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Programme eau et assainissement Jordanie
© Sébastien Duijndam pour Action contre la Faim

Le défi de l’eau

Coincée entre deux mers, l’une Rouge et l’autre Morte, la Jordanie est recouverte aux trois quarts par le désert. Ce petit pays du Moyen-Orient est l’un des pays les plus touchés par la pénurie d’eau dans le monde. Depuis quelques années, ce manque chronique s’est aggravé dans les gouvernorats du nord, en raison de la forte augmentation de la population depuis le début de la crise syrienne.

Les réseaux d’assainissement existants ont souvent plus de 30 ans et payent aujourd’hui leur manque d’entretien et de réparation. Du fait d’une mauvaise gestion et d’un manque d’infrastructure, jusqu’à 60% de l’eau en Jordanie est perdue dans les communautés, notamment à cause des fuites. Certaines d’entre elles ne reçoivent de l’eau qu’une fois toutes les deux semaines, et lorsqu’elle arrive enfin, certains ménages n’ont pas assez d’espace pour la stocker. Cette situation entraîne une augmentation des coûts difficilement gérable pour les personnes qui ont peu de moyens financiers.

Ces lacunes évidentes dans la prestation des services, le manque préexistant de capacités et les contraintes financières ont été exacerbées par l’afflux de réfugiés. La détérioration des services empêche de nombreux syriens et jordaniens vulnérables d’accéder, à un prix abordable, à une quantité d’eau raisonnable. Une triste réalité qui a pour conséquence d’alimenter les tensions entre les communautés d’accueil et les réfugiés.

Renforcer les services existants 

Dans le gouvernorat d’Irbid, le travail d’Action contre la Faim vise à soulager certaines de ces pressions en améliorant l’accès à des services d’eau et d’assainissement efficaces. Les solutions proposées visent à accroître la résilience des réfugiés et des communautés d’accueil en optimisant l’utilisation de l’eau et en renforçant leurs capacités. Ces activités permettent une réduction de la quantité d’eau perdue, une maximisation de la réutilisation de l’eau et une augmentation de la capacité de stockage des ménages.

Dans un souci d’équité et d’apaisement des tensions, notre action vise en priorité les plus vulnérables, qu’ils soient Syriens ou Jordaniens. Dans les ménages les plus défavorisés nos équipes réhabilitent ou améliorent les installations via des technologies permettant d’économiser l’eau, d’éviter les fuites et de réutiliser les eaux grises.

C’est la première année que nous pouvons nous laver à l’eau chaude
Mustafa
Jordanie

Chez Mustafa, réfugié syrien de 66 ans, tout était à faire. Nous avons installé le raccordement à l’eau ainsi qu’un réservoir, des toilettes et un lavabo dans la salle de bains, un évier et des lumières dans la cuisine, et enfin un chauffe-eau pour fournir de l’eau chaude en hiver.

« Notre bouteille de gaz dure beaucoup plus longtemps maintenant et nous faisons des économies » – Mustafa

Sensibiliser contre le gaspillage

Pour s’assurer d’un impact sur le long terme, des séances de promotion de l’hygiène et de sensibilisation à la conservation de l’eau sont organisées dans les communautés. Ces activités se font au niveau communautaire via des visites de porte-à-porte, des séances en groupes ou des campagnes publiques.

« Nous leur apprenons à adopter de meilleures pratiques, à économiser l’eau et à réutiliser les eaux grises, à tirer le meilleur parti possible de la quantité d’eau dont ils disposent actuellement. » – Safia, chargée de sensibilisation

L’objectif est d’élever les consciences sur le fait que la Jordanie dispose d’un approvisionnement en eau renouvelable et abordable limité, et d‘adapter les comportements d’utilisation de l’eau à la maison au problème de pénurie en eau dans le pays. 

Construire et maintenir les infrastructures

Action contre la Faim est l’un des principaux contributeurs pour un accès à l’eau, pour l’assainissement et l’hygiène au sein du camp de réfugiés d’Azraq. Dans cette zone désertique, il a d’abord fallu tout créer : réservoirs, réseaux d’eau, points d’eau, douches, latrines. Autant d’installations nécessaires à la vie et à la santé, mais aussi à la dignité et aux tâches quotidiennes des plus de 35 000 syriens habitant les lieux.

Plusieurs années s’étant écoulées, la mission principale est désormais d’assurer la pérennité de ces services essentiels via la gestion du fonctionnement et l’entretien des blocs sanitaires, l’organisation de séances de sensibilisation sur le thème de l’eau.

Au total nous avons formé plus de 430 femmes volontaires qui aujourd’hui relaient bénévolement des messages de sensibilisation auprès de leur communauté.

« Nous nous asseyons ensemble pour discuter de la préservation de l’eau, des mesures d’hygiène, du lavage des mains… C’est important dans un camp car nous sommes dans un environnement propice à la propagation des maladies, alors nous devons nous protéger. » – Shadia, habitante du camp. Nos équipes interviennent également dans les centres UNICEF pour sensibiliser les enfants sur ces questions.

Malheureusement dans l’ensemble, le secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène, est confronté chaque année à des déficits de financement croissants, ce qui rend difficile le maintien de la fourniture minimale de services d’eau, d’assainissement et d’hygiène tant dans le camp que dans les communautés hôtes.