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Le G20 attend-il une nouvelle crise alimentaire pour agir ?

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Aujourd’hui la faim stagne au niveau mondial et progresse même dans certaines régions, particulièrement en Afrique Sub-saharienne. Chaque année, 3,5 millions de décès parmi les femmes et les enfants sont causés par la malnutrition. On estime qu’environ 100 millions de personnes supplémentaires sont devenues sous-alimentées suite aux hausses des prix alimentaires depuis 2008. C’est d’ailleurs depuis 2008, comme le montrent les chiffres publiés la semaine dernière par la FAO, que la faim a cessé de reculer au niveau mondial, alors que la tendance était en forte baisse depuis les années 1990.

 

 

 

En présence d’une quinzaine de ministres de l’agriculture , la réunion convoquée le 16 octobre par la France et la FAO à Rome doit faire le bilan de la mise en œuvre du plan d’action du G20 sur l’agriculture et la volatilité des prix adopté en novembre 2011. Il est certes positif qu’une telle réunion puisse se tenir alors que les tensions sur les marchés agricoles se font sentir depuis déjà juin dernier. Cependant, malgré la volonté politique de la France d’en faire une réunion importante, la réticence d’autres pays membres du G20 et de la FAO est forte. Ainsi, le format de la réunion est déjà décevant puisque tous les membres du G20 ne seront pas représentés au niveau ministériel. 

 

 

 

Sur le fond, le bilan du plan G20 est extrêmement faible par rapport à l’ambition politique affichée à l’époque. En effet, les outils créés il y a un an pour améliorer la transparence des marchés agricoles et favoriser la coordination des Etats face aux hausses des prix ne fonctionnent pas.

 

 

 

 

 

    • Le plan a notamment entériné la création d’un système d’information sur les marchés agricoles (AMIS) dont l’objectif est d’améliorer la transparence et l’information sur les marchés agricoles de quatre cultures majeures pour la sécurité alimentaire mondiale (blé, riz, maïs et soja). Le dispositif repose sur la capacité des acteurs à partager leurs informations mais certains pays refusent encore de partager leurs statistiques rendant l’outil caduque.

 

    • Concernant le Forum de Réaction Rapide, le constat d’échec est sans appel après plusieurs couacs de communication dès cet été entre la France, la FAO et les Etats-Unis qui président actuellement le dispositif : ce qui était présenté il y a à peine un an comme une solution au problème de la volatilité obtenu par consensus entre les pays du G20, apparait aujourd’hui faire plutôt partie du problème. Aucun consensus n’existe en fait sur les modalités de convocation du dispositif, certains Etats allant même jusqu’à considérer qu’il pourrait accroitre la volatilité en cas de tensions sur le marché…

 

    • Concernant les stocks, le G20 n’avait abordé la question que sous l’angle, limité, des réserves à vocation humanitaire en Afrique de l’Ouest. Le projet a avancé dans le cadre des discussions CEDEAO-UEMOA au niveau régional, incluant désormais à la fois les stocks stratégiques, à vocation régulatrice et les réserves humanitaires. L’UE est prête à mettre 38 millions d’euros dans le projet (qui est évalué à environ 150 millions d’euros sur 8 ans)

 

Enfin, d’autres questions pourtant déterminantes dans la hausse tendancielle et la volatilité des prix alimentaires et agricoles n’ont toujours pas été mises à l’agenda :

 

 

 

    • La question des agrocarburants, qui sont le véritable moteur de la hausse des prix alimentaires, au premier rang desquels le prix du maïs et du soja

 

    • La question du niveau des stocks au niveau mondial, qui peuvent constituer des tampons efficaces pour protéger les consommateurs de la hausse des prix, mais sont actuellement en baisse dans les principaux pays du G20 (Etats-Unis et Union européenne en tête)

 

    • La question de la spéculation sur les matières premières agricoles, notamment sur les marchés financiers de produits dérivés, qui accroit très fortement la volatilité. Les échanges sur les marchés financiers adossés aux matières premières agricoles ont en effet explosé depuis une décennie, la part des spéculateurs passant de 30% à 70% du marché

 

 

 

Alors que la vulnérabilité nutritionnelle de près d’1/8 de l’humanité a été rappelée il y a moins d’une semaine par la FAO, les pays membres du G20 semblent tout mettre en œuvre pour ne pas éviter une prochaine crise alimentaire majeure.

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