Le 17 février dernier, Ban Ki Moon a empressé les chefs d’Etat membres de la Convention cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CNUCC) de traduire leurs mots en actions, en commençant par signer l’Accord de Paris, négocié en décembre pendant la COP21.
L’Accord de Paris prendra la suite du Protocole de Kyoto, entré en vigueur en 2005 et dont le mandat a été étendu jusqu’en 2020. L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de limiter la hausse de la température moyenne mondiale à +2°C au-dessus de la température moyenne durant l’ère préindustrielle (soit avant 1880) et si possible même de rester en dessous de +1.5°C. Des températures plus élevées auraient des impacts très graves sur la population mondiale. On compte parmi les conséquences : épisodes de sécheresse, inondations, cyclones, augmentation du niveau de la mer entraînant insécurité alimentaire et nutritionnelle, propagation de maladies, pénurie d’eau, stress, pertes matérielles considérables conduisant à plus de pauvreté et d’importants déplacements de population.
Avoir un bel accord sous la main ne change pas la donne pour autant : les Etats doivent le signer, le ratifier, et le transformer en politiques publiques ambitieuses et financer les actions nécessaires pour les mettre en pratique. Ces politiques publiques doivent permettre la diminution des émissions de gaz à effet de serre qui sont responsables de l’augmentation des températures. Elles doivent également aider les populations à se préparer et s’adapter aux impacts du changement climatique déjà visibles dans de nombreux endroits.
Le Secrétaire Général des Nations Unies en appelle aux Etats à signer l’Accord de Paris au plus vite lors de la Cérémonie d’ouverture à la signature qui aura lieu le 22 avril prochain au siège des Nations Unies à New York.
« Cet accord nous donne de solides fondations pour la transformation de l’économie mondiale et une économie bas carbone et résiliente. Cela aidera à assurer un futur plus sûr, plus sain et plus prospère pour tous les peuples. Mais notre tâche n’est pas terminée. En réalité elle ne fait que commencer. En 2016, nous devons traduire les mots en actes. La cérémonie de signature du 22 avril est une étape essentielle. »[1]
La déclinaison rapide et effective de l’Accord de Paris dépendra donc de l’ambition des Etats. Celle-ci est d’ores-et-déjà remise en cause par les experts. En effet, les Contributions Déterminées au niveau National (CDN) soumises lors de la COP21 tracent encore une trajectoire vers 3°C. Pourtant il faut faire vite, car si les émissions annuelles semblent avoir stagné ces deux dernières années, nous sommes encore bien loin d’avoir inversé la tendance. On compte déjà ces trois derniers mois comme ayant gagné le record des mois les plus chauds de l’histoire connue avec +1.35°C en février[2]. Ils frôlent ainsi déjà le seuil de 1.5°C préconisé par les experts du GIEC et la société civile internationale[3].
Cette augmentation des températures est loin d’être sans effets sur les populations. Renforcé par le changement climatique, les phénomènes El Niño sont de plus en plus intenses, comme le montre le graphique ci-dessous. Un épisode El Niño est en cours depuis octobre 2014 et plonge déjà 100 millions de personnes dans l’insécurité alimentaire, mettant en danger la vie d’1 million d’enfants de moins de cinq ans (cf article Pourquoi El Niño aggrave la faim ?).
Global average temperature anomaly 1950-2015 relative to 1961-1990. Image: WMO
[1] http://www.unmultimedia.org/radio/english/2016/02/ban-calls-on-world-leaders-to-act-on-climate-change/ [2] https://www.theguardian.com/science/2016/mar/14/february-breaks-global-temperature-records-by-shocking-amount [3] http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/06/05/rechauffement-le-seuil-limite-des-2-c-est-trop-eleve_4647811_3244.html