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République centrafricaine

« Notre seul choix, c’est de fuir la Centrafrique pour partir à l’étranger »

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Adidja s’est réfugiée sur le site de la mosquée de Begoua, à Bangui, il y a un mois, avec ses deux enfants Kouré, 5 ans et Abdou, 10 mois. Ils viennent de la ville de Bouali, à 90 km à l’ouest de Bangui. « Nous avons dû fuir Bouali d’un coup : nous avons été chassés de là-bas par un groupe d’anti-balaka venu de l’extérieur du village. Il y avait des tueries partout. Je n’ai rien eu le temps de prendre avec moi et je n’ai pas de nouvelles de mon mari. Un camion militaire nous a pris pour nous emmener jusqu’ici, à Bangui. On pensait pouvoir rester en sécurité ici, mais ce n’est pas possible. Ici aussi on nous pourchasse. Nous sommes encerclés, c’est impossible de sortir seuls de ce quartier. Notre seul choix, c’est de fuir la Centrafrique pour partir à l’étranger. Des membres de notre famille sont déjà partis vers le Tchad. On veut les rejoindre. On attend ici le prochain convoi de camions qui partira en direction de la frontière. Même si la route est très dangereuse jusqu’au Tchad, on n’a pas le choix : on ne peut pas rester ici, on est obligé de partir même si c’est dangereux. On veut rejoindre notre famille.

Ici, on survit seulement grâce à la solidarité de la communauté et des ONG. Hier soir, on a pu manger car une dame a donné 100 FCFA à ma fille pour qu’elle s’achète à manger. Avec cet argent, on a pu acheter une boule de manioc que l’on s’est partagée. Ce n’est pas assez, mais nous n’avons plus rien : je n’ai que les vêtements que j’ai sur moi, même pas de chaussures ! La veille, on n’avait pas mangé de la journée, juste bu du café. Du coup, j’ai moins de lait pour mon fils de 10 mois.

Si on a pu trouver le manioc, c’est parce qu’une commerçante a réussi à passer la « ligne de front » avec du manioc (le site de la mosquée est séparé du reste du quartier par un no man’s land gardé par les forces armées internationales ; des miliciens guettent chaque personne qui veut entrer ou sortir).

Ici, sinon, il n’y a rien, pas de marché, rien.

Il y a une pompe à eau qui fonctionne, mais comme nous sommes très nombreux il peut y avoir jusqu’à 3 heures de queue le matin à la pompe.

Mes deux enfants suivent un traitement nutritionnel depuis la semaine dernière. Des gens d’ACF ont même dû hospitaliser ma fille Kouré à l’hôpital pédiatrique de Bangui car elle refusait de manger. Mais j’ai préféré qu’elle sorte du traitement car on ne peut pas se permettre de rater un convoi de camions qui partirait vers le Tchad. Elle mange un peu à nouveau ». Selon le personnel d’ACF, les deux enfants souffrent de tuberculose associée avec la malnutrition. Ils sont dans un état grave.  « Ici, ils me donnent les rations pour deux semaines et des médicaments pour que je puisse continuer à les donner à mes enfants même sur la route ».

 Ici, on est tous dans la même situation : personne ne sort ; on est sûr qu’on serait tué. Je ne suis jamais allée au Tchad, je ne connais pas : je suis née ici à Bangui et on a vécu toute notre vie en Centrafrique. Mais je n’ai pas le choix. Nous sommes des éleveurs. Un homme de la famille a pris le troupeau pour l’emmener en sécurité au Tchad. Je sais qu’il est là-bas. »

 

Pour aller plus loin, le témoignage vidéo de Caroline Favas, Responsable de Programme Nutrition

 

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