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À la Une
Le Bangladesh est depuis longtemps frappé par des cyclones, des sécheresses, des raz-de-marée et des inondations. Chaque catastrophe laisse des traces profondes sur les populations, sur leurs moyens de subsistance ou sur les paysages.
Une hausse rapide des températures constitue une menace réelle pour le Bangladesh, qui compte plus de 170 millions d’habitants. Chaque année, le pays fait la une des journaux lorsque des cyclones meurtriers dévastent les communautés côtières le long du golfe du Bengale. Pourtant, au-delà des destructions immédiates, les conséquences à long terme de ces catastrophes sur la santé publique, la survie économique et la résilience des communautés restent largement ignorées.
Le Bangladesh a toujours connu des phénomènes météorologiques intenses comme les cyclones, mais leur intensité et leur configuration ont radicalement changé. Des études montrent que la fréquence et l’intensité de ces évènements extrêmes sont sans équivoque liées au changement climatique.
La zone côtière proche du golfe du Bengale est l’une des plus touchées au Bangladesh, où les cyclones gagnent en intensité. Les tempêtes tropicales peuvent être tout aussi dévastatrices, tandis que les raz-de-marée peuvent atteindre jusqu’à neuf mètres de haut. Chaque jour, les communautés locales font face à cette menace latente et risquent leur santé.
Moon Khaleda Hossain, experte d’Action contre la Faim basée dans la région côtière de Satkhira, travaille sans relâche pour sensibiliser la population aux risques sanitaires liés aux effets du changement climatique. « À Satkhira, les températures estivales sont beaucoup plus élevées que dans d’autres régions, entraînant coups de chaleur et déshydratation. En raison de la mauvaise qualité de l’air, les gens souffrent de maladies respiratoires ou pulmonaires telles que la pneumonie et l’asthme« . Les zones côtières de Satkhira étaient autrefois riches en rizières, mais les cyclones et les tempêtes répétées ont mélangé l’eau salée à l’eau douce, rendant la culture du riz impossible. N’ayant pas d’autre choix, les agriculteurs ont abandonné la culture du riz et se sont tournés vers la pisciculture pour survivre : « En raison de la forte salinité du sol, la production agricole est très faible et les personnes à faible revenu ne peuvent pas se permettre d’acheter de la nourriture. Beaucoup souffrent donc de malnutrition, en particulier les enfants en bas âge« , explique Moon.
Aujourd’hui, la pisciculture est essentiellement gérée par des femmes, car les hommes travaillent comme journaliers et sont souvent absents pendant des mois. Anima ne fait pas exception à la règle : elle passe quatre à cinq heures par jour dans l’eau salée à s’occuper des poissons : « Je passe la plupart de mon temps dans l’eau salée, à m’occuper du vivier à poissons. Un jour, mes plaies et mes démangeaisons se sont aggravées à cause du sel. J’ai alors attrapé la dysenterie, qui n’a pas disparu – je suis tombée malade encore et encore. Les démangeaisons étaient si fortes que je ne pouvais en parler à personne. J’ai donc marché toute seule jusqu’à la clinique« . Heureusement, Anima a reçu à temps le traitement nécessaire à la clinique et a guéri rapidement. Dans ces régions, les femmes souffrent souvent de maladies de peau et de problèmes gynécologiques dus à une exposition prolongée à l’eau très salée.
La clinique communautaire est gérée par le gouvernement du Bangladesh et les consultations et les médicaments y sont gratuits. « À plus grande échelle, nous visons à améliorer la surveillance sanitaire dans les communautés locales et à garantir un meilleur accès aux services de santé, en particulier dans les zones reculées« , explique Mme Moon, qui constate par expérience que les catastrophes naturelles exacerbent les problèmes de santé.
Action contre la Faim est l’une des ONG qui travaillent à Sunamganj, une région où la malnutrition infantile est très répandue. « Les dernières données montrent qu’environ 70 % des enfants souffrent de malnutrition dans cette région« , explique Mainul Islam, responsable de programme pour Action contre la Faim à Sylhet. « Les gens sont très pauvres et ne peuvent donc pas acheter de viande, de lait, d’œufs, d’aliments nutritifs ou de légumes au marché. La zone reste généralement inondée pendant six à sept mois« . Ces facteurs créent un cercle vicieux de difficultés qui poussent les gens à recourir à des mécanismes d’adaptation néfastes, tels que la consommation d’eau provenant de ressources insalubres, une mauvaise alimentation et l’absence de soins de santé appropriés.
