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Retour sur le Sommet Humanitaire Mondial

Action contre la Faim a participé au premier Sommet Humanitaire Mondial qui s’est tenu les 23 et 24 mai derniers à Istanbul, organisé par les Nations Unies. Près de 6000 intervenants – Etats, ONG, agences onusiennes, secteur privé – ont discuté des défis et du futur du système humanitaire.

Serge Breysse, Directeur département expertise et plaidoyer, livre ses impressions.


NOUS SOMMES REVENUS D’ISTANBUL COMME NOUS Y ÉTIONS ALLÉS : REMPLIS DE DOUTES MÉLANGéS D’ESPOIR.

Remplis de doutes sur ce premier sommet humanitaire mondial, face à l’énorme dispositif de sécurité, aux milliers de personnes conviées sous le soleil d’Istanbul. Le salon d’exposition au sous-sol, le pavillon à la gloire de l’humanitaire turque nous donnaient par moment l’impression d’assister à la première foire internationale de l’humanitaire, loin de ceux que l’on cherche à aider tous les jours sur nos missions.

Doutes aussi face à l’absence de trop nombreux leaders de ce monde en crise. Pour la France, Ségolène Royal s’est jointe en dernière minute pour accompagner le secrétaire d’Etat au développement, M. Vallini. Des dirigeants du G7, seule Angela Merkel était là.

Le président Irlandais Higgins aussi, intervenant pour rappeler l’engagement de l’Irlande contre la sous-nutrition et la malnutrition aigüe sévère, dans un discours magnifique qui lui valut une des rares « standing ovation » de ces 2 journées. La faim est l’échec des hommes politiques a-t-il dit, et la conséquence de l’incapacité de ce monde à vaincre les égoïsmes pour éradiquer la pauvreté et les inégalités. Car éradiquer la faim est possible.

Il y eut de multiples sessions, tables rondes, évènements parallèles, et au final une forme de dilution de la parole. Difficile de savoir ce qui va en ressortir. Comment toutes ces bonnes volontés empilées permettront d’améliorer la réponse humanitaire pour ceux qui en ont besoin, au Yémen,  en Syrie et plus largement au Moyen-Orient, en RCA, et dans tellement d’autres pays. Car c’est la seule raison de notre présence en tant qu’ONG de terrain : faire valoir le droit des populations à avoir accès à leurs besoins de base et permettre le travail des acteurs de l’aide dans les situations de crises et de conflits.

Nous avions à cœur dans le contexte actuel de faire passer notre message sur la protection des civils et des personnels humanitaires, maillon indispensable de la chaine qui maintient en vie les populations dans les situations d’urgence. Nous voulions parler droit international humanitaire, et mobiliser à nos côtés tous les Etats qui luttent dans ce sens, incluant la France qui s’y est engagée. Faire respecter les principes humanitaires qui guident notre action. Mais l’écho donné à ces questions, alors que des Etats bombardaient quelques jours auparavant des médecins et des malades, a été insuffisant.

Mais nous sommes aussi revenus rempli d’espoir car il faut regarder l’avenir et ce que sommet peut apporter. C’était le premier rendez-vous de ce genre. Les suivants seront mieux, toujours, grâce à celui-ci.

Espoir parce que nous avons croisé lors de ces journées des milliers de personnes habitées par le puissant moteur de l’attention à l’autre, humanitaires en quête d’humanité, réaffirmée, partagée entre les ONG du Nord et du Sud. Nous avons échangé avec eux, reçu des critiques, souvent justifiées, et nous allons avancer vers un humanitaire nouveau, mieux équilibré entre les acteurs qui font l’aide. C’est l’espoir de ce sommet : améliorer la complémentarité entre les acteurs, répondre avec ceux qui sont en permanence sur place, donc plus efficacement et de manière mieux adaptée aux contextes.

Il y a eu cette femme de Somalie qui demandait au nom des ONG du Sud plus de financements, plus de reconnaissance, plus de soutien et de confiance, avec les mots qu’il fallait.  Il y eut des centaines d’autres interventions dans ce sens, qui ouvrent la porte à un autre demain, à une approche moderne qui prend en compte les évolutions de ce monde, ses équilibres, et ses déséquilibres.

C’est comme cela, nous aussi, que nous voyons l’avenir, et c’est cette espérance qui nous accompagne désormais.

Nous sommes revenus d’Istanbul comme nous y étions allés.

Le sommet humanitaire mondial n’était qu’une étape bien sûr, une de plus sur le long et difficile chemin des travailleurs humanitaires.

Nous attendons désormais de voir ce que les Nations Unies feront de la multitude des propositions émises. Nous attendons un rapport qui reprenne les différents engagements, qui transforme la complexité en actions. Nous souhaitons la mise en place d’un cadre de redevabilité engageant les Etats dès septembre à la prochaine Assemblée générale des Nations Unies.

Et nous sommes revenus déterminés dans notre motivation à faire valoir le droit de chacun à la paix, le droit de chacun à l’aide et à l’assistance, le droit de chacun à la justice. Pour que dès le sommet fini, les populations affectées reviennent au centre de nos actions et de nos préoccupations.

Serge Breysse, Directeur département expertise et plaidoyer, Action contre la Faim.  


Crédit photo : World Humanitarian Summit (CC)

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