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À la Une
Prévenus de la présence d’une équipe de l’ONG, des voisins arrivent les uns après les autres. Un bébé passe de bras en bras, on se sourit en regardant cette mine souriante pleine d’insouciance. Les hommes parlent travail et montrent leurs mains, des sillons rompus au labeur, à la terre, des mains qui n’ont jamais chômé tant qu’elles étaient en Syrie. Aujourd’hui, ces mains se serrent l’une contre l’autre, caressent la tête d’un enfant qui passe, se saisissent d’une tasse de café ou d’une cigarette mais oublient peu à peu ce qui a fait leur force. A Taanayel, comme dans la ville voisine de Zahle, il n’est pas aisé pour un réfugié syrien de trouver du travail. Nous somme au mois de novembre, la période des récoltes touche à sa fin et avec elle la majorité des opportunités d’embauche. Les mains se calfeutrent au fond des poches, ou s’approchent d’un feu qui dégage une fumée noire et toxique de plastique. Le combustible provient de la décharge voisine et remplace le bois pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’en procurer.
Tout en regardant ses mains, Abu Talal parle de l’aide humanitaire qui n’a cessé de réduire. Les autres voix reprennent en cœur, les doigts se tordent et se perdent en calcul : « rien reçu depuis 2014 », « pas d’argent, pas de nourriture, c’est ça notre vie ici », « j’ai des enfants en bas âge, si je travaille je les nourris, sinon je vais à la décharge » : les mots fusent, les têtes opinent. Dans le brouhaha naissant, un groupe d’enfants a fait son apparition. Les visages sont sales, les vêtements déchirés dans certains cas, ils écoutent sans rien dire leurs parents décrire une situation qu’ils ne connaissent que trop bien. Dans leurs mains, le butin de la matinée : un trésor de plastique et de métal, fruit de plusieurs heures passées au milieu des déchets. « Ici tout le monde doit travailler, on ne peut pas s’en sortir autrement », lâche Abu Talal ; alors les plus jeunes, déjà privés d’école depuis de long mois se retrouvent à faire les poubelles. Dès cinq heure du matin, les enfants, dont le plus jeune n’a guère plus de 3 ans, partent à la décharge voisine et récupèrent tout ce qui peut se monnayer. L’horaire matinal est choisi pour leur permettre d’éviter les autorités locales qui pourraient les chasser et les priver de leur précieuse collecte.
Les enfants disparaissent comme ils sont arrivés et une certaine agitation se crée dans le campement : le ferrailleur vient d’arriver. Les gamins s’alignent, sacs à la main. L’homme passe de l’un à l’autre, choisit les matériaux qui l’intéressent, et paie quelques centimes pour le fruit de leurs efforts. Voilà ce que les enfants syriens apprennent désormais dans certaines zones de la Bekaa ? Comment survivre ? Comment gagner un peu d’argent pour manger le jour-même ? A l’heure où l’on ne parle que de terrorisme, de frappes aériennes et de migrants aux portes de l’Europe, il serait bon de se souvenir que plus de 4 millions d’enfants, de femmes et d’hommes ont quitté leur pays, poussés par la guerre, et vivent dans des conditions dramatiques à quelques milliers de kilomètres de l’Europe.
* Le terme « shawish » désigne la personne en charge de certaines responsabilités qui peuvent aller de la récolte des loyers à la gestion des problèmes internes
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