliser pour éradiquer la pauvreté. D’un côté, les Etats dits du « nord », bailleurs historiques et majoritaires de l’aide publique au développement (APD) et parmi lesquels les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Japon ou encore la France souhaitent minimiser les engagements contraignants.

Dans le cadre des négociations préalables à la conférence d’Addis-Abeba, ces Etats renouvellent leur ancienne promesse d’attribuer 0,7% de leur richesse nationale à l’APD, mais sans calendrier contraignant. Or cela fait quarante ans que la très grande majorité de ces Etats manquent à leur engagement, l’APD stagnant encore à 0,29% du revenu national brut en 2014. Ces pays promeuvent une plus forte mobilisation du financement privé via les institutions financières de développement, les investissements directs à l’étranger, le développement du secteur privé local ou la levée des entraves au commerce international. Ils appellent enfin à une meilleure mobilisation des ressources domestiques qui va de pair avec la lutte contre l’évasion fiscale.

De l’autre côté, les Etats dits du « sud », principaux récipiendaires de l’aide entendent rappeler les bailleurs à leurs promesses. Cette vision est portée par les pays en voie de développement au sein du G77 et pays les moins avancés. Ils demandent que le financement public international prévale sur le financement privé international. Ils souhaitent que les accords commerciaux internationaux accordent un traitement « différentiel et préférentiel » aux pays moins en mesure d’affronter la concurrence internationale. Ils insistent également sur la nécessité d’ouvrir la gouvernance des instances internationales (OMS, OCDE, G7 et G20 par exemple) à l’ensemble des Etats afin de favoriser une meilleure représentation des pays les plus concernés par la lutte contre la pauvreté.

La conférence internationale d’Addis-Abeba ne débouchera sur aucun accord contraignant. Au mieux, les Etats s’entendront sur une déclaration commune déterminant les principales sources de financement et leur mobilisation pour le développement. On en restera au stade des intentions. On peut néanmoins espérer des avancées en matière de transparence et redevabilité de la part de l’ensemble des acteurs du financement du développement, notamment de la part du secteur privé. 

En revanche, l’atout de cette conférence est de se situer en amont de l’AGNU qui adoptera les futurs ODD et de la CoP21. Les Etats du « sud » entendent profiter de cet agenda pour faire pression sur les Etats développés et obtenir des engagements publics les plus solides possibles. Si la conférence s’avérait être un échec ou de faible porté, nul ne doute que cela serait susceptible de rejaillir négativement sur l’AGNU et la CoP21. Les Etats du « sud » ayant la force du nombre, ils pourraient alors faire pression sur les négociations de ces textes. Eléments de réponse dans un peu moins de 100 jours.

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