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À la Une

Madagascar

Récit d’une intervention d’urgence

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Nuit du 22 au 23 février, le cyclone Haruna frappe Madagascar et en traverse le Sud-Ouest … contre toute attente. Cette partie de la Grande Île n’est en effet pas habituée à subir le passage de cyclones, contrairement à la côte Est.

Vue aérienne de la zone © MAF

Vue aérienne de la zone © MAF

Les rafales de vents ont atteint jusqu’à 200km/h et des pluies torrentielles se sont abattues pendant plusieurs jours sur la région. Ces deux éléments ont entraîné la hausse du niveau de la mer qui a envahi des centaines de kilomètres carré de territoire et la rupture de la digue qui protégeait une partie de la ville de Tuléar du fleuve Fiherenana (en images ici). Bilan : de très fortes inondations qui ont balayé sur leur passage maisons, cultures, puits, écoles, centres de santé… 26 personnes sont décédées, 16 sont toujours disparues, et des dizaines de milliers de personnes sont sinistrées dont environ 5000 se retrouvent aujourd’hui sans abri et réfugiées dans des sites de regroupement à Tuléar ville. Bref, une urgence humanitaire avec de forts risques sanitaires et alimentaires.

Panneaux solaires et matériel solaire Du côté d’ACF, dès que l’on a vu que le cyclone Haruna se rapprochait des côtes malgaches, tout le monde s’est mis sur le qui-vive : suivi heure après heure du tracé du cyclone, contrôle des stocks disponibles de matériel, contact et préparation des équipes… Dès le samedi 23 dans la capitale malgache, la 1ere réunion de coordination post-cyclone a eu lieu entre les ONG, les agences des Nations unies et les autorités pour partager les informations disponibles et se répartir les tâches. Karl Lellouche, hydraulicien d’ACF basé normalement à Paris mais en visite à Madagascar a immédiatement pris la route pour tenter de rejoindre les zones affectées par le cyclone, et l’équipe ACF de Betioky a commencé à récolter les informations sur les dégâts causés par Haruna. Après un premier point au siège d’ACF à Paris pendant le weekend, les équipes d’urgence d’ACF ont été déclenchées : en provenance d’Haiti, du Sénégal ou de Paris, chacun a abandonné ce qu’il était en train de faire pour rejoindre au plus vite le Sud-Ouest de Madagascar.

La première difficulté ? Rejoindre les zones affectées par le cyclone pour mener des évaluations précises des besoins des personnes sinistrées. Beaucoup de routes étaient coupées du fait des arbres tombés, des ponts détruits ou de l’eau atteignant jusqu’à 1,50m par endroit, le réseau téléphonique indisponible en de nombreux endroits, des villages complètement coupés du monde par les eaux. En urgence, la première difficulté est souvent logistique.

Deuxième difficulté ? Obtenir une information fiable et précise : le propre d’une situation d’urgence est la désorganisation. Ceci est d’autant plus vrai dans le Sud-Ouest de Madagascar, région qui n’est habituellement pas touchée par les cyclones. Que ce soit à l’échelle des autorités ou des populations affectées, savoir quels lieux pouvaient accueillir des sans-abri, quelle était précisément la population de tel village, combien de personnes avaient été touchées, dans quelle proportion… constituaient un véritable défi. Ces informations sont pourtant fondamentales pour définir au plus près les programmes et activités à mettre en œuvre pour venir en aide à la population de façon juste et appropriée.

MadagascarTrès vite les équipes ont conclu au besoin urgent en eau potable: les puits avaient été contaminés dans les villages et les personnes rassemblées dans les sites de regroupement spontanés avaient besoin d’eau pour boire, se laver… Le 27 février, un avion affrété par ACF a donc atterri à Tuléar avec, à son bord, 15 tonnes de matériel d’eau et d’assainissement et Filippo Busti, ingénieur hydraulique d’ACF. Dès le lendemain, les premiers réservoirs d’eau étaient installés dans les sites de déplacés avec un approvisionnement régulier grâce à la mise en place d’une station de traitement et de stockage de l’eau et des rotations de camions équipés de citernes pour remplir ces réservoirs à partir de la station. Aujourd’hui, 3 semaines après le cyclone, ce sont 90 m3 d’eau qui sont ainsi distribués chaque jour dans 5 camps accueillant des personnes déplacées.

Dans le même temps, les évaluations et les activités se sont mises en place pour répondre aux besoins dans les districts ruraux plus isolés et difficiles d’accès. Face au risque croissant d’épidémies de diarrhées et de paludisme dues aux eaux sales stagnantes, une vaste campagne de nettoyage et de chloration « choc » des puits s’est mise en place. 6 équipes avec un total de 60 employés sillonnent les villages pour nettoyer et chlorer tous les puits qu’ils trouvent. En 3 semaines, plus de 300 puits ont déjà été nettoyés… et cela continue. Cette activité s’accompagne d’une campagne de sensibilisation aux bonnes pratiques d’hygiène pour tenter de limiter la propagation des maladies liées à l’eau.

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Pendant ce temps-là, Mohamed Sylla, l’expert en sécurité alimentaire des équipes d’urgence d’ACF mettait au point un programme ciblé de soutien aux agriculteurs sinistrés de la zone. Ayant perdu à la fois leur maison et leur production agricole, plusieurs milliers de villageois situés dans le quartier ayant été largement inondé par la rupture de la digue dans le district de Tuléar étaient en fort risque de crise alimentaire. Après une évaluation précise des récoltes perdues et des habitudes de la zone, une distribution de 10 tonnes de semences de maïs, 10 tonnes de semences de pois du cap et 4 tonnes de semences de Niébé est en cours pour 1000 familles. A cela s’ajoute la distribution de maisons traditionnelles préfabriquées pour 1000 familles sans abri.

Pour cela, il a fallu trouver des fournisseurs, passer et suivre les commandes, fabriquer les cases, tester la fertilité des semences, préparer les sacs et l’acheminement : tout cela Mohamed l’a fait avec le soutien d’Alexis, le logisticien d’urgence. Alexis, lui aussi, court partout depuis 3 semaines : trouver des véhicules pour transporter les équipes dans toutes les zones, évaluer la sécurité, trouver des fournisseurs et acheter tout le matériel nécessaire au bon déroulement des programmes… En coordination avec Cédric, le responsable financier des équipes d’urgence, Charlotte, la coordinatrice du pool urgence, et Sophie, la chef de mission en capitale,  ils font partie de ce qu’on appelle les « équipes support » : dans l’ombre, ils font en sortent que les programmes puissent fonctionner entre la recherche de financements, les réflexions stratégiques pour savoir ce que l’on fera dans 2 mois pour la post-urgence, la coordination avec les autorités et les autres acteurs, la logistique, le recrutement des équipes, les achats, la comptabilité pour avoir une traçabilité totale des dépenses, la … Il y a toute une machine en place pour que tout roule !

Le but également des équipes d’urgence était de faire en sorte d’être en autonomie maximum pour que les programmes préexistants au cyclone puissent continuer sans encombre : un peu plus au sud dans le district de Betioky, un programme de développement pour prévenir la malnutrition et l’insécurité alimentaire de manière durable doit pouvoir continuer. Avec plus de 100 personnes à pied d’œuvre aujourd’hui pour mettre en place toutes ces activités, de l’urgence à l’accompagnement pérenne des populations vulnérables, on retrouve tout le mandat d’ACF dans le Sud-Ouest de Madagascar.

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