D’importants risques sanitaires pèsent sur les communautés vivant dans des abris au nord de la Cisjordanie

Les équipes d’Action contre la Faim sont témoins d’une expansion sans précédent de la violence et des déplacements en Cisjordanie. Après plus de neuf semaines d’opérations militaires dans les camps de réfugiés du nord de la Cisjordanie, la situation humanitaire s’est considérablement dégradée, entraînant des déplacements massifs et limitant l’accès humanitaire et l’accès aux services de base. 

Depuis des mois, on observe en Cisjordanie des tactiques militaires similaires à celles employées à Gaza : restrictions de mouvement, déplacements forcés, sièges et opérations militaires à grande échelle. Depuis janvier, le nombre de Palestiniens déplacés en Cisjordanie a triplé par rapport aux mois précédents. Plus de 42 000 personnes – entre 40 % et 100 % des résidents des camps de réfugiés, en fonction des lieux – ont été forcées de quitter les camps de Jénine, Tulkarem, Nur Shams et El Far’a. De nombreuses communautés se trouvent en état de siège ou coupées des services essentiels. Beaucoup de familles déplacées n’ont nulle part où aller et sont contraintes de chercher un abri temporaire dans des logements collectifs surpeuplés. D’après les évaluations préliminaires, 70 % des abris manquent de matériel d’hygiène.  

« Des dizaines de milliers de personnes vivent dans des conditions presque inhabitables et le manque d’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires aggrave les risques sanitaires. Une action immédiate est nécessaire pour assurer l’accès à l’eau potable, aux installations sanitaires, au matériel d’hygiène et à des abris sûrs pour les populations déplacées et affectées », explique Vincent Stehli, Directeur des opérations d’Action contre la Faim. 

Dans le camp de Jénine, plus de 15 kilomètres de routes ont été détruits au bulldozer, dont 21 kilomètres de réseaux d’eau. Dans les camps de Tulkarem et de Nur Shams, près de 400 maisons ont été complètement détruites et 2 500 autres endommagées. Les entrées de tous les camps sont obstruées par des monticules de terre et d’autres barrières physiques. En Cisjordanie, le Bureau des Nations unies pour l’aide humanitaire et la coordination estime qu’il existe plus de 849 obstacles à la circulation, dont un tiers sont des barrières routières fréquemment fermées. Les barrages routiers, les refus de permis, les retards aux points de contrôle et les risques pour la sécurité entravent les opérations. 

Depuis le début des opérations militaires, les équipes d’Action contre la Faim en Cisjordanie ont distribué des milliers de colis alimentaires, des kits d’hygiène et des litres d’eau potable aux familles déplacées à Jénine, Tubas et Tulkarem. Nos équipes ont également fourni des poêles, des ustensiles de cuisine et des chauffages électriques, et prévoient de distribuer des articles de literie. En outre, elles ont installé des latrines mobiles dans les centres de déplacés de Tulkarem et de Jénine.  

« Des milliers de personnes se retrouvent sans abri et sans accès aux services de base. Notre équipe travaille sans relâche pour apporter une aide d’urgence mais les restrictions et les risques rendent notre travail extrêmement difficile », déclare Vincent Stehli. « Action contre la Faim a besoin de 4 millions de dollars pour répondre aux conséquences des opérations militaires et assurer les besoins de base lors du retour dans les foyers et les communautés. Ces estimations comprennent la distribution de colis alimentaires, de kits d’articles non alimentaires, de kits d’hygiène, la distribution d’eau en bouteille, le transport d’eau par camion, l’aide financière d’urgence, ainsi que la réparation d’abris, d’eau et d’installations sanitaires », conclut-il.