En collaboration avec des organisations partenaires, nos équipes distribuent des paniers alimentaires aux familles les plus vulnérables et les plus démunies dont les enfants et les femmes enceintes souffrant de malnutrition. Les jeunes enfants peuvent souffrir de malnutrition pendant longtemps car de nombreux parents ne sont pas conscients des symptômes et de leur gravité. C’est là que le rôle des bénévoles devient vital. Taslima travaille avec Action contre la Faim dans l’Upazila de Dowarabazar. Entre autres, elle s’occupe d’identifier les enfants malades et les transférer à la clinique pour leur prise en charge. « Nous visitons chaque circonscription et chaque quartier, en nous assurant que nous atteignons chaque foyer. Bien qu’il puisse y avoir des choses qui dépassent nos capacités, nous nous efforçons de dépister enfant. Une fois à la clinique, nous mesurons correctement les enfants, en vérifiant leur poids et leur taille, et nous proposons un traitement approprié ».
Le manque d’eau potable et l’accès insuffisant aux soins médicaux rendent la situation très difficile pour les communautés locales. Moon souligne que « Satkhira est confrontée à un niveau élevé de salinité de l’eau et des nappes phréatiques, ce qui entraîne une pénurie d’eau potable« . Par conséquent, certaines personnes doivent parcourir deux à trois kilomètres pour aller chercher de l’eau dans un étang d’eau douce ou un puits tubulaire, tandis que d’autres dépendent de l’eau de pluie qu’elles recueillent pendant la saison des pluies. L’eau collectée ne fournit généralement que deux ou trois mois de réserve au maximum. Après cela, les familles dépendent uniquement de l’eau de l’étang. « Le problème avec l’eau des étangs est que même après l’avoir purifiée pendant la nuit avec de l’alun, elle n’est pas complètement propre et les gens tombent malades, souffrant de diarrhée, de choléra, de typhoïde et de dysenterie« , insiste Moon.
Le fait de vivre dans une zone sujette aux risques de catastrophes a également des répercussions sur la santé mentale. Les survivants peuvent développer de multiples troubles psychosociaux, tels que le stress post-traumatique ou l’anxiété. « Le cyclone Amphan a entrainé beaucoup de souffrance à notre famille. Notre grand-père s’inquiétait pour la maison et il est retourné la voir. Il est mort après avoir été emporté par une marée haute« , se souvient Tanzila, qui a survécu au cyclone désastreux en 2020. Les besoins en matière de santé mentale sont largement sous-estimés dans le contexte des risques climatiques, alors que les événements traumatisants vécus par de nombreuses familles sont profondément ancrés dans leur mémoire.
Sylhet, région éloignée des zones côtières de Satkhira, est également sujette aux catastrophes. Malgré un centre urbain économiquement dynamique, les zones rurales souffrent d’inondations persistantes, de pauvreté et d’une insécurité alimentaire qui dépasse le seuil d’urgence. En 2024, près de 75 % du district de Sylhet a été inondé, plus de la moitié des cultures et des rizières étant submergées par les eaux.
Pour certains parents, le chemin vers la guérison est long en raison de difficultés financières et d’un accès limité à la nourriture. Souffrant elle-même de malnutrition, Suma n’a pas pu allaiter sa petite fille, qui a maintenant deux ans. Cette situation plonge de nombreux parents dans un profond désarroi. Cependant, petit à petit, des solutions sont mises en place, telles que des séances de démonstration de cuisine collective. Ces ateliers rassemblent les mères d’enfants souffrant de malnutrition aiguë modérée et les aident à améliorer et à stabiliser le rétablissement de leur enfant. Les volontaires et les mères modèles jouent un rôle clé dans la sensibilisation en partageant des informations vitales sur la malnutrition, ses causes et les risques qu’elle représente pour les enfants et les adultes.
Perdre sa maison, ses moyens de subsistance et ses terres cultivables à la suite d’inondations ou de catastrophes climatiques est une expérience profondément traumatisante. Nombreux sont ceux qui n’ont d’autre choix que de tout abandonner et de déménager. Des données récentes révèlent que rien qu’en 2022, plus de 7,1 millions de Bangladais ont été déplacés en raison du changement climatique. Et ceux qui restent doivent lutter contre l’endettement, compte tenu de la rareté des activités économiques et de la pauvreté généralisée.
