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Témoignages

Trois questions sur l’épidémie de choléra à Alexandre Le Cluziat, Chef de mission Zimbabwe

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1.Où en est la situation aujourd’hui par rapport au choléra ?

 

La situation n’est toujours pas sous contrôle : l’épidémie est nationale et il n’y a toujours pas une réponse suffisamment globale pour toucher tout le monde. En revanche, dans la zone dans laquelle ACF travaille, au sud du pays, on voit que la courbe du nombre de contaminations hebdomadaires commence à baisser. On est peut être en train de passer le pic de l’épidémie, au moins pour la partie sud du pays. Mais il y a encore beaucoup de cas, et des résurgences localisées sont toujours possibles.
Hormis une brève phase de colère de la part de la population s’apercevant qu’ils n’avaient plus accès à des soins de santé de qualité, les gens sont résignés. Il n’y a pas vraiment de mouvement de panique ou de stigma très fort : l’épidémie est nationale mais très diffuse. En zone urbaine, les media ont tardivement fait un relais d’information pour les gestes à faire pour se prémunir du cholera. Mais le problème se situe davantage en zone rurale où les gens n’ont pas accès aux médias et beaucoup de mauvaises pratiques circulent par rapport au choléra (dont l’une était de considérer que c’était le chlore qui était le vecteur du choléra vu le goût qu’il donnait à l’eau…) Les séances de promotion de l’hygiène que nous organisons y sont donc très nécessaires : le but est de parvenir à informer une personne par foyer sur le lavage des mains, la communication interpersonnelle, l’importance de l’eau potable. Nous distribuons également à cette occasion un kit constitué de savon, de tablettes de chlore, de récipient propre, etc.

 

 

2.Pourquoi cette épidémie a-t-elle pris une telle ampleur

 


Plusieurs facteurs sont entrés en jeu. Cette année, les systèmes sanitaire et hospitalier se sont totalement effondrés : les infrastructures d’eau et d’assainissement ne sont plus viables – pour la plupart. Il n’y a donc plus d’eau propre et les eaux propres et sales se mélangent. Dans le même temps, le personnel hospitalier n’étant plus payé a quitté en masse les hôpitaux.
Par ailleurs, le Zimbabwe est un pays où le réseau routier est très bon et où les gens sont très mobiles d’une zone à l’autre. Ce nombre de mouvement important a entraîné une accélération de la diffusion de la maladie. L’épidémie est notamment devenue hors de contrôle au moment de Noël alors que beaucoup de personnes bougeaient dans tout le pays pour rejoindre leur famille pour les fêtes.
Enfin, personne n’avait anticipé que le cholera pouvait prendre une telle ampleur dans ce pays. Il y a régulièrement des cas de choléra, mais ils restent très localisés. Très peu d’acteurs sur place étaient donc prêts à intervenir en urgence avec des moyens suffisants pour couvrir beaucoup de monde. Cette crise est la plus grande épidémie de choléra depuis 15 ans. Elle représente plus que le cumul annuel de tout le continent africain des cas de choléra : c’est énorme et face à cela tous les acteurs ont été dépassés.

 

 

3.Quelle est la réponse humanitaire d’ACF sur place ?

 

Action contre la Faim a fait partie des premiers acteurs positionnés en eau et assainissement pour faire face à l’épidémie. Des experts en logistique en eau et assainissement sont rapidement venus renforcer nos équipes. Aujourd’hui, une trentaine de personnes d’ACF sont concentrées sur l’intervention face au choléra, grâce notamment au soutien d’ECHO (Office d’aide humanitaire de la commission européenne) et de l’Unicef. Nos programmes se concentrent sur 3 points :
-fournir en eau potable les hôpitaux et postes de santé en priorité (une des conséquences du choléra étant la déshydratation). Plus de 476 500 litres d’eau traitée ont ainsi été délivrés. L’accès à l’eau potable est également assuré dans les villages via la réhabilitation des points d’eau existants.
-Mettre en place un système de gestion des excréments dans ces hôpitaux et postes de santé
-Organiser des sessions de promotion de l’hygiène adaptée au choléra, spécifiquement en zone rurale : environ 20 000 personnes ont ainsi suivi ces sessions. La distribution de « kit anti-choléra » y est parfois associée.
Les équipes d’ACF interviennent essentiellement dans la province de Masvingo, au sud du pays, zone la moins développée et la plus isolée du pays. L’important pour les semaines à venir est pour nous de garder une capacité d’enquête avec des équipes mobiles dans toute la région capables de vérifier si les gens utilisent du savon, de l’eau propre et des récipients propres dans les maisons et les villages. Cela nous permet également de suivre l’évolution de l’épidémie. De la même manière, il faut continuer la sensibilisation à l’hygiène et aux bonnes pratiques. Enfin, nous devons continuer à approvisionner en eau ou réhabiliter les points d’eau des postes de santé afin de préserver autant que possible un accès à l’eau potable. Ces deux derniers volets sont fondamentaux pour contenir l’épidémie.

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