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20220613-DSC04150 © Said Musse pour Action contre la Faim

Témoignages

Sécheresse

Le peuple nomade confronté à la sécheresse en Somalie

Plus de six millions de personnes ont été touchées dans tout le pays, et 800 000 personnes ont été forcées de fuir leur foyer et de s’installer dans les camps de déplacés internes de zones urbaines. Le nombre de déplacements ne cesse d’augmenter, car il n’a pas assez plu dans le pays pendant la saison des pluies du Gu (printemps), et il est de plus en plus difficile de maintenir le bétail en vie.

La guerre russo-ukrainienne a également mis de l’huile sur le feu. Étant donné qu’aucune récolte n’est prévue cette année, les prix des produits alimentaires importés, comme le riz, l’huile de cuisson et les spaghettis, sont montés en flèche. Les communautés rurales étant les principaux producteurs de céréales et de sésame, l’absence de récolte les place dans une situation compliquée.

Saadia Muse Yusuf a un petit magasin qui vend de la nourriture et d’autres produits essentiels à Diilin, un village du district d’Eyl, dans la région de Puntland, où vivent de nombreuses communautés pastorales. Elle explique que la hausse des prix des produits alimentaires se fait sentir dans le village, notamment dans son magasin. Elle raconte également en quoi les prix de la nourriture et des besoins de base ont affecté le pouvoir d’achat des communautés nomades dans son village.

« La vie coûte très cher. Nous ne pouvons rien nous permettre. Avant, nous achetions nos produits auprès d’un commerçant qui venait au village. Mais la dernière fois qu’il est venu, nous n’avions pas les moyens d’acheter ce dont nous avions besoin pour le magasin. Nous n’avions pas assez d’argent pour acheter ce qu’il vend. Le magasin a beaucoup souffert de la sécheresse. Les villageois ne peuvent plus se permettre d’acheter mon huile de cuisson. Avant, elle me coûtait 22 dollars. Maintenant, presque 50. Un sac de sucre coûte presque 45 dollars. Les spaghettis, les haricots et les légumes aussi sont très chers. »

"Tout ce dont nous avons besoin au quotidien est plus cher."
Saadia Muse Yusuf
district d’Eyl, Commerçante

Les frères de Sadiyo, ne pouvant plus supporter les difficultés de la vie rurale, la sécheresse et la hausse des prix des produits alimentaires, sont partis vivre dans des zones urbaines, où ils peuvent mieux gagner leur vie.

« J’ai 11 enfants. L’une de mes filles est mariée. Les autres sont à la maison. Avant, mes frères habitaient avec nous. Mais ils sont partis. Je ne vis plus qu’avec mes enfants. »

Le magasin de Saadia vend des produits alimentaires à crédit aux nomades qui viennent dans son village pour acheter des aliments de base. Souvent, ils n’ont pas d’argent, mais elle refuse de leur dire non.

« Nous permettons à certaines personnes d’avoir des dettes. Elles nous paient quand elles peuvent. Il y en a certaines qui ne peuvent pas payer. Nous les laissons partir. Nous ne pouvons pas manger et laisser d’autres personnes mourir de faim. »

"Nous permettons à certaines personnes d’avoir des dettes. Nous ne pouvons pas manger et laisser d’autres personnes mourir de faim."
Saadia Muse Yusuf
district d’Eyl, Commerçante
20220614-DSC04474 © Said Musse pour Action contre la Faim
20220614-DSC04265 © Said Musse pour Action contre la Faim
20220614-DSC04447 © Said Musse pour Action contre la Faim
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Le village de Diilin accueille une grande population nomade du district d’Eyl. Pour venir en aide à ces communautés et sauver des vies, Action contre la Faim a creusé un forage sur demande de la communauté, de ses leaders et des autorités de Puntland. 

Le puits est utilisé par plus de 1 200 animaux par jour, et l’eau est également acheminée par camion dans les villages voisins et les communautés nomades. Avant, il y avait beaucoup plus de bétail, mais les communautés pastorales ont dû se rendre dans des régions où il y avait des pâturages pour leurs animaux.

Le puits fournit une eau vitale à des milliers d’animaux et de nomades, ce qui fait que Diilin maintient une population nomade relativement élevée par rapport aux autres villages de la région. Mais cette zone du district d’Eyl manquant de pâturages, certaines populations sont parties vivre dans des régions où leurs animaux pouvaient se nourrir.

L’équipe d’Action contre la Faim a vu des communautés pastorales migrer avec leurs animaux, certaines à pied, d’autres en voiture, afin de s’installer dans des zones plus sûres dans les environs de la vallée de Nugaal, où elles peuvent au moins acheter de la nourriture pour elles et pour leurs animaux.

