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Témoignages
« Au bout de deux mois, quand nous avons cru comprendre que la situation s’était un peu calmé, nous avons décidé de rejoindre la ville pour y trouver du secours. Tous les villageois survivants sont partis, nous ne pouvons plus rien faire dans notre village : tout est détruit ou pillé. Nous avons marché pendant 12 jours. Au début nous avions un peu de nourriture, mais à la fin plus rien. Je suis directement venue à l’hôpital en arrivant. Le petit tas de vêtement que vous voyez à côté : c’est tout ce que nous avons aujourd’hui. Moi aussi je dors à l’hôpital, car je n’ai nulle part où aller. Mon mari, dehors, essaie de trouver une solution, mais je ne sais pas quoi faire. Nous ne connaissons personne, à la ville, ici. Je ne sais pas où nous pourrons vivre » explique Tomba en essuyant de contenir ses larmes.
Le médecin de l’hôpital confirme que l’histoire de Tomba et de ces 3 petits enfants est symptomatique ces jours ci à l’hôpital : « nous assistons à une flambée des cas de malnutrition. Le grand axe routier entre la ville de Tshikapa et les villages reculés se libèrent un peu, donc de nombreuses familles cachées en brousse tentent de rejoindre la ville. Les cas de paludisme, fièvre typhoïde, dysenterie et infections respiratoires sont très nombreux au vu des conditions de vie extrêmement précaires qu’ils ont du subir dans la forêt. Beaucoup de gens vont encore venir si la route se sécurise» prédit-il. Selon les estimations des Nations Unies, 1.4 million de personnes ont ainsi été obligés de fuir leur maison pour trouver refuge en brousse ou dans des familles d’accueil. La République Démocratique du Congo est devenue en quelques mois le pays ayant la plus grande population déplacée de toute l’Afrique.
Il y a un peu plus de deux mois, les équipes d’Action contre la Faim constatant l’impact du conflit sur la malnutrition ont en effet lancé des programmes de traitement de la malnutrition dans 11 centres de santé du Kasaï. A la fin du mois de juillet, plus de 2000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère avaient déjà été admis dans les programmes de soins soutenus par ACF. Une goutte d’eau à l’échelle de la zone touchée, mais un début, comme peut le constater Tomba qui en 15 jours a vu une vraie amélioration de l’état de santé chez ses deux petits enfants: « au début, ils avaient des œdèmes partout. Les œdèmes ont maintenant dégonflé. Mouloumba va mieux, mais Maloula refuse toujours de s’alimenter. Il faut continuer. » Un soutien qui devra s’accompagner au plus vite d’autres activités pour aider les familles qui ont tout perdu comme celle de Tomba à essayer de reprendre une vie normale.
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