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À l’arrivée, ces milliers de personnes ont été installées dans une réserve naturelle forestière, qu’il a fallu déboiser. Elles ont rejoint les quelque 200 000 personnes qui étaient déjà présentes, déplacées par les violences des années précédentes. Ces nouveaux arrivants n’ont pas le statut de réfugié et sont considérés par le gouvernement bangladais comme des ͞Forcibly Displaced Myanmar Nationals͟, des nationaux du Myanmar déplacés de force.
Sur place, ils vivent dans des abris de fortune. Si depuis un an, les accès aux services de base comme les latrines, l’eau, la nourriture, les soins médicaux se sont améliorés, les conditions restent épouvantables particulièrement durant la saison des pluies qui se déroule actuellement.
La topographie du Kutupalong Balukhali mega camp, le site principal où plus de 600 000 personnes sont réunies, est vallonnée. Couplée à la détérioration des sols et aux pluies incessantes, cela provoque des glissements de terrain et des inondations qui menacent les abris fragiles faits de bambou et de bâches plastiques. Plus de 200 000 personnes sont directement menacées par ces dangers.
Parallèlement, la promiscuité, la pauvreté, le manque d’accès aux ressources et les conditions sanitaires déplorables favorisent l’émergence de maladies comme la diarrhée, la dysenterie, les maladies respiratoires et la malnutrition. Près de 38 % des enfants souffrent de retard de croissance et 12 % sont atteints de malnutrition sévère1.
Plus de 18 500 enfants atteints de malnutrition sévère ont été traités. 19 000 femmes enceintes et allaitantes ont bénéficié d’accompagnement médical et de conseil pour prendre soin de leur santé et de celle de leurs enfants. Près de 350 000 personnes ont reçu du soutien mental et psychologique pour gérer leur stress et surmonter leurs traumatismes. 38 200 kits d’urgence pour construire des abris ont été distribués ainsi que 24 000 kits d’hygiène comportant des savons, de la lessive, des brosses à dents et des protections menstruelles. Plus de 230 points d’eau potable et un millier de latrines ont été installés. En plus des services individuels, nos équipes ont en charge la gestion de certaines parties du camp et ont réalisé près de 200 interventions pour consolider les installations et assurer la sécurité des personnes : construction d’escaliers et de ponts en bambou, renforcement de zones sujettes aux glissements de terrain, sensibilisation et réinstallation des familles menacées.
Le 6 juin dernier, le gouvernement du Myanmar signait un accord avec les Nations Unies stipulant que ces dernières étaient autorisées à venir inspecter le Rakhine pour travailler conjointement au processus de rapatriement. Près de deux mois après, les agences internationales n’ont toujours pas pu se rendre sur place. Côté Bangladesh, le gouvernement envisage de désengorger les camps en déplaçant 100 000 personnes sur une île qui est actuellement inondable.
« Nous avons entendu dire que le processus de rapatriement devrait commencer sous peu. Il faut que les organisations internationales aient accès à l’autre côté de la frontière. Le rapatriement doit se faire selon les standards internationaux, sur la base du volontariat et en toute sécurité. Mais pour nous, l’urgence est maintenant : les personnes continuent à souffrir, les camps sont délabrés et seulement 25 % de la réponse humanitaire globale ont été sécurisés.» conclut Mahadi Muhammad, le directeur local d’Action contre la Faim à Cox’s Bazar.
Quand on pose la question aux premiers concernés, la réponse est majoritairement la même: « Nous ne retournerons pas sans garanties de ne plus être persécutés. »
Bangladesh
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