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Témoignages
« J’ai quitté la République Centrafricaine pour me réfugier au Tchad, chez ma mère avec mes cinq enfants. A l’époque mon dernier enfant n’avait que deux mois après sa naissance. Quelques jours plus tard, (…) mon époux a été lynché à mort devant quelques dizaines de personnes. (…) Ces lynchages (…) à coup de pied, pierre et de couteau l’ont mené à une mort lente et douloureuse. Le corps de mon mari a ensuite été démembré puis brûlé jusqu’à ce que (…) la foule soit dispersée par du gaz. (…)
Ils l’ont accusé d’être un rebelle et un traître. A ce moment-là, j’étais encore au Tchad, je n’ai pu voir le corps de mon mari ni enseveli. J’ai appris la nouvelle quatre jours plus tard par téléphone et sur les réseaux sociaux qui publiait la scène. J’ai vu la scène à la télé (…). J’étais sous le choc, je n’arrivais pas à comprendre ce qui s’était passé après notre départ pour le Tchad. (…)
Après, je n’ai même pas eu accès au compte bancaire de mon mari. Sa pension n’a pas été versée par le Trésor Publique pour me permettre de prendre soin des cinq enfants à ma charge. J’ai mené des démarches jusqu’au Tribunal de Grand Instance de Bangui, mais sans suite. Malgré toutes mes demandes, elle est restée bloquée. Cela m’a fait réfléchir, j’en suis venue à la conclusion que la loi n’existe pas. (…) »
Madame B. avait emmené avec elle les papier administratifs relatifs au compte bancaire et à la pension de son époux qu’elle a éparpillé avec colère au milieu du groupe. Tandis qu’un Travailleur Psycho-Social continuait la session, un second a pris la jeune femme à l’écart afin que celle-ci puisse se calmer, avant de rejoindre le groupe pour les exercices de relaxation et d’étirement.
La patiente s’est reconnue dans les symptômes d’anxiété suivant : je ne dors pas bien la nuit, j’ai des maux de tête intenses, je pense beaucoup à mes enfants, je n’arrive pas à bien manger, je m’énerve souvent.
La séance suivante, Madame B. était calme et a pu suivre intégralement la séance, portant sur la manière dont gérer les problèmes et s’organiser.
Madame B. a expliqué que sa seule activité génératrice de revenus actuelle était la vente ambulante de beignets qu’elle avait pu lancer grâce à un don de 2,000 XAF donnée par un de ses parents. Madame B a expliqué que son souci le plus important était que ses enfants n’étaient plus scolarisés depuis maintenant deux ans, faute de pouvoir payer les frais scolaires. D’autres participants la connaissant ont expliqué que Madame B. éprouvait des difficultés dans le cadre de son activité commerciale, celle-ci ayant une attitude colérique face aux client(e)s lui posant des questions sur les prix de ses beignets. Dans le cadre de l’appui d’ACTED, Madame B. sera accompagnée pour développer une activité de petit commerce.
Pendant de la séance visant à rompre le cycle de mauvaise humeur, Madame B. a expliqué que la mise en pratique à la maison des exercices de relaxation et de pleine conscience l’avait beaucoup aidée à retrouver le sommeil, ce qui était un soulagement au vu de ses nombreuses insomnies.
La 5ème séance « Comment rester en bonne santé et se tourner vers l’avenir » permettait également de revenir sur l’intégralité des sessions précédentes. Madame B. s’est exprimée sur les activités auxquelles elle avait participé.
« Je remercie beaucoup Action contre la Faim pour mettre à notre disposition de pareilles activités ainsi qu’à ses équipes par des conseils y compris l’exercice de relaxation qui me soulage beaucoup et m’aidera à gérer le stress. Avant, je passais la journée seule dans la maison avec les enfants, sans m’habiller, ni me tresser les cheveux, sans savoir quoi faire. C’était difficile. En l’espace d’une journée je pensais à me suicider, à partir et voyager ou bien à abandonner mes enfants. Mais à présent ma situation s’est améliorée grâce à ce groupe. Je n’ai plus de maux de tête intenses, je peux à nouveau dormir. Le matin j’ai la force et l’envie de m’habiller, me tresser et faire mes activités de beignet, ainsi qu’a socialiser avec d’autres personnes.
Mon grand problème reste la scolarisation de mes enfants. (…) A la fin de notre échange je vois ce programme comme un lieu où je me sens en sécurité. Est-il possible de continuer cette activité pour d’autres personnes qui ont le même problème et qui souffrent dans différents quartiers au km5 ? ».
Les échelles de bien-être (WHO5 et Psycholops) passées en séance 1 sont repassées en séance 5 afin de mesurer l’effet de la prise en charge sur le bien-être des bénéficiaires. En corrélation avec son témoignage, le passage des échelles montre que Madame B. a pu améliorer son bien-être grâce à la prise en charge psychologique.
Depuis début 2017, à travers des évaluations et la mise en place d’outils de coordination, les acteurs (humanitaires, acteurs du gouvernement, autorités locales et autres) se sont réunis pour développer une meilleure compréhension de cette situation. Adapter leur action pour répondre au mieux aux besoins des personnes concernées en lien avec les instructions du Plan National de Relèvement et de Consolidation de la Paix 2017 – 2021 et de manière inclusive, holistique afin de ne pas aggraver les risques de tensions entre les groupes.
« Le projet « Bon retour à la maison – Doni Kiringo na kodoro » dont a bénéficié Madame B. est financé par le fonds Bêkou (espoir en Sango), le Fonds fiduciaire européen pour la République Centrafricaine, mis en œuvre par le consortium Acted/Impact/DRC et Action contre la Faim. »
République centrafricaine
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