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À la Une
Le dernier rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), dont Action contre la Faim (ACF) est partie prenante, fait état d’une augmentation alarmante de l’insécurité alimentaire dans les zones contrôlées par le gouvernement du Yémen basé à Aden. Due à des facteurs multiples, cette situation requiert la mise en œuvre d’actions urgentes, l’augmentation des financements humanitaires et la cessation des hostilités dans la région.
Selon le rapport IPC, 609 808 enfants souffriront de malnutrition aiguë, dont 118 570 de malnutrition aiguë sévère, d’ici à octobre 2024, une augmentation de 34% depuis novembre 2023. En outre, la malnutrition aigüe atteindra environ 222 918 femmes enceintes et allaitantes, compromettant la croissance et la santé de leurs enfants¹. Des perspectives sombres pour le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, piégé dans un conflit qui s’enlise depuis une décennie.
Au cours de la période de soudure, de juillet à octobre 2024, mois où l’activité agricole est minimale, les 117 districts contrôlés par le gouvernement du Yémen devraient tous atteindre la phase 3 de l’IPC (grave) ou un niveau supérieur. Quatre districts – Mawza et Al Makha dans le gouvernorat de Taiz et Hays et Al Khawkhah dans le gouvernorat d’Hodeidah – seront classés en phase 5 (extrêmement critique), soit le niveau le plus sévère de la classification IPC. La situation pourrait être encore plus grave dans les zones contrôlées par le gouvernement basé à Sanaa.
Cette nette détérioration de la sécurité alimentaire est due à plusieurs facteurs, notamment aux chocs climatiques, au manque d’opportunités génératrices de revenus, à une dégradation de la situation économique entraînant l’inflation de la monnaie locale et la flambée des prix des denrées alimentaires, à l’accès limité aux soins, au manque d’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène, à des taux de morbidité élevés et à la persistance des épidémies de rougeole et de choléra, une maladie étroitement liée à la malnutrition². En outre, des milliers de pêcheurs de la côte ouest auraient été privés de leurs moyens de subsistance du fait de la recrudescence des hostilités en mer Rouge.
Plus de 18 millions de personnes, soit la moitié de la population, ont besoin d’une aide humanitaire pour survivre et 17 millions de personnes se trouvent en situation d’insécurité alimentaire au Yémen. Pour Daniel Nyabera, Directeur d’Action contre la Faim, les conclusions du rapport IPC doivent être suivis d’actions urgentes pour éviter le pire. « Les taux de malnutrition sur la côte ouest du Yémen sont pires qu’ils ne l’étaient avant la cessation des hostilités transfrontalières et des conflits territoriaux qui ont secoué le Yémen entre 2015 et 2021. Une réponse multisectorielle durable est donc nécessaire pour prévenir une augmentation de la morbidité et de la mortalité potentielle, en particulier chez les enfants de moins de 5 ans » explique-t-il.
Au Yémen, Action contre la Faim soutient la réhabilitation des infrastructures sanitaires et d’accès à l’eau potable et à l’hygiène, fournit un appui psychologique et psychosocial aux personnes affectées par la violence et les abus, appuie des centres de santé dans les zones les plus touchées par la malnutrition et œuvre à renforcer la capacité des ménages pour qu’ils puissent générer des revenus et accéder à la nourriture sur les marchés.
A Al Khawkah, la prévalence de la malnutrition aigüe dépasse 30% selon le rapport IPC et la population, en grande partie déplacée interne, dépend de l’aide humanitaire pour survivre. D’avril à juillet 2024, 1696 personnes avaient été traitées pour des cas de malnutrition aigüe modérée à sévère dans les 4 centres de santé appuyés par ACF, contre 1037 personnes sur la période d’avril à juillet 2023. Dans ce district situé au sud du gouvernorat d’Hodeidah, ACF a pris la tête d’un groupe de travail afin de s’attaquer aux causes de la malnutrition. Mais de nombreux défis persistent.
« Le nombre de cliniques mobiles a significativement réduit par manque de financement et se rendre dans les centres de santé représente pour beaucoup de familles un coût qu’elles ne sont pas en mesure d’assumer », rapporte une employée d’Action contre la Faim au Yémen. « Dans ce contexte, ACF a décidé de prendre en charge les frais de transport. C’est une manière pour nous de garantir la prise pour que les enfants malnutris soient pris en charge dans les centres de santé. L’identification et la prise en charge des cas de malnutrition est rendue très difficile du fait du manque de sensibilisation communautaire. Augmenter le nombre de volontaires formés au sein de la communauté est donc essentiel pour prévenir, identifier et traiter les cas de malnutrition aigüe. »
Comme d’autres organisations humanitaires, Action contre la Faim opère dans un contexte d’insécurité et se trouve confrontée à de nombreux obstacles bureaucratiques pour acheminer l’aide, en particulier dans le nord-ouest du pays, où les besoins demeurent très importants.
Malgré des besoins humanitaires croissants, la capacité d’intervention des organisations humanitaires est limitée par la baisse des financements. Les humanitaires réclamaient 4,3 milliards de dollars en 2023 mais seulement 40% des demandes de financement avaient été satisfaites. Du fait du manque de financements, le Programme alimentaire mondial (PAM) a interrompu son programme général d’assistance au mois de janvier dans les zones contrôlées par le gouvernement basé à Sanaa et n’a réalisé que 2 distributions sur les 4 prévues, avec seulement 40% du panier alimentaire standard fourni, dans les zones contrôlées par le gouvernement du Yémen.
Par ailleurs, la recrudescence des hostilités en mer Rouge et sur le territoire yéménite suite à la guerre menée par Israël dans les territoires palestiniens occupés constitue un obstacle majeur pour la stabilité du pays et l’accès aux moyens de subsistance de la population.
[1] L’allaitement maternel exclusif pendant six mois protège contre les infections gastro-intestinales et d’autres maladies d’origine hydrique, et l’allaitement maternel précoce, dans l’heure qui suit, protège les nouveau-nés contre les infections.
[2] Au 1er mai 2024, 22 690 cas de choléra ont été signalés dans 20 gouvernorats du Yémen. La maladie, qui provoque une diarrhée aqueuse aiguë et une déshydratation sévère, est étroitement liée à la malnutrition. En effet, les enfants mal nourris sont plus sensibles au choléra, et le choléra peut aggraver leur état nutritionnel, entraînant une détérioration supplémentaire de leur santé et potentiellement la mort s’ils ne sont pas traités.
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