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ACF en HAìTI

Témoignages

Questions à Alexandre Lamotte

ACF en HAìTI

Vous revenez d’une première mission de 5 mois en Haïti… comment avez-vous décidé de vous lancer dans cette aventure humanitaire aux côtés d’ACF ?

Ma motivation est d’abord venue de la lassitude que m’inspirait le secteur privé, où j’exerçais auparavant la fonction d’ingénieur conseil en pollution des sols et eaux souterraines, après une formation de géologue. Je souhaitais donner à ma carrière un nouveau sens qui serait plus en conformité avec mes convictions. J’ai donc pris des renseignements sur internet, et auprès d’un ami qui travaillait pour ACF. C’est ainsi que j’ai décidé de partir en tant qu’expatrié en Haïti, conscient du besoin urgent en techniciens de terrain dans ce pays défiguré. La mission de responsable du programme Eau, Assainissement et Hygiène qui m’a été confiée concernait l’ensemble de la ville des Gonaïves, où nous étions pour ACF une quinzaine d’expatriés avec une centaine d’Haïtiens.

 

Quelle est la situation en Haïti, et en quoi consiste le travail des équipes d’ACF sur place ?

 

Haïti est un pays où la combinaison de plusieurs facteurs a mené à une situation humanitaire désastreuse. Après deux siècles d’instabilité politique et de dictature, les Haïtiens vivent dans un contexte de crise structurelle, inévitablement accompagnée d’une quasi-absence d’infrastructures et de services, mais aussi d’une très faible productivité. A cela s’ajoutent les risques naturels tels que les cyclones et les pluies diluviennes, qui délavent un sol déjà rendu stérile et instable par la déforestation de masse. Les Haïtiens peuvent donc rapidement se retrouver sans protection face aux risques naturels et sanitaires.

Dans ce contexte, les équipes d’ACF travaillent à des solutions d’accès l’eau potable par l’installation de pompes à main ou la réalisation de forages, mais surtout par un programme de réfection des réseaux de distribution d’eau, en majorité obsolètes. Parallèlement à cela, des programme de promotion de l’hygiène et de formation à la maintenance des réseaux d’eaux, ont été mis en place afin d’améliorer sur le long terme la situation sanitaire de la population. Le pays bénéficie également de programmes visant à assurer une sécurité alimentaire à la population.

 

Après ces 5 mois passés sur le terrain, quels souvenirs gardez-vous de votre expérience ?

Ce qui marque le plus en Haïti, c’est le manque : à mon arrivée, j’ai pu rapidement constater que tout manquait, des infrastructures de santé aux écoles, en passant par le matériel le plus basique pour l’usage quotidien, comme les assiettes et les couverts. Autre exemple, le réseau d’eau est hors d’usage pratiquement pour moitié, l’autre moitié nécessitant des travaux de rénovation. De plus, le secteur des Gonaïves, où j’intervenais principalement, pose la difficulté d’être urbanisé ; Les interventions sont en effet plus problématiques en ville qu’à la campagne, à cause notamment de l’aspect anarchique du développement urbain. Mais malgré cette situation alarmante, je suis globalement satisfait du travail accompli jusqu’à présent, car les réalisations sont pérennes et de bonne qualité.

Et au-delà de l’aspect technique, cette expérience en Haïti m’aura permis de vivre une aventure humaine formidable, en allant à la rencontre des gens et en partageant avec eux une partie de leur quotidien. Lors d’opérations de promotion de l’hygiène par exemple, nous nous déplacions dans les écoles, où les activités pédagogiques et ludiques que nous proposions aux enfants étaient autant de moments de joie et de rire.

 

Comment la mission en Haïti est-elle appelée à évoluer ?

 

En ce qui concerne, mon domaine d’expertise (l’eau, l’assainissement et l’hygiène), la priorité est de continuer le travail de rénovation du réseau de distribution d’eau. Comme je vous l’ai dit, l’état de vétusté de celui-ci est alarmant à travers tout le pays, avec les risques sanitaires que cela induit pour la population.
Il faudrait également engager un vaste programme de lutte contre l’érosion des sols, qui est en Haïti un énorme problème aux conséquences multiples sur le plan humanitaire comme environnemental. Mais cela doit se faire avec des organisations spécialisées dans ce type de problématiques, et qui seront à-même d’apporter des solutions durables à ce risque permanent.
Mais au-delà des problèmes « de terrain », la société haïtienne connait hélas d’autres fléaux, tels que la corruption et le trafic de drogue, qui doivent également être pris en compte.

Enfin, je pense qu’il ne faut pas sous-estimer l’impact des traditions et des croyances populaires, particulièrement en termes sanitaires. Il n’est en effet pas rare que les corps des victimes de catastrophes naturelles ou autres accidents soient laissés sur le lieu où ils sont découverts, la population n’osant pas les manipuler par peur de la légende du vaudou… avec tout ce que cela peut entraîner en termes de risques épidémiologiques et infectieux.

 

De retour en France, quelle impression gardez-vous d’ACF ? Comptez-vous repartir en mission ?

ACF, c’est 30 ans d’engagement aux côtés des victimes de la pire des injustices : la détresse alimentaire sous toutes ses formes. C’est une organisation professionnelle, avec des techniciens et des bénévoles expérimentés, et toujours formés aux réalités du terrain. De plus, les équipes sont très soudées, ce qui n’est pas toujours le cas en intervention, ce qui me faisait souvent dire qu’ACF est une ONG familiale!

Cette première mission m’a confirmé mon goût pour les interventions concrètes. Je suis d’ailleurs sur le point de repartir en Haïti avec Oxfam, avant une autre mission avec ACF à l’automne prochain.

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