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ENTRETIEN AVEC YVONNE TAKANG, RESPONSABLE PLAIDOYER DU PROJET CONFLUENCES.
Il est essentiel. Nous intervenons dans des pays où les organisations de la société civile sont de plus en plus nombreuses et de mieux en mieux constituées. Elles deviennent le vivier de compétences locales et régionales et pour une organisation comme Action contre la Faim, il apparait aujourd’hui indispensable de travailler en étroite collaboration avec ces organisations pour inscrire notre action de manière pertinente et pérenne dans les territoires où nous intervenons.
Travailler avec les organisations locales, de manière plus égalitaire, en renforçant leurs compétences et leurs capacités est aussi une des préconisations du Sommet Humanitaire d’Istanbul de 2016 pour améliorer l’efficacité de l’aide face à la multiplication des crises sécuritaires, climatiques et alimentaires des dernières années.
C’est pourquoi, en 2018, Action contre la Faim a lancé le projet Confluences pour développer une nouvelle culture de projet humanitaire basée sur le partenariat et la mise en avant des actions de la société civile afin d’améliorer la sécurité nutritionnelle au Tchad, au Cameroun, au Burkina Faso, en République Centrafricaine et à Madagascar. Dans chacun de ces pays nous mettons donc en place avec des organisations de la société civile des partenariats d’une durée de 4 ans pour améliorer la prise en charge de la sous-nutrition, développer des actions de prévention et influer sur les politiques publiques locales.
Oui par exemple, au Cameroun, nous avons signé un partenariat il y a environ un an avec COSADER – un collectif d’ONG Camerounaise pour la Sécurité Alimentaire et le Développement Rural – pour développer un programme de sensibilisation aux bonnes pratiques alimentaires auprès des mères et des jeunes enfants vendeurs dans les marchés dans deux grandes villes du pays, à savoir Yaoundé et Maroua. Ces enfants, qui sont des acteurs de la vie économique camerounaise, travaillent souvent au détriment de leur propre sécurité alimentaire et nutritionnelle pour subvenir aux besoins de leurs familles. Sensibiliser sur les marchés apporte une vrai plus-value en termes de public touché car les femmes y sont présentes et celles-ci jouent un rôle central dans les pratiques alimentaires. Le marché est également un lieu de rencontre important pour les acteurs économiques et les leaders communautaires.
La connaissance et l’expertise de COSADER a donc permis de définir un programme s’inscrivant parfaitement dans les spécificités locales et a permis de sensibiliser plus de 1 000 enfants et de mener des ateliers de sensibilisation plus larges auprès des autorités locales. Avec l’irruption de la pandémie de COVID-19, une composante de sensibilisation aux bonnes pratiques d’hygiène a été ajouté. Nous avons ainsi pu sensibiliser également à la pratique des gestes barrières et au port du masque.
Nous en sommes actuellement à la moitié du projet et les retours sont particulièrement satisfaisants car il montre une meilleure adaptation de nos projets aux contextes et d’être réactif si besoin comme nous l’avons vu au Cameroun où le projet a su évoluer pour s’adapter à la réponse COVID. Par ailleurs, ce mode de fonctionnement avec les organisations de la société civile permet une meilleure appropriation pour les populations. Par exemple, au Burkina Faso le partenariat avec l’AGED – Association pour la Gestion de l’Environnement et le Développement –a facilité la mise en œuvre d’activités agro écologiques au niveau local avec la mise en place de champs école paysans, de structures de gestion des points d’eau, etc.
L’enjeu est maintenant de pouvoir capitaliser sur ses bonnes pratiques et d’échanger sur les différentes expériences qui ont pu déjà être mises en place dans les 5 différents pays d’interventions. Cela nous permettra de tirer des enseignements et de mieux guider dans l’avenir la définition des projets humanitaires et de renforcer la place de la société civile dans ceux-ci. La place d’organisations comme Action contre la Faim évolue et nous intervenons ainsi de plus en plus sur de la mise en réseau et la mise en avant de compétences locales ou régionales afin que les projets soient co-construits avec les organisations de la société civiles présentes sur place.
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