« Le programme de sécurité alimentaire² que nous avons lancé à Satkhira tend à créer une solution alternative pour les communautés qui restent dans ces zones exposées aux catastrophes« , explique Sumon Homaun Kabir, responsable du programme Action contre la Faim, qui supervise les projets de sécurité alimentaire et de moyens de subsistance. « Il est très difficile de produire des légumes en raison de la salinité de l’eau et du sol. Nous fournissons des connaissances techniques pour réduire la salinité des sols et améliorer leur fertilité grâce à des pratiques agro-écologiques telles que l’utilisation d’engrais organiques, le paillage et la rotation des cultures pour les jardins potagers individuels« . Tous les ménages du village de Simul Baria participent à ce projet et les résultats sont déjà visibles. Ils utilisent de nombreuses techniques, telles que des bouteilles pour retenir l’eau, des structures verticales surélevées pour protéger les semences de la salinité, et le paillage pour préserver le sol de l’évaporation de l’eau. « Nous n’utilisons pas de produits chimiques. Nous utilisons plutôt des engrais organiques pour préserver la qualité du sol et stimuler la production« , insiste Sumon, qui estime que les meilleurs résultats sont obtenus lorsque les pratiques traditionnelles s’allient à une approche scientifique.
Pour Rekha, qui a rejoint la formation en mai de l’année dernière, les résultats ont été inattendus. On peut trouver une grande variété de légumes autour de sa maison, où chaque mètre carré est utilisé pour la culture. « Je veux cultiver plus de légumes pour augmenter mes revenus. Dans cet espace, j’ai déjà planté des semis de piments, de brinjal, de tomates et d’épinards. Je ne laisse aucun espace vide« , sourit Rekha, qui a des projets ambitieux et forme désormais d’autres femmes du village.
À quelques kilomètres de là, des femmes se réunissent pour une séance de groupe dans le village de Hazrakali. Cette communauté est souvent frappée par des cyclones et accueille des habitants déplacés du village voisin de Mariali, qui a été complètement emporté par les eaux en 2020. « Après le passage du cyclone Amphan, nous avons tous été dispersés après la rupture de la digue et l’arrivée de l’eau« , se souvient Tanzila, membre du comité. « Nous avons été privés de nourriture, de médicaments et d’abris, sans aucun revenu pour subvenir à nos besoins, et tout l’argent que nous avions a servi à payer nos dettes”.
Dans le cadre du programme STEP³, les femmes discutent d’un ensemble concret de mesures à adopter en cas de catastrophes climatiques. Le concept est simple : plus les mesures sont prises tôt, plus les pertes et les dommages peuvent être évités. « Aujourd’hui, nous savons comment renforcer le toit, protéger la maison et se mettre à l’abri. L’argent, les téléphones portables et les documents essentiels sont conservés en lieu sûr« , explique Tanzila, qui a été témoin de nombreux cyclones désastreux au cours des 20 dernières années.
Mais au-delà des mesures matérielles, sauver la vie des gens est la priorité. Les équipes d’Action contre la Faim travaillent avec les communautés pour les sensibiliser à la nécessité de se rendre dans des abris en cas de catastrophe majeure. D’autre part, le projet propose des mesures importantes pour préserver tous les biens matériels, tels que les maisons, les potagers, les piscicultures et le bétail. Pour minimiser les pertes, deux congélateurs fabriqués localement et d’une capacité de 500 kg sont accessibles au sein de la communauté pour conserver le poisson récolté précocement. En outre, les structures appelées « hapa », faites de bambou et de filets de pêche, sont déployées pour conserver les poissons, où ils restent en sécurité et en vie. Les communautés sont encouragées à stocker des kits d’hygiène, des aliments secs et des médicaments essentiels. Ces articles sont transportés vers les abris anticycloniques lors des évacuations.
« Par exemple, ils peuvent vendre du poisson qui est commercialisable et stocker dans un endroit sûr en cas de raz-de-marée. Ils peuvent également évacuer leur bétail en toute sécurité et lui fournir du fourrage pour qu’il puisse survivre pendant l’urgence« , explique Sumon Homaun Kabir, qui observe l’impact réel du programme sur la sensibilisation et la préparation des populations en cas de catastrophe.
Depuis mai 2024, le Bangladesh a été gravement touché par quatre catastrophes climatiques dévastatrices, dont le cyclone Remal, des inondations soudaines dans la région du Haor, des inondations fluviales dans le bassin de la Jamuna et des inondations sans précédent dans les régions orientales. Ces événements ont eu un impact catastrophique, affectant 18,4 millions de personnes et causant des dommages importants aux moyens de subsistance et aux infrastructures.
¹ CARE : Community-Based Approach To Adaptation and Resilience To the Health Impacts of Climate Change (approche communautaire de l’adaptation et de la résilience aux effets du changement climatique sur la santé), financé par Sanofi
² Approche sensible à la nutrition pour renforcer la capacité des ménages et des communautés à s’adapter et à vivre de manière résiliente afin de lutter contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, financée par la Fondation Soneva
³ STEP : Renforcement des actions précoces basées sur la prévision dans la région côtière du Bangladesh exposée aux cyclones, financé par ECHO.
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