Mohamud Hassan Zubeir a quitté sa maison dans le district d’Eyl pour se rendre dans la région de Nugaal avec ses chameaux et les quelques chèvres qu’il lui reste. Il avait déjà déménagé de la vallée de Nugaal au district d’Eyl, mais il y a perdu plus d’une centaine de chèvres. Il a donc été obligé de retourner dans la région de Nugaal, où il peut trouver du maïs pour lui et pour ses animaux.

« À cause de la sécheresse, j’ai été forcé de quitter cette région [celle de Nugaal et à Yax] et de déménager dans la région d’Eyl. Mon troupeau de chèvres a été très affecté par la sécheresse. J’ai perdu la moitié d’entre elles. Les autres ont peu de chances de survie, comme vous pouvez voir. » raconte Mohamud Hassan Zubeyr. « En plus de la sécheresse et des maladies, il n’y a pas d’herbe. Nous avons besoin d’aide et de soutien. »

20220614-DSC04349 © Said Musse pour Action contre la Faim

Somalie

Dans les zones urbaines, comme les villes de Mogadiscio, Garowe, Baidoa et Hudur, un grand nombre de personnes qui ont abandonné leur activité pastorale continuent d’arriver dans les camps de déplacés internes. L’équipe d’Action contre la Faim a eu l’occasion de parler à des familles qui vivent dans ces camps afin de connaître leur situation.

Hujaay Abukar Ali en fait partie. Elle a quitté la région de Baidoa après avoir perdu son bétail. Cette saison, elle n’a pas pu cultiver en raison de la sécheresse et de la rareté des pluies.

« Je m’appelle Hujaay Abukar Ali. J’ai déménagé de Baidoa. Avant, j’avais un troupeau. Mais tous mes animaux sont morts en raison de la sécheresse. Nous étions aussi des agriculteurs. Mais nous ne pouvions pas cultiver à cause de la sécheresse. Nous faisons face à beaucoup de difficultés et de défis. »

 

"Tous mes animaux sont morts en raison de la sécheresse."
Hujay Abikar Ali
Baidoa, Somalie

« Nos enfants sont malades et souffrent de la faim. Ma fille est malade depuis deux mois. Je n’ai pas les moyens de l’amener à l’hôpital. Il vomit, a la diarrhée et est atteint de paludisme. Il est malade depuis deux mois. On peut voir que sa peau a changé. Je n’ai rien à lui donner. Je n’ai pas de lait maternel et nous n’avons pas les moyens d’acheter du lait en poudre. » explique Hujay Abikar Ali. 

La seule source de nourriture de la famille d’Hujaay est ce que son mari ramène à la maison. Mais ce n’est pas facile, parce qu’à Mogadiscio, le travail n’est pas garanti. Parfois, il chasse pour pouvoir nourrir sa famille.

« Mon mari va chercher du travail, mais souvent, il n’en trouve pas. Il part alors chasser l’antilope ou la gazelle et en ramène à la maison, ou bien nous vendons ce qu’il chasse et utilisons l’argent pour acheter un peu de céréales, que nous mangeons avec du chou frisé. C’est notre quotidien. »

Action contre la Faim fournit des services d’eau assainissement et hygiène, des transferts monétaires et un soutien en santé et nutrition à ces familles. Mais de nombreuses personnes ayant abandonné leur activité pastorale ces derniers mois, les ressources sont rares et les tensions augmentent.

Dans un centre de santé soutenu par Action contre la Faim, celui de Forlanini, dans le district d’Abdulcasis à Mogadiscio, Ibrahim Aweis Muktar, infirmier, témoigne de cette situation.

« Ces derniers mois, le nombre de patients a augmenté en raison de l’absence de pluie, et les bénéficiaires viennent principalement de zones rurales. Par exemple, au centre de stabilisation, nous avions 20 personnes, et maintenant, nous avons 30, 40, voire 50 patients. Et les chiffres de notre programme thérapeutique ambulatoire sont encore plus élevés. »

DSC05056 © Said Musse pour Action contre la Faim
DSC04986 © Said Musse pour Action contre la Faim
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Dans ce centre et d’autres centres soutenus par Action contre la Faim, nous fournissons des aliments nutritifs aux parents et à leurs enfants.

« Mais dans ce centre, nous ne fournissons que du lait thérapeutique, car la plupart des enfants souffrent de sous-nutrition. Nous fournissons des aliments nutritifs aux mères de famille. Le matin, nous leur donnons du porridge, que nous préparons en mélangeant du maïs, des haricots et du sucre, et le soir, du riz et des haricots. »

Si cette tendance se poursuit le mois prochain, entre l’arrivée de nouveaux déplacés internes, la hausse des prix des produits alimentaires et le manque de moyens d’existence, de nombreuses familles du pays seront confrontées à la famine.

Les principaux besoins de ces familles sont un abri, de la nourriture, de l’eau et des installations sanitaires, ainsi que des transferts monétaires pour les aider à acheter des produits de base